Comment protéger les paysages "naturels" ou urbains ? avec Jean-Robert Pitte

Le géographe de l’Académie des sciences morales et politiques rappelle comment est née l’idée de protection du patrimoine
Avec Hélène Renard
journaliste

Le géographe Jean-Robert Pitte, de l’Académie des sciences morales et politiques, rappelle les diverses initiatives qui ont contribué à faire naître l’idée de protection du patrimoine paysager, tant celui de la nature que celui de villes.

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : ecl777
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Les paysages de la nature, mais aussi ceux de l'urbanisme, celui des cultures, autant que celui de l'architecture, constituent un patrimoine, c'est-à-dire un héritage (le mot lui-même suggère le père-pater) mais un legs du passé qui doit rester vivant. Il parle à toutes les générations, lesquelles ont envie de le protéger, de le maintenir mais sans le figer. Un paysage peut évoluer au fil des siècles dans le respect. Jean-Robert Pitte a tendance, comme il s'en explique ici, à se montrer réticent vis-à-vis d'une protection paysagère qui interdirait tout accès et toute présence humaine, comme on peut l'observer dans certains parcs naturels nationaux.

Ce mot "naturels" d'ailleurs, notre invité le conteste aussi : les paysages dits "naturels" ne le sont pas ! Tous sont imprégnés de la présence humaine. Et il explique comment cette conception nous est venue de l'Europe du Nord, de l'Amérique du Nord, des pays à majorité protestante. Les conceptions de la Nature (avec un grand «N») ne sont pas identiques dans ces traditions-là et dans celles issues de la Méditerranée. L'Homme a le droit et le devoir de créer des paysages, de les forger, pour qu'il s'y trouve bien, lui et tous les autres !

Jean-Robert Pitte insiste aussi sur la notion de "paysages urbains", une conception née au XVIe siècle, lorsque l'on a commencé à démolir certains vestiges du Moyen Âge au profit de la protection des ruines romaines. Le meilleur exemple en est les thermes de Cluny à Paris. Mais il donne également d'autres exemples répartis dans toutes les régions de France.

Enfin, sont évoquées quelques grandes figures auxquelles on doit la protection du patrimoine paysager : l'abbé Grégoire (lequel a créé le mot "vandalisme", le contraire de la conservation et de la protection), Victor Hugo (le premier à avoir choisi un monument comme personnage de roman), Arcisse de Caumont, Prosper Mérimée, Viollet Le Duc, et plus proche de nous, André Malraux qui, avec les lois secteur-protégé a permis la sauvegarde de tant de beaux quartiers dans de nombreuses villes françaises.

Dans son ouvrage Histoire du paysage français, l'auteur précise qu'en 2000, on compte en France :
- 7 parcs naturels nationaux (Vanoise, Écrins, Mercantour, Port-Cros, Cévennes, Pyrénées, Guadeloupe)
- 38 parcs naturels régionaux
- et 3 parcs en projet (Monts d'Ardèche, Oise pays de France, Guyane).

Écoutez deux autres chroniques autour de cette Histoire du paysage français avec Jean-Robert Pitte :
- Qu’est-ce qu’une "ville nouvelle" ? par Jean-Robert Pitte
- Jean-Robert Pitte raconte Le Corbusier et la Charte d’Athènes


À écouter aussi, ses autres chroniques : Géographie


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