L’islam dans le Pakistan d’aujourd’hui

Une communication de Michel Boivin à l’Académie des sciences morales et politiques

Michel Boivin, chargé de recherche au CNRS, a fait une communication intitulée « l’Islam dans le Pakistan d’aujourd’hui » devant les membres de l’Académie des sciences morales et politiques réunis en séance le 24 septembre 2012. Le Pakistan est-il un Etat musulman ou un Etat pour les Musulmans, sachant la grande diversité de l’islam en ce pays ?


Lors de son évocation de la genèse du Pakistan, l’orateur a indiqué qu’il fallait voir dans les spoliations des élites musulmanes par le colonisateur britannique la source du nationalisme musulman qui se manifesta à la fin du XIXe siècle. Néanmoins, tous les musulmans indiens ne se rallièrent pas aussitôt à l’idée d’une nation musulmane. Le parti du Congrès eut du reste un président musulman.

Michel Boivin s’est ensuite employé à souligner une différence fondamentale entre l’État indien et l’État pakistanais depuis la partition de 1947 : démocratie continue d’un côté, alternance d’épisodes de démocratie et de dictature de l’autre. Pour en déterminer la cause, il a insisté sur le fait que les premiers dirigeants du Pakistan, au moment de sa création n’avaient nullement à l’esprit qu’ils pourraient créer un État islamique. Sans compétence religieuse quelconque, ces responsables politiques se sont tournés vers des Ulémas pour savoir si le nouvel État devait être un État musulman ou un État pour les musulmans. Mais en raison de la grande diversité de l’islam et des courants de pensée, aucune réponse claire n’a pu être obtenue, ce qui s’est reflété dans la Constitution, dont la première version promulguée en 1956 a été suivie de deux autres, la dernière datant de 1973.




L’absence de monolithisme de l’islam au Pakistan est illustré par la simple démographie : les sunnites représenteraient 70% de la population musulmane du Pakistan. Les chiites, répartis entre duodécimains et ismaéliens, représenteraient 20%, tout en jouant un rôle économique majeur, sans commune mesure avec leur importance démographique. Les 10% restant seraient constitués de courants de l’islam spécifiques au Pakistan. Michel Boivin a également évoqué la présence de quelques millions de chrétiens et d’hindous, dont l’importance démographique est sans doute minimisée dans les statistiques officielles.


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