Villa-Lobos, un mélange de musique savante et populaire

Avec Danièle Pistone, correspondant de l’Académie des beaux-arts et Manoel Corrêa Do Lago, directeur de l’édition critique du Guia Pratico de Villa-Lobos
Avec Heitor VILLA-LOBOS
Correspondant

Heitor Villa-Lobos (1887-1959) était correspondant de l’Académie des beaux-arts. Il a laissé à la culture brésilienne une œuvre musicale d’une fécondité étonnante ; découvrez la richesse de son œuvre grâce au colloque international organisé à l’université de Paris-Sorbonne, par l’Observation Musical Français, dirigé par Danièle Pistone, également correspondant de cette Académie.

Partez à la découverte d'un compositeur amoureux du Brésil et des expériences musicales qui fut correspondant de l'Académie des beaux-arts (élu le 5 mai 1948)

À l’âge de 16 ans, alors que sa mère lui interdit de prendre des cours de piano, Villa-Lobos apprend en cachette la guitare et se produit dans des « choros », de petits groupes de musiques populaires. En 1907, il étudia à l’Institut national de musique de Rio de Janeiro, mais son amour de la nature le conduit loin des salles de classes. Le jeune compositeur a besoin d’espace pour abreuver son inspiration. Ainsi, il visitera les contrées les plus reculées de son pays, le Brésil. Son talent dépassa rapidement les frontières et ses qualités de chef d’orchestre furent saluées à travers toute l’Europe notamment par la voix d’Arthur Rubinstein ou encore de Florent Schmitt.

Villa-Lobos, entouré d’instruments qu’il affectionnait tout particulièrement
© Musée Villa-Lobos

À l’occasion d’un colloque international, organisé à l'université de Paris-Sorbonne, les 14 et 15 décembre 2009, par l’Observatoire Musical Français et l’Ambassade du Brésil en France, plusieurs spécialistes de Villa-Lobos ont exploré les différentes facettes du compositeur. Danièle Pistone, professeur à l’université Paris-Sorbonne où elle dirige l’Observatoire Musical Français et correspondant à l’Académie des beaux-arts depuis 2004, s’est penchée sur le goût de liberté que cultivait le créateur. Une liberté qui passe autant par la forme de ses œuvres musicales que par la multitude d’instruments utilisés par l’artiste. Tambours, sifflets, pianos peuplent aussi bien ses « choros » emprunts de virtuosité que des rythmes brésiliens populaires. Vous pourrez vous en rendre compte vous-même avec l'extrait proposé par Danièle Pistone du premier concert de Villa-Lobos à Paris, en 1924. Mais une autre facette du musicien l’entraîne vers des compositions plus sages, plus conventionnelles. Danièle Pistone raconte au cours de cette conférence comment l’amoureux des mélanges et des expériences sonores a pourtant intégré en 1948 l’Institut de France, en tant que correspondant étranger à l’Académie des beaux-arts à Paris. Durant toute sa vie, Villa-Lobos a donc réussi à concilier cette soif de liberté avec des compositions plus académiques. En revenant sur les différentes périodes de sa carrière, Danièle Pistone nous livre une nouvelle approche de ce génie, jetant un nouvel éclairage sur le millier de compositions personnelles que l’on doit à Villa-Lobos.

Enfin, dans une seconde partie, Manoel Corrêa Do Lago, auteur d’une thèse sur le modernisme musical à Rio de Janeiro avant la semaine d’Art Moderne de 1922, revient sur les sources du Guia Pratico. Ce recueil de partitions pour piano, rédigé par Villa-Lobos entre 1932 et 1936, a cette particularité d’entretenir un dialogue entre musique savante et musique populaire. Directement influencée par le folklore brésilien, cette œuvre embrasse également différentes sources, des chants rituels brésiliens en passant par les rythmes africains. Manoel Corrêa Do Lago, analyse cette mosaïque mélodieuse d’une richesse incroyable en la replaçant dans l’âge d’or musical brésilien des années 1920 à 1930 ; âge d’or dont Villa-Lobos fut l’un des principaux architectes.

Extrait d’une lettre envoyé par Heitor Villa-Lobos au secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, le 17 juillet 1948
© Archives de l’Institut de France

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