Une formation par satellite pour les enseignants d’Haïti

Un projet initié par l’Académie des sciences et le CNES. Détails avec Jacques Blamont, de l’Académie des sciences

Jacques Blamont, membre de l’Académie des sciences, est connu pour avoir développé les premiers satellites français. Il a mis ses connaissances à contribution pour développer en lien avec le CNES, l’université numérique francophone mondiale, les IUFM et l’Académie des sciences, un système de formation par satellite pour des professeurs des écoles haïtiens après le violent séisme de 2010. Le projet prend son envol pour la rentrée 2011. Explications en compagnie de notre invité.

Le 12 janvier 2010, un tremblement de terre de magnitude 7,0 sur l’échelle de Richter frappait l’Ouest d’Haïti et notamment sa capitale : Port-au-Prince.
Bilan : plus de 220 000 morts, 300 000 blessés et 1 million de sans-abri.
Trois semaines plus tard, un effort mondial permettait de recueillir plus d’un milliard de dollars dans un fonds d’aide international.
Aujourd’hui, le pays se reconstruit tant bien que mal, le chanteur populaire Michel Martelly a été élu président de la République d’Haïti en avril 2011. Dans son programme électoral il évoque longuement le développement du système éducatif avec l’accès gratuit à l’enseignement fondamental, la modernisation et le rééquipement des écoles et lycées suite au séisme, la supervision et l’inspection des programmes scolaires et universitaires.

Autant de points qu’approuvent Jacques Blamont, instigateur des premiers satellites et membre de l’Académie des sciences. Notre invité met en effet en place avec l’Académie des sciences, le CNES, les IUFM et Eutelsat, un système de formation des professeurs haïtiens par satellite.

Dans un pays où 85% des écoles de la capitale ont été détruites, l’objectif n’est « pas de résoudre le problème de l’accès à l’école (le pays manque de manière chronique d’écoles et d’enseignants), mais d’apporter une aide » précise Jacques Blamont.
L’idée consiste à offrir aux professeurs des écoles des formations fondamentales et continues par satellite. « Nous avons équipé pour l’instant une EFACAP ( École Fondamentale d'Application - Centre d'Appui Pédagogique) en mai 2011. Nous émettons des modules depuis Paris et le centre de formation des professeurs reçoit le tout sur place. Nous prévoyons d’équiper cinq EFACAP d’ici le mois d’octobre 2011 ».
Les contenus portent sur les sciences, les mathématiques, l’informatique mais aussi le français, la santé, l’éducation civique et l’éducation administrative.
Pourquoi transmettre par satellite ? « Parce qu’Internet est aléatoire. Il ne fonctionne pas assez bien dans les grandes villes et pour ainsi dire pas du tout quand on s’en éloigne. La société Eutelsat nous fournit la bande passante gratuitement ».
Cette opération a vu le jour grâce à l’association du CNES dont Jacques Blamont a été le directeur pendant de nombreuses années, l’Académie des sciences, l’université numérique francophone et les IUFM. Toutes les parties sont bénévoles. Mais il reste des dépenses inhérentes au projet prises en charge par la mission interministérielle d’aide à Haïti. « Nous nous donnons deux ans pour apporter toutes les améliorations nécessaires à notre fonctionnement, avant de passer le flambeau au grand fonds international géré par les nations unies ».

À terme, Jacques Blamont espère pouvoir équiper toutes les EFACAP du pays (une centaine) et pourquoi pas envisager des modules destinés directement aux écoliers haïtiens ?

Jacques Blamont est professeur émérite à l’université Paris-VI, membre de l’Académie des sciences de France, des États-Unis et d'Inde.
Premier directeur scientifique et technique du CNES (centre national d’études spatiales) en 1962, il est actuellement conseiller du président du centre d'études spatiales.
Nous devons notamment à Jacques Blamont les premiers satellites français et l'installation de la base de Kourou en Guyane.


En savoir plus :

- Jacques Blamont, membre de l'Académie des sciences
- Jacques Blamont sur Canal Académie





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