Lucien Clergue évoque ses amis Jean Cocteau et Pablo Picasso

Le regard du photographe de l’Académie des Beaux-Arts sur l’écrivain de l’Académie française
Avec Anne Jouffroy
journaliste

Lucien Clergue évoque son travail et son amitié avec Cocteau et Picasso, deux artistes emblématiques du XXe siècle qui ont su reconnaître son jeune talent et l’ont parrainé au début de sa carrière. L’Académie des Beaux-Arts a créé, en 2006, une section consacrée à la photographie. Lucien Clergue en est le premier titulaire.

Émission proposée par : Anne Jouffroy
Référence : foc550
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_ Lucien Clergue se confie :

- «C’est Picasso qui m’a présenté - moi et mes photos - à Jean Cocteau.» «J’ai eu la chance, moi qui travaillais à l’usine, d’être remarqué et soutenu par un « carré d’As » : Picasso, Eluard, Segers et Cocteau. Dans Corps Mémorable édité par Segers, mes photos de nus illustraient les poèmes d’Eluard, Picasso en avait dessiné la couverture et Cocteau rédigé un poème liminaire.»

Orphée, Jean Cocteau, © D.R Lucien Clergue

- «En 1959, Jean Cocteau m’a proposé d’être un des photographes du tournage du film « Le Testament d’Orphée ».» «Là, dans les carrières des Baux de Provence où nous tournions, notre équipe a vécu au sein de la poésie et de la bonne humeur grâce à l’inspiration et à l’extrême gentillesse de Cocteau. Il avait un respect infini pour chacun d’entre nous.»

- «Les gitans avaient bien compris le personnage et… abusaient un peu de sa générosité !»

- «Dominguin et sa femme, l’actrice Lucia Bosé, Picasso et Jacqueline Picasso ont tourné une scène, par amitié pour Cocteau. L’ambiance était extraordinaire.»

- «Plus tard, Cocteau s’est inspiré de mes photographies pour réaliser les fresques de la chapelle Saint Pierre à Villefranche sur Mer.
Nous avons publié de nombreux livres ensemble, nous y évoquions la « Poésie des Photographies ».
Il m’avait aussi confié les décors de son futur ballet « Le Fils de l’Air » mais il est mort, en 1963, trop tôt pour que le projet n’aboutisse.
»

Jean Cocteau transpercé par la lancée de Minerve, 1959, © D.R Lucien Clergue

- «Notre correspondance s’est étirée de 1955 à 1963, elle a marqué les étapes de notre amitié. Il écrivait des petits mots, même des télégrammes parfois : « Ne te disperse-pas », « ne mets pas tous tes œufs dans le même panier », « n’oublie pas que le destin tricote loin de nous ! ». Cela ressemblait aux messages codés pendant la guerre, du genre : « le taureau est toujours dans l’arène ! »»

- «Sa dernière lettre date du 29 juin 1963, peu avant sa mort à Marne-La-Coquette chez Jean Marais : « Merci, mon cher Lucien, tes belles images tombent sur mon lit de malade et valent mieux que les remèdes ! ». Il faut dire que je lui envoyais tous les jours une petite lettre et une photo, car je le savais très malade. Et malheureux aussi. Son égérie, Madame Weisweiller, l’avait prié de quitter sa maison de Saint Jean Cap Ferrat ; il en était très peiné.»

- «Sa disparition me toucha infiniment. Sa paternelle affection - comme celle de Picasso - m’avait accompagné sans jamais défaillir et il m’a montré le chemin à la fois de la poésie sublimée par la photographie et celui de… l’Académie !»

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