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Dans Les mots des religions :
Saint Jacques (I
Les Actes des Apôtres évoquent la persécution ordonnée par le roi Hérode contre certains membres de l’Eglise : « Il fit périr par le glaive, Jacques, le frère de Jean » (Ac 12,2). A la suite des Evangiles, de nombreux récits complètent la vie de saint Jean. Ces épisodes sont rappelés dans la Légende dorée. Après l’ascension du Christ, Jacques part en Espagne. Il convertit les peuples. Il opère d’innombrables miracles auprès des pèlerins.
Le culte de Saint-Jacques connaît un immense succès au Moyen Age et le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, un immense développement à partir du XII
Lorsqu’en 1121, saint Jacques de Compostelle devient un archevêché, le pape Calixte II suscite un ensemble d’écrits chargés de promouvoir la diffusion du pèlerinage. Ces écrits réunis dans un manuscrit connu sous le nom de Codex Calixtinus. Le dernier livre incorporé au codex, attribué au moine Poitvein Aimery Picaud, indique sommairement en particulier quatre routes en France partant de Tours, Vézelay, le Puy et Arles et fusionnent pour trois d’entre elles à Ostabat, dans les Pyrénées atlantiques, pour former le « camino francès ».
Les recherches historiques menées depuis les années 80 montrent que ce livre n’est pas l’ancêtre d’un guide du pèlerin ou d’un guide bleu, mais une invitation au couronnement du roi Alphonse VII qui rêve d’être l’égal de Charlemagne et de créer un Empire qui irait de l’Aquitaine jusqu’à Compostelle – d’où cette géographie des routes. Il s’agit en effet d’inciter la chevalerie à venir soutenir l’Espagne dans sa lutte contre les Infidèles, et aider le jeune roi Alphonse VII (1105-1157) à sauver son trône face aux prétentions de l’Aragon en pleine Reconquista espagnole. Une chronique diffusée sous le nom de Pseudo-Turpin, fait de Charlemagne le premier pèlerin européen et le premier guerrier à avoir apporté son aide, manière de soutenir le projet politique du jeune roi.
Comme le montrent les miniatures, les pèlerins se rendent nombreux à Saint-Jacques et sont souvent comparés aux foules des élus de l’Apocalypse se dirigeant vers la Jérusalem céleste. La recherche scientifique a permis de comprendre que de nombreuses appellations locales « rues Saint-Jacques, Jakobstrasse, via San Giacomo » n’ont pas toutes mené à Compostelle. Elles montrent par contre combien était importante la dévotion à saint Jacques dans l’ensemble de l’Europe (rituels, fêtes, confréries, hôpitaux etc…).
Au XX
Texte de Sylvie Barnay, Maître de conférences à l’Université de Metz, chargée de cours à l’Institut catholique de Paris
en savoir plus :
Denise Péricard-Méa, Compostelle et cultes de saint Jacques au Moyen Age, Paris, PUF, 2000.
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