L’exilé de novembre, un poème de Pierre Emmanuel, de l’Académie française

"Qui donc est revenu jamais ?" lecture par Robert Werner, correspondant de l’Académie des beaux-arts
Robert WERNER
Avec Robert WERNER
Correspondant

Canal Académie vous propose de découvrir ou de redécouvrir le poème L’exilé de novembre, de Pierre Emmanuel. Le poète français, élu en 1968 à l’Académie française, offre ici un magnifique poème d’amour, où perce une douce mélancolie. Écoutez Robert Werner en donner lecture.

Le poème dont vous allez suivre la lecture est extrait de Tristesse ô ma patrie, écrit en 1946, dernier volet des œuvres de la Résistance de Pierre Emmanuel. Le poème L’exilé de novembre, dans lequel le poète adresse un dernier adieu à sa bienaimée, témoigne du ton qui paraît dominer tout le recueil : la mort et l’amour semble parfois se fondre, mais c'est toujours la première qui l'emporte.


Poète et journaliste de talent, Noël Mathieu, plus connu sous le pseudonyme Pierre Emmanuel, est venu à la poésie par la lecture de La Jeune Parque de Valéry.
Familier des romantiques allemands (dont Hölderlin) et d’auteurs anglais comme Hardy ou Hopkins, on doit à ce poète « d’inspiration chrétienne » de nombreuses œuvres poétiques remarquables : Élégies, Tombeau d'Orphée, Le Poète fou, Mémento des vivants, Qui est cet homme, Babel, La Colombe, Le Poète et son Christ ou encore Le Grand Œuvre.


Grand Résistant, cette expérience le marqua profondément et influença toute son œuvre littéraire avec Jours de Colère, Combats avec tes Défenseurs, La Liberté guide nos pas.
Chef des services anglais puis américains de Radiodiffusion-télévision française, grand journaliste, et engagé à plus d'un titre dans la vie culturelle de son temps, ses travaux inspirèrent nombre de politiques publiques françaises d'intervention culturelle.

Pierre Emmanuel fut élu à l'Académie française, le 25 avril 1968, succédant au maréchal Juin. Il se déclara démissionnaire en 1975 au moment de l'élection de Félicien Marceau. En 1985, Jean Hamburger lui succéda.

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La lecture de ce poème est assurée par Robert Werner, correspondant de l’Académie des beaux-arts, rédacteur en chef de la revue Sites et Monuments et vice-président de la Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France.

Pierre Emmanuel (1916-1984)



Tristesse ô ma patrie



L'exilé de novembre


Je pars. tes lents cheveux sanglotent sur mon âme,

et déjà tu me perds dans l'ombre, ô bien-aimée !

Qui donc est revenu jamais ? Un soir d'automne

une feuille tombée sur la vasque, ce cri

d'un pas sur le gravier des heures ! mais l'allée

s'éloigne, et le passant se hâte vers l'hiver.

Un piano désert joue longtemps dans la brume,

il pleut. J'enfonce mes épaules, je rabats

mon chapeau sur ces yeux où s'éteint un novembre

transi de larmes, ton visage


Glisse, loin

glisse vers les retour éternel où se fondent

les départs sans espoir de retour, les adieux

jetés dans le brouillard suprême des années

et qui trente ans après sonnent toujours, là-bas.



Pierre Emmanuel (1916-1984)



En savoir plus :

- Consultez la fiche de Pierre Emmanuel sur le site de l'Académie française.



- Retrouvez les articles de Robert Werner : Sites et Monuments la revue qui défend le patrimoine monumental et paysager et L’Hôtel de la Marine : une proie de prestige ainsi que sa biographie sur le site de l'Académie des beaux-arts.

- Parcourez le site de la Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique en France qui publie la revue Sites et Monuments, dont Robert Werner est le rédacteur en chef.





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