EDITORIAL
Chers amis, chers auditeurs,
« Les microbes n’avaient pas bonne presse en cette première moitié du XXe siècle qui avait vu la science microbiologique naissante se polariser à juste titre sur les microbes pathogènes en développant les méthodes de culture et de diagnostic, en inventant les vaccins et les antibiotiques, et en découvrant la complexité des mécanismes immunitaires de la protection anti-infectieuse. » Ainsi Philippe Sansonetti, membre de l’Académie des sciences, évoque-t-il dans sa leçon de clôture au Collège de France le monde des premiers disciples de Pasteur, leurs luttes et leurs victoires. Et c’est bien de cela qu’il s’agit car le rapport entre l’homme et les microbes s’apparentait pour eux à une véritable guerre, inlassablement menée contre d’inlassables assaillants. Nous-mêmes ne considérons-nous pas encore souvent la médecine comme une bataille ? Cependant, les progrès de la microbiologie, une discipline au dynamisme remarquable, nous invitent à changer de regard. Sans négliger la réalité des microbes pathogènes, nous devons adopter une représentation plus globale du vivant et privilégier la notion d’écosystème qui permet d’appréhender des interactions multiples. Certains microbes peuvent être des alliés, comme le montre le processus de symbiose. D’autres sont tolérés jusqu’au point de rupture. Il importe de préserver un équilibre d’ensemble. Cette approche nouvelle ouvre un champ immense pour repenser nos pratiques médicales, vétérinaires et environnementales.
Bonne écoute !
Xavier DARCOS
Chancelier de l’Institut de France
Pendant douze ans, Philippe Sansonetti a occupé la chaire Microbiologie et maladies infectieuses au Collège de France. Lors de sa leçon de clôture, prononcée le 22 janvier 2020, il a rendu un vibrant hommage aux microbes. Le texte de cet enseignement vient d’être publié sous le titre : « Tu aimeras tes microbes comme toi-même ». Philippe Sansonetti y partage ses convictions intimes, tirées de sa pratique médicale et de ses travaux de chercheur à l’Institut Pasteur. Non, le monde microbien ne se réduit pas aux agents pathogènes. Il mérite d’être préservé pour le bien de notre santé et de notre environnement.
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