Carmontelle : Le cinéma au siècle des Lumières

L’expert en divertissements se passionnait pour les spectacles optiques !
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Le portraitiste et écrivain de théâtre, grand ordonnateur de fêtes, Carmontelle, invente le déroulement d’images en continu destiné à être montré comme un spectacle. Frustré de ne pas pouvoir diriger ses acteurs dans de grands espaces et de les faire évoluer d’un endroit à l’autre, il s’affranchit de la règle de l’unité de lieu et crée un nouveau type de spectacle à la veille de la Révolution française. Avec ses peintures sur transparents, Carmontelle est un précurseur du film cinématographique.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : pag301
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Transparent de Carmontelle (quatre coins)



Au siècle des Lumières, le théâtre est un haut lieu de sociabilité. Expert du divertissement et en accord avec le goût de l'époque, Carmontelle se passionne pour les spectacles optiques. La Camera obscura de Descartes s'est transformée en lanterne magique. Carmontelle, excellent dessinateur, a l'idée de peindre des transparents qu'il actionne par une manivelle donnant à voir au spectateur, à travers l'encadrement d'une boîte, un spectacle d'un nouveau genre où les images défilent. Il est question de promenade d'un lieu à l'autre, de chroniques de la vie princière dans des résidences à la campagne : le spectateur se sent invité au voyage. La surprise et le succès sont au rendez-vous. Carmontelle ajoute des effets spéciaux sonores, il a le souci du réalisme. Galets et coquillages, par exemple, évoquent le bruit des vagues. Les plans dessinés défilent, avancent telle une caméra en action.


Laurence Chatel de Brancion

Laurence Chatel de Brancion qui a déjà signé un livre sur Carmontelle, au jardin des illusions, aux Editions Monelle Hayot, est intarisable sur ce topographe, lecteur du duc de Chartres, futur Philippe Égalité. Il fut surtout critique d'art et auteur de proverbes. Il a portraituré la haute société de son temps par la plume et le dessin. Vivant au Palais-Royal, il est un témoin des dernières années de l'Ancien Régime et de l'époque révolutionnaire. On connait de lui plus de 600 portraits.


Transparent de Carmontelle (grottes)

A l'aide de la machine qu'il a lui-même inventée, il fait défiler des paysages devant des invités et raconte des histoires qu'il improvise et dont les acteurs sont parfois choisis parmi l'assistance. Il conçut, dans un autre registre, une série de transparents sur les saisons où il souhaita inscrire, à sa manière, le vécu quotidien des Français à la fin du XVIIIe siècle. Ce «documentaire» est le plus long des transparents retrouvés -42 mètres de long, mesurant 50 centimètres de hauteur- entré dans les collections du Musée de Sceaux en 1982. Il sera exposé à l'automne 2007 au musée même.


Que reste-t-il de ces transparents ? Laurence Chatel de Brancion a recherché ces transparents dans les fonds et les collections privées pour en écrire l'histoire. Elle nous explique leur procédé de fabrication et le talent de Carmontelle, maître en illusions.

Transparent de Carmontelle (moissons)




Pour en savoir plus


- Laurence Chatel de Brancion, Docteur en histoire, est présidente du comité Franklin. Parmi ses publications récentes : Cambacéres, maître d'œuvre de Napoléon Perrin, 2002; Le sacre de Napoléon ou le rêve de changer le monde, Perrin, 2004; Carmontelle au jardin des illusions, Éditions Monelle Hayot, 2003; Benjamin Franklin : à la recherche d'un monde meilleur, Economica, 2007.

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