L’Université française du Caire et le Prix Louis D. pour la culture : des projets aux réalisations

Avec Gabriel de Broglie, chancelier de l’Institut de France
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Le chancelier de l’Institut de France Gabriel de Broglie, membre de l’Académie française et de l’Académie des sciences morales et politiques, s’est rendu récemment en Égypte à l’Université française du Caire qui avait reçu, en 2008, le Prix culturel de la Fondation Louis D. : retour sur un prix et son utilisation, sur le maintien des liens et des échanges dans une relation de mécénat, à travers l’exemple d’un des plus grands prix de l’Institut de France distribué chaque année, le Prix Louis D. pour la culture.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : foc587
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Gabriel de Broglie, Chancelier de l’Institut de France, Canal Académie le 29 juin 2010
© Canal Académie



En quelques mots


L'université française du Caire à finalité professionnelle regroupe :
- une Faculté de Gestion et Systèmes d'Information
- une Faculté d'Ingénierie
- une Faculté de Langues Appliquées
- un Centre de formation continue
- un Centre de ressources en langues
- une Bibliothèque Universitaire


Ces trois facultés offrent trois langues d'enseignement, l'arabe, le français et l'anglais, deux diplômes, des méthodes de travail moderne et des stages en entreprises : normalement un passeport pour l'emploi que semblent vérifier les étudiants sortant de l'UFE, au regard des premiers retours.


L'originalité de l'Université française du Caire, une université toute benjamine


L'université française du Caire, l'UFE, est née de la volonté d'ingénieurs égyptiens, formés dans des établissements francophones, convaincus de la nécessité de créer en Égypte même, une université scientifique moderne, axée sur le savoir et le savoir-faire français, à l’instar un siècle plus tôt de la construction du Canal de Suez, inauguré en 1869, œuvre de Ferdinand de Lesseps (membre de l’Académie des sciences) en partenariat avec des ingénieurs égyptiens de l’époque. Les liens qui unissent la France à l'Égypte sont anciens et profonds depuis la politique du roi égyptien Mehmet Ali, moderniste qui voulait fusionner la culture arabe, celle de l’Égypte, et celle de la France dans ses projets de civilisation.


Cette approche historique ne doit pas cacher le dynamisme de l'Université française du Caire, née en 2002, inaugurée par les présidents Hosni Moubarak et Jacques Chirac pour permettre l'existence d'une université en langue française faisant la part belle au savoir-faire français en matière d'ingénierie. L'Égypte est ouverte depuis longtemps aux établissements étrangers sur son sol. L'université américaine du Caire fondée en 1919 fait figure de doyenne et les Allemands comme les Anglais ont également créé des établissements d'enseignement supérieur. On compte en 2010 une vingtaine d’universités privées dont l’université américaine du Caire (4 800 inscrits), l’université allemande d’Égypte (3 000 inscrits), l’université britannique (1 200 inscrits) et l’université française (450 inscrits) ainsi que plusieurs universités privées arabes. L'UFE a une convention de coopération avec le Ministère français des Affaires étrangères.


Sur une population globale de 77 millions d’habitants, l’Égypte comptait plus de 2,5 millions d’étudiants à la rentrée universitaire 2008-09 (soit 40 % de la population dans la tranche d’âge 18-23 ans), inscrits en majorité dans un établissement supérieur public (plus de 2 millions). Le gouvernement égyptien investit beaucoup dans l'éducation.



Le Chancelier Gabriel de Broglie (au centre) et le secrétaire perpétuel de l’Académie française Hélène Carrère d’Encausse (à gauche), en visite à l’UFE.

