Les archives de Jean-François Revel données au département des Manuscrits de la BNF

Guillaume Fau, conservateur de ce département, a accueilli les écrits du journaliste philosophe, de l’Académie française
Jean-François REVEL
Avec Jean-François REVEL de l’Académie française,

Guillaume Fau, conservateur au département des Manuscrits de la BNF, nous raconte dans quelles circonstances Claude Sarraute, épouse de Jean-François Revel, a décidé de léguer les manuscrits de tous les ouvrages et autres écrits de l’académicien.

En 2007, Claude Sarraute a décidé de déposer les archives de son époux Jean-François Revel, membre de l'Académie française, au département des Manuscrits de la BNF. Comment cela s'est-il passé ?

Jean-François Revel par Louis Monier


Guillaume Fau : Le fonds est arrivé en 2007, un an après le décès de Jean-François Revel. À l’époque mon collègue Clément Pierre qui était chargé de collection au département des Manuscrits, a eu l'idée de solliciter Claude Sarraute et sa famille pour les interroger sur le sort des archives de l'académicien. Un échange épistolaire a suivi et Claude Sarraute a décidé alors de faire don de l'intégralité des archives de son époux.

Notre invité raconte qu'après la prise de décision du don, les manuscrits de tous les ouvrages ainsi que la correspondance depuis 1957 sont arrivés assez rapidement. Le fonds comporte aussi des archives éditoriales dont celles qui ont entourées la collection Liberté que dirigeait Jean-François Revel*.

1er feuillet de la conclusion du livre L’obsession américaine par Jean-François Revel


- «Parmi ce qui m'a ému, je me souviens par exemple de courriers échangés à l'époque où Jean-François Revel dirigeait la collection Liberté chez Pauvert ou encore d'un certain nombre de pamphlets qui m'ont marqués. Je pense notamment à un pamphlet qui a fait beaucoup de bruit à la fin des années 50 signé de Raymond Picard. Il polémiquait avec Roland Barthes. L'ouvrage s'intitulait Nouvelle critique, nouvelle imposture. Dans sa correspondance, on s'aperçoit que Jean-François Revel le soutient dans sa tourmente. Dans une lettre il dit qu'il faut essayer surtout de montrer sa bonne foi... A cette époque l'académicien contacte des auteurs très prestigieux comme Raymond Aron. C'est la grande période de Revel.»

Editorial du Point datant du 18 février 1995 et intitulé : Les passions de Vargas-Llosa

Comme on peut le voir ci-dessus, Jean-François Revel raturait beaucoup, preuve du travail de l'écrivain et de l'élaboration de sa pensée. Il n'en possède pas moins une écriture très régulière.

Guillaume Fau, conservateur du département des Manuscrits de la BNF


En savoir plus :

*Jean-François Revel lance chez Pauvert, la collection "Liberté", ouverte à la "littérature de combat de tous les temps et de toutes les tendances".

Sous la direction de l'auteur de «Pourquoi des philosophes» et sa suite (en réponse à l'indignation des penseurs visés, assimilés à des idéologues sophistes), «La Cabale des dévots», la collection "Liberté" deviendra célèbre et publiera, dans un format de poche (9 cm sur 18) avec couverture en papier craft conçu par Pauvert pour son faible coût, des œuvres aussi variées que les «Lettres anglaises» de Voltaire, «Les Luttes de classe en France» et «Le 18 Brumaire» de Louis Napoléon Bonaparte de Karl Marx, «Napoléon le Petit» de Victor Hugo, «La Liberté» de Bakounine, «Portrait du Colonisé», précédé du Portrait du Colonisateur d'Albert Memmi (préface de Sartre), «Le joujou Patriotisme» de Rémy de Gourmont, «Asphyxiante culture» de Dubuffet, ou encore «L'idéologie froide. Essai sur le dépérissement du marxisme» de Kostas Papaioannou.

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