Les J.O. de Pékin vus par les historiens

Numéro de juillet-août de La revue des Deux Mondes
Avec Laëtitia de Witt
journaliste

En cet été olympique, la Revue des Deux Mondes nous offre un autre regard sur la Chine. Retrouvons son rédacteur en chef, Michel Crépu, venu nous présenter le numéro de juillet-août.

Émission proposée par : Laëtitia de Witt
Référence : pag481
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L'éditorial de Michel Crépu

Les amateurs de football se souviendront longtemps de cette pathétique déroute française, en ce curieux mois de juin si pluvieux, si triste au fond et qui ne prêtait certes pas aux plans sur la comète. L’important de ce championnat, à l’heure où nous écrivons ces lignes, c’est l’apparition au firmament de la Turquie. Quel talent ! Quelle bonne fortune ! Les amateurs d’Europe auront là de quoi méditer, si jamais ils avaient manqué d’un os à ronger. Les pauvres.

Heureusement pour eux, l’Irlande ne sait pas jouer au football. On aura noté au passage la désinvolture dont elle a fait preuve vis-à-vis de l’Union européenne après en avoir largement profité. On peut dire que cette nation si catholique pour une part d’entre elle ne pratique pas la culpabilité dans le domaine de la politique. Cela étant, on ne pourra que constater, une fois de plus, à quel point les défenseurs de l’Union se sont montrés de piteux ténors de leur propre cause. Méritent-ils l’Union pour être si incapables de faire souffler le minimum requis d’esprit – on ne demande pas la lune, on demande juste un peu d’étincelle. Au lieu de cela, sentiment d’un discrédit, arrangements à la bricole, par les voies impénétrables de la technique parlementaire : qui pourrait parler du mini-traité de Lisbonne ? Chacun l’a salué comme un joli exploit, personne ne songe sérieusement à l’inscrire comme un moment glorieux dans l’histoire du Vieux Continent. Il fallait qu’il existe, il vaut mieux l’oublier – du reste, il s’efface de lui-même, sans demander son reste. À moins que l’on ne force les récalcitrants jusqu’à ce qu’ils votent correctement ? Tout cela, on le voit bien, est misérable, de petite hauteur, sans élan, sans passion. Et il y a fort à parier que nous allons entrer à nouveau (mais en étions-nous seulement sortis ?) dans une longue période de patience molle, où les meilleures bonnes volontés vont aller s’émoussant, disparaître à leur tour de l’horizon.
C’est au point qu’on en vient presque à oublier la Chine et les Jeux désormais tout proches. Bonne raison de prendre un peu de recul à la lecture des deux textes passionnants sur la Chine ancienne que publient ici Rémi Mathieu et Romain Graziani. À côté, les scènes de rues au passage de la flamme ont l’air, déjà, de dater d’un vieux souvenir, tout le monde a oublié le Tibet et l’on ne sait même plus si les victimes birmanes du cyclone ont de quoi de manger depuis le temps. Et celles du Sichuan, dont nous parle Dorian Malovic ? Elles ont dû se débrouiller, sans doute, mais comment savoir ? Le départ de PPDA a frappé de stupeur les populations. Un tsunami médiatique est annoncé sur nos côtes. Vite, aux abris.

Et bon été…


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