Louis VI, Le Gros

Gros buveur, gros mangeur mais un règne décisif, avec Eric Bournazel
Avec Christophe Dickès
journaliste

Dans une biographie remarquable parue chez Fayard, le médiéviste Eric Bournazel réalise un portrait tout en nuance du premier Louis de la branche capétienne, Louis VI dit le Gros. L’ouvrage, divisé en deux grandes parties, présente dans un premier temps la chronologie du règne, tandis que la seconde partie s’attarde sur l’histoire des institutions de l’époque. Sous ce double éclairage, historique et juridique, Bournazel offre aux lecteurs une véritable réflexion sur la réalité du pouvoir royal aux temps médiévaux.

Émission proposée par : Christophe Dickès
Référence : hist332
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Nous sommes en 1103, à la charnière du XIe et du XIIesiècle. Cette année est une année particulière pour le prince Louis, fils de Philippe Ier roi de France. En effet, son père va désormais l’associer au pouvoir : cela ne signifie nullement que Philippe Ie renonce à ce pouvoir, mais que le jeune promis va bénéficier d’une autonomie -et l’autonomie n’est pas l’indépendance- dans la part d’action royale qui lui est réservée. Louis, futur Louis VI le gros est désigné roi : « Rex designatus » ou encore « Dei gratia rex designatus », « roi désigné par la grâce de Dieu ». Le temps du sacre n’est pas encore venu, il n’interviendra que quelques années plus tard, en 1108.

Louis VI Le gros (1081 - 1137)

Quelle image gardons nous de ce roi dont nous n’avons aucune représentation, sinon celle d’un sceau qui n’était qu’une expression de la majesté royale ? « Le gros » est bien évidemment une désignation peu flatteuse, nous renvoyant à une « piètre figure » : un homme, dit l’historiographie, certes courageux mais pas très malin, en une époque considérée comme un temps obscur sinon obscurantiste… Dans le dictionnaire encyclopédique Mourre, on peut lire que Louis VI était « gros buveur » et « gros mangeur », mais c’est pour immédiatement ajouter que son règne constitua une « étape décisive dans l’affermissement de la monarchie capétienne ». Ue roi qui a su « se prémunir lui-même et se révéler apte à surmonter ses propres insuffisances ou défaillances dans l'accomplissement de sa mission dynastique. Là réside en effet ce qu'il est convenu d'appeler le « miracle capétien » et le secret de la longévité des rois de la troisième race. » Qui fut donc Louis VI, dit Le Gros, c’est ce que l’émission « Un Jour dans l’Histoire » vous propose de découvrir avec l’historien Eric Bournazel.


Eric Bournazel


Présentation de l'éditeur.
« Dans la galerie de portraits du Moyen Âge en France, celui de Louis VI, au tournant des XIe et XIIe siècles (1108-
1137), fait au premier abord piètre figure. Un gros roi, courageux mais pas très malin, des temps obscurs, un pouvoir déchu qui survit entre Paris et Orléans en livrant des luttes mesquines, des coups de mains contre des forts de madriers sur leur motte, des embuscades au coin des bois. C’est pourtant ce roi-là qui pour longtemps fixa l’image à laquelle les uns tentèrent de ressembler et les autres de croire.
Car Louis, sixième du nom mais premier dans sa lignée capétienne,
ce gros Louis qui mourut dans un lit, semi-impotent, n’était pas seulement un mangeur, c’était un aventurier. Et les aventures de sa jeunesse avaient été les combats par lesquels commença le lent enforcement du pouvoir royal en France, un mouvement inverse de celui qu’allait connaître l’Angleterre. Dans la génération qui suivit sa mort, on mesurait le chemin parcouru, témoin un Anglais, accoutumé à la puissante royauté de son pays, qui disait du défunt : « Dans sa jeunesse, il ne pouvait aller plus loin que la troisième lieue hors des portes de Paris sans permission ou escorte des grands d’alentour … Le Seigneur le tira du sommeil, il lui donna le désir de se battre et la grâce de gagner souvent, couronnant ses efforts par l’établissement de l’unité et de la paix à travers toute la France. »

L'auteur.
Agrégé d'histoire du droit, professeur à l'université de Paris II-Panthéon-Assas, Eric Bournazel est spécialiste de l'histoire médiévale. Il est l'auteur avec Jean-Pierre Poly, de l'ouvrage incontournable La Mutation féodale, paru aux PUF, dont la dernière édition date de 2004.

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