La campagne de Russie : Jean Tulard explique Borodino, la Moskowa et la Bérézina (1/4)

La campagne de Russie de 1812 : Quelques mises au point par l’historien, de l’Académie des Sciences Morales et Politiques
Avec Laëtitia de Witt
journaliste

A l’heure du bicentenaire de la campagne de Russie, Canal Académie vous propose une série d’émissions sur l’épisode le plus tragique mais aussi le plus fascinant de l’histoire de l’Empire. Dans cette première émission, Jean Tulard, relève six points de controverse entre historiens français et historiens russes parmi lesquels se trouve la « Bérézina ». Catastrophe ou victoire ? Laissons à Jean Tulard le soin de trancher.

Émission proposée par : Laëtitia de Witt
Référence : hist744
Télécharger l’émission (16.59 Mo)

Le premier sujet de discorde entre historiens russes et historiens français se rapporte à l’agresseur. Qui attaque le premier, Napoléon ou Alexandre ? Pour les russes, sans hésitations, il s’agit de Napoléon qui franchit le Niémen à la fin juin 1812 en vue d’obtenir une victoire décisive sur l’empereur russe. Jean Tulard nuance. Il rappelle que l’alliance franco-russe signée à Tilsit en 1807 s’avère très rapidement fragile. Dès 1808, à Erfurt, des signes de discorde apparaissent. Le blocus continental imposé à la Russie est trop contraignant mais ce sont surtout les questions polonaise et ottomane qui mettent le feu aux poudres. En 1811, un conflit entre les deux empires paraît inévitable. D’ailleurs, de part et d’autre, on se prépare à la guerre. Pourtant, Napoléon n’est pas décidé à rompre avec Alexandre. Il lui faire d’ailleurs parvenir plusieurs propositions de négociation, restées sans réponse. En fait, les deux hommes sont tout aussi déterminés à en découdre l'un avec l’autre.

Se pose alors la question de la stratégie russe, second point abordé par Jean Tulard. Le repli russe est-il le fruit d’une stratégie mûrement établie ou une fuite devant un adversaire qui fait peur ? Jean Tulard penche pour la seconde solution. Marie-Pierre Rey, professeur d’histoire russe contemporaine qui sera notre invitée pour le deuxième volet de cette série consacrée à la campagne de Russie, penche pour une stratégie russe réfléchie. Le débat reste ouvert !

- La question de la stratégie russe du repli ou de la terre brûlée entraîne Jean Tulard à aborder l’incendie de Moscou. Les historiens semblent tous d’accord pour en rendre les Russes responsables. Pourtant, sur le moment, la propagande russe laissa le doute plané pour montrer de quoi l’ennemi était capable. Dans sa lutte contre Napoléon, le tsar s’appuya sur la propagande pour galvaniser ses troupes mais aussi son peuple.

- Autre particularité de cette campagne de Russie soulignée par Jean Tulard est l’absence de batailles. Il revient tout de même sur la principale, sujette à polémiques entre historiens russes et français, qui se déroula aux portes de Moscou le 7 septembre 1812. Borodino, victoire russe ? La Moskowa, victoire française ? Jean Tulard clarifie en rappelant tout simplement qui s’est replié au soir de la bataille : Koutouzov. Certes, les pertes sont lourdes, jusque dans les rangs des généraux, mais Napoléon a gagné puisque l’ennemi quitte le champ de bataille. Autre épisode auquel s’attaque Jean Tulard : le passage de la Bérézina. Même si le mot est entré dans le langage pour signifier une catastrophe, la bataille de la Bérézina, fut, dans des conditions en effet difficiles, une victoire française grâce à l’héroïsme du général Eblé et de ses pontonniers.

Pour en savoir plus :

Retrouvez Jean Tulard dans les émissions de Canal Académie en cliquant[ ici->http://www.canalacademie.com/spip.php?page=recherche&recherche=Jean+Tulard&envoyer=Ok].

- Ecoutez les autres émissions de la série :
-La campagne de Russie (2/4) : le repli de l’armée russe
-La campagne de Russie : L’incendie de Moscou (3/4)
-La campagne de Russie (4/4) : la retraite tragique

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