Marguerite Yourcenar ? « J’ai eu la chance de la lire très tôt ! »

par Françoise Chandernagor, de l’Académie Goncourt
Marguerite YOURCENAR
Avec Marguerite YOURCENAR de l’Académie française,

Françoise Chandernagor raconte le choc de sa jeunesse lorsqu’elle lut pour la première fois Les mémoires d’Hadrien et comment, par le plus grand des hasards, elle fut définitivement conquise par l’écriture de Marguerite Yourcenar, de l’Académie française, laquelle l’inspira dans son propre parcours littéraire.

«J'ai eu la chance de la lire très tôt !»

C'est par hasard que Françoise Chandernagor lit pour la première fois l'un des nombreux livres de Marguerite Yourcenar. Et grand est son ravissement ! Elle a douze ans, treize peut-être. «Un de mes parents m'avait prêté la première édition du livre de poche des «Mémoires d'Hadrien». Nous n'avions pas de bibliothèque à la maison et dès que je le pouvais, je parcourais les pages des livres qui tombaient entre mes mains. Celui-ci me plut intensément. Je crois que c'était déjà par son aspect «roman dans l'histoire».» Comme beaucoup de jeunes personnes, ne doit-elle pas d'abord lire des livres comme Les trois mousquetaires de Dumas ? Il n'en est rien.

Un style à adopter

L'exigence de la documentation dont fait preuve Les mémoires d'Hadrien, l'imprégnation du monde gréco-latin, l'histoire dans le roman, inspirent Françoise Chandernagor pour son premier livre L'Allée du Roi. À partir d'une documentation considérable et en recourant aux nombreux écrits, souvent inédits, de Mme de Maintenon, Françoise Chandernagor restitue le vrai visage de ce témoin intelligent et sensible.

Même fonctionnement, même idée de la littérature, cela se confirme avec le temps et les lectures des livres de Marguerite Yourcenar. «L'oeuvre au noir me marqua au plus haut point».

- «Nous avons décidément un trait commun : les textes dans l'histoire nous touchent. Nous aimons à la fois le roman et l'histoire. Et aussi Racine... notamment pour les notes expliquant les libertés prises dans les romans.»



Deuxième baccalauréat de la famille, François Chandernagor nous raconte dans la seconde partie de l'émission comment elle a forgé et formé sa culture littéraire. «Je lisais des morceaux choisis puis je me procurais en bibliothèque le texte entier. Cela me laissait la possibilité de choisir et d'aiguiser mes goûts.»

La liberté de lire et d'écrire

Lire les livres de ses propres choix, c'est comme écrire à sa manière. L'écriture doit rester fidèle à l'identité et à la personnalité de son auteur. Cela est gage d'honnêteté littéraire et ne doit être soumis à aucun reproche. Certes, Marguerite Yourcenar n'était pas d'une grande fantaisie. Elle ne s'abandonnait guère. Et pourtant : «elle écrit magnifiquement. Comme artiste je dirais qu'elle relevait plutôt du sculpteur que du musicien.»

Pour être un grand homme de lettres doit-on adopter les mots de son époque ? «Chaque génération ricane un peu des mots de celle d'avant... Un style peut-être légèrement archaïque et ne pas se démoder. Le côté hors-la-loi et irrégulier de Marguerite Yourcenar a contribué à sa postérité.»


«Les grands livres sont la réflexion du silence et de la nuit.» Empruntant ces mots à Proust, Françoise Chandernagor nous dit qu' il n'est d'oeuvre littéraire sans sacrifice de la vie mondaine...



Cela peut vous intéresser