Billet d’Asie : Le Japon, modèle d’influence

par Françoise Thibaut, correspondant de l’Institut
Avec Françoise THIBAUT
Correspondant

Le Japon, archipel de taille modeste dans l’Asie de l’Est, est cependant la seconde puissance mondiale. Ce pays au niveau de vie très élevé, répand ses us et coutumes au reste du monde. C’est dans un billet en provenance du Japon que Françoise Thibaut, correspondante de l’Institut, explique ce rayonnement japonais.

Émission proposée par : Françoise THIBAUT
Référence : chr793
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Ayant échoué il y a plus de 60 ans dans la conquête militaire de l’Asie du Sud-Est et de la Chine, les Japonais ont décidé de conquérir le monde par l’influence, l’esprit, les mœurs. Ce qu’il y a de bien dans la mentalité extrême orientale, c’est que le temps n’a aucune valeur ; la rapidité est un non-sens. Personne n’est pressé. Sauf les occidentaux ; alors, on fait semblant d’être comme eux, pour mieux les envahir… Alors, on avance à petits pas, dans de jolies socquettes blanches.

L’influence japonaise est forte, subtile, toute en discrétion, mais très présente. Bien sur, dans une ville comme Singapour ou Hong Kong, elle commence par la banque, la finance, la monnaie et le trafic maritime. Ce n’est pas pour rien que Sumitomo est le plus gros groupe bancaire mondial. Le transit des containeurs japonais représente un tiers des mouvements du port de Singapour, un quart de celui de Hong Kong. Les pirates du détroit de Malacca ne s’en prennent qu’aux cargo en provenance du Japon : avec deux ou trois containeurs de machines électroniques ou d’engins télévisuels, ils ont de quoi vivre six mois.

Pirates sur le détroit de Malacca
© France 2

Mais il y a beaucoup plus quotidien, doux, jouissif et pacifique : les voitures d’abord. Plus de 80% des véhicules en circulation sont de marque japonaise ; les européennes connaissent un inexorable recul ; seules survivent Audi et BMW ; Toyota et sa marque haut de gamme Lexus sont reines : des rues entières sont tapissées de ces prestigieuses 4 roues en stationnement : Honda, Mitsubishi, Nissan, Mazda, Suzuki, complètent l’arsenal, un peu concurrencé, depuis peu, il est vrai, par des enseignes coréennes et chinoises.

Il est inutile de gloser longuement sur les outils télévisuels, informatiques, téléphoniques, radiophoniques, photographiques : Sony, Canon et autres dominent un marché en renouvellement constant ; il en est de même pour les appareils ménagers.

Mais il y a mieux : la vaisselle, les outils de cuisine, de bains et toilettes, (casseroles, couteaux, verres et couverts, brosses et balais) sont le plus souvent japonais, aux lignes épurées, aux tons reposants, dans des matériaux nouveaux, incassables, indéformables, inusables, ou en bois et matières naturelles… Efficaces et jolis, peu dispendieux, les femmes se les arrachent.

La couture : il n’y a pas que les grands faiseurs, beaucoup de créations, de marques modestes, inondent les grands et petits magasins ; souvent dépouillée et pratique, dans des matières nouvelles, la couture japonaise, très créative, jeune, avant-gardiste, connaît une vogue exponentielle, aidée par des prix avenants et un renouvellement constant.

La culture : le plus grand marchand de livres du monde est japonais : Kinokuniya, avec ses halls géants à Singapour, Kuala Lumpur, Hong Kong offre des kilomètres de livres dans toutes les langues usuelles : à Singapour, principalement en anglo-américain, chinois, tamoul, malais, japonais, hindi et aussi dans diverses langues européennes, ajoutant à cela les mangas, les partitions de musique, la papeterie, la carterie, les CD et DVD…on peut rester des heures dans de tels endroits, et en ressortir enchanté, les bras chargés de trésors intellectuels de tous poils…

Immeuble de kinokuniya
© japanmarketingnews.com

La nourriture enfin : l’Asie mange de plus en plus « japonais » : outre de nombreux supermarchés japonais, réductrice de la cuisine chinoise, la cuisine japonaise offre ses « bars » rapides de soupes, nouilles et sushis-sashimis, des restaurants peu chers et variés, toujours succulents, où le chef « chante » votre repas, chante lorsqu’il est prêt, et chante enfin votre addition ! Et aussi des lieux délectables, plus proches du salon que du restaurant où bercé par le glapissant shamisen, on se laisse aller à goûter des mets que l’on n’avait jamais osé imaginer, avec une recherche de présentation qui trouble l‘esprit et aiguise les papilles… D’ailleurs cette esthétique culinaire a déjà envahi nos assiettes françaises… Ajoutons à cela l’excellente bière nippone…

Plat japonnais fait de sushi, sashimi et maki

Donc, voiture, culture, couture, nourriture… Les 4 mamelles de la consommation quotidienne de masse alimentent réalités et désirs… Quand serons-nous mangés à notre tour par le joli dragon nippon ?

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