Située à 45 km du Caire, à Chourouq, on peut dire aujourd'hui que l'Université française du Caire rencontre un réel succès auprès des étudiants égyptiens. Elle offre un double diplôme, bien attractif : égyptien et français et par conséquent européen. Les nombreux accords de partenariat avec les universités françaises, outre des semestres effectués in situ en France, ouvrent également la porte des universités européennes aux étudiants égyptiens depuis la mise en place du MLD.
Trilingues, les étudiants de l'Université française du Caire bénéficient de stages en entreprises et de séjours d’études en France. Les doctorants sont ainsi accueillis en ingénierie à l'Université de Nantes, de Toulouse III Paul Sabatier, à l'Université de Paris VI, à l'Université de Haute-Alsace Mulhouse Colmar, mais aussi en langues à l'Université de Paris-III Sorbonne Nouvelle et enfin en gestion et méthodes informatiques appliquées à la gestion à l'Université de Nantes.
L’équivalence des diplômes est un atout certain dans l'esprit des fondateurs de l'université qui souhaitaient lutter contre la fuite des cerveaux. Aujourd'hui les étudiants diplômés de cette université semble facilement trouver un emploi en Égypte.



Réalisation de programmes et d'équipement grâce au Prix Louis D.



Les sommes allouées par le Prix Louis D. pour la culture, décerné en 2008 à l'Université française du Caire, ont été consacrées à l'achat d'équipements de laboratoires et d'ateliers : laboratoire électronique, de mécanique des fluides, de microonde, d'acoustique et de vibration, pour n'en citer que quelques uns. La mise en place de réseaux informatiques, l'équipement de classes et l'achat de logiciels spécialisés ont fait l'objet d'une distribution sur l'ensemble de l'université. Des heures de cours ont été financées et des locaux aménagés. Ces nouveaux équipements contribuent aux succès des enseignements dispensés.



L'Institut dominicain d'Études orientales du Caire, lauréat du prix de la Fondation Blancmesnil




Au cours de son voyage (le 19 et le 20 juin 2010), le Chancelier Gabriel de Broglie a également effectué une visite à l'Institut dominicain d'Études orientales du Caire dont il a visité la bibliothèque.


L'Institut Dominicain d'Études orientales du Caire, l'Idéo, a été créé au début des années cinquante par trois frères fondateurs, les frères Georges Anawati, Jacques Jomier et Serge de Beaurecueil. Le Vatican demanda que les religieux prennent au sérieux l’Islam, non pas pour convertir des musulmans, mais pour faire connaître cette religion et la faire apprécier, dans sa dimension spirituelle et religieuse. Les liens de l'Ordre dominicain en terre d'Islam sont anciens. Fondé au XIIIe siècle dans le sud de la France, l’Ordre de Saint Dominique s'est établi très tôt, à Constantinople, Tunis, Bagdad, et plus tard à Mossoul. Ses maîtres en théologie doivent leur découverte d’Aristote à des savants arabes comme Averroès et Avicenne. Au Caire, le couvent des frères dominicains existe depuis 1928. Lorsqu’en 1937 des frères dominicains décident de se consacrer à l’étude de l’Islam, le Caire leur parut être un lieu idéal pour s’installer, en raison de la présence de l’université d’al-Azhar et de la place culturelle de l’Égypte dans le Monde arabe.

L'Idéo est aujourd’hui un institut de recherche fondamentale sur les sources de la civilisation arabo-musulmane. La Fondation Blancmesnil de l'Institut de France a attribué à l'Idéo une subvention, certes plus modeste que le prix Louis D., mais pendant plusieurs années, pour numériser le catalogue de la bibliothèque de l'Idéo. Cette immense bibliothèque, unique au monde, bien connue des chercheurs, abrite 150 000 volumes depuis l'ouverture de l'Institut dominicain. La volonté des frères dominicains est de réunir et de cataloguer toutes les publications scientifiques sur l'Islam, y compris les sommaires de périodiques spécialisés : une source numérisée d'un très vif intérêt pour les chercheurs du monde entier.



En savoir plus


- La Fondation Louis D.- Florence de G. de l'Institut de France
- La Fondation Blancmesnil de l'Institut de France
- L'Université française du Caire, l'UFE, photographies de la visite de Gabriel de Broglie sur le site Internet de l'UFE
- L'Institut Dominicain d'Etudes orientales du Caire, l'Idéo
- Gabriel de Broglie, chancelier de l'Institut de France
- Gabriel de Broglie, membre de l'Académie française
- Gabriel de Broglie, membre de l'Académie des Sciences morales et politiques

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