L’aide médicale urgente : évolution et perspectives

par Alain Larcan de l’Académie Nationale de Médecine
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Porter les premiers secours d’urgence à un blessé ou à un malade sur le lieu même de l’accident ou du malaise afin de le transporter dans un endroit plus adapté aux soins est aujourd’hui la mission des Services d’Aide Médicale d’Urgence, bien connus sous le sigle SAMU. Comment ont-ils été créés ? Comment évaluer cette notion "d’Aide Médicale Urgente" aujourd’hui, pour mieux satisfaire à la fois, les besoins des populations et l’objectif d’une politique de santé maîtrisée en termes financiers, administratifs, juridiques et organisationnels ? Alain Larcan, initiateur de ces dispositifs devenus familiers pour chacun d’entre nous, répond.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : es248
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Lors de sa communication devant l'Académie des sciences morales et politiques, le 2 juillet 2007, Alain Larcan rappelle, dans un premier temps, l'histoire de l'aide apportée aux blessés sur les champs de bataille, aux victimes de noyades et d'asphyxie au XVIII et XIXe siècles. L'organisation des secours civils s'est développée, à partir de 1924, dans le cadre des régiments de sapeurs-pompiers. Dans les années 1950-70, l'échelon pré-hospitalier est enfin pris en compte.

En 2007, 107 SAMU et 384 SMUR, Service Mobile d'Urgence et de Réanimation, sont répartis sur l'ensemble du territoire français en rapport avec le maillage des hôpitaux. Pour Alain Larcan, le concept d'«aide médicale urgente» n'est pas suffisamment défini malgré l'existence de nombreux textes juridiques, conventions et circulaires. La globalité de la chaîne des secours est complexe et son analyse fait apparaître 2 systèmes, 2 conceptions : celle axée sur le SAMU-centre 15, les SMUR, la participation des généralistes et des ambulanciers privés, l'autre fondée sur le maillage des sapeurs-pompiers. Alain Larcan préconise une meilleure organisation générale des secours à coût maîtrisé.

Il juge les moyens de l'Aide médicale Urgente robustes et fiables. Cependant, il convient, pour lui, d'augmenter le nombre de personnes formés aux gestes de premiers secours, de mieux coordonner les secours sectorisés, le maillage des hélicoptères civils et militaires, mieux intégrer les médecins généralistes dans l'Aide Médicale urgente et d'éviter les problèmes de saturation des «centres 15» d'appel téléphonique. A l'encombrement des urgences à l'hôpital s'ajoute maintenant des difficultés d'orientation en aval vers les services spécialisés au sein de l'hôpital. La durée d'attente reste le problème majeur.

Pour Alain Larcan, «il faut une généralisation de l'esprit de la médecine d'urgence à l'ensemble des praticiens, généralistes, spécialistes, médecins hospitaliers et libéraux, plutôt que de privilégier une voie trop étroite d'urgentistes du privé ou du public».

Alain Larcan

Pour en savoir plus

- Alain Larcan, membre et ancien président de l'Académie Nationale de Médecine, a été chef de service d'urgence et de réanimation du centre hospitalier universitaire de Nancy. Il fut directeur du SAMU-région Lorraine. Il est surtout le fondateur, en France, du SMUR : Service Mobile d'Urgence et de Réanimation, créé en 1962. Il fut également l'organisateur de l'enseignement de cette aide médicale d'urgence et de celui de la médecine des catastrophes.
- Retrouvez l'intégralité du texte de la communication d'Alain Larcan, le 2 juillet 2007, devant les membres de l'Académie des sciences morales et politiques.

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