Bordeaux accueille la CNA 2012, la Conférence Nationale des Académies des sciences, arts et lettres

Sa présidente, Jeanne-Marie Demarolle, évoque les 31 Académies régionales, leur rôle et les critères d’admission...
Avec Virginia Crespeau
journaliste

L’intitulé « académie » n’est pas un label protégé, on doit compter quarante à cinquante Académies de Région ; parmi elles, seules 31 Académies des Sciences, Lettres et Arts font partie de la CNA en raison des critères d’admission. Découvrez la Conférence Nationale des Académies dans cette rencontre avec leur présidente Jeanne-Marie Demarolle au micro de Virginia Crespeau.

Émission proposée par : Virginia Crespeau
Référence : pdm591
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La Conférence Nationale des Académies se tiendra à BORDEAUX les 3/4/5

octobre 2012 sur le thème "Les défis du XXIème siècle: comment Bordeaux et l'Aquitaine s'y préparent".
L'Académie de BORDEAUX fètera à ces mêmes dates, son 300ème anniversaire.
De prestigieux intervenants animeront des ateliers durant ces 3 journées, et des visites seront organisées pour les académiciens et leurs conjoints.

Canal Académie s’entretient chaque année avec les responsables de la Conférence Nationale des Académies des Sciences, Lettres et Arts : CNA.
Jeanne-Marie Demarolle, première femme Présidente CNA, mandatée pour deux années, nous rappelle :

« La CNA a reçu son statut officiel en 1995, c’est donc une fédération beaucoup plus jeune que les académies de province qui remontent au XVIIIème siècle ; elle œuvre pour donner plus de visibilité à chaque académie et elle permet grâce au soutien des chanceliers successifs de l’Institut et en ce moment grâce au soutien du chancelier Gabriel de Broglie, d’organiser une année sur deux un colloque à l’Institut de France, à Paris.
Il est vraisemblable qu’une 32ème Académie entrera au sein de la CNA au mois d’Octobre 2012 à l’occasion du colloque qui cette année, se tient à Bordeaux.

Adhérer à la CNA, exige de présenter un dossier d’admission et de remplir essentiellement les critères suivants :

• Etre une fondation ancienne créée généralement au XVIIIème siècle ou début du XIXème siècle

• Répondre à un critère de pluridisciplinarité, c’est la raison pour laquelle ces institutions s’intitulent Académies des Sciences, Lettres et Arts.

Ouverture du colloque CNA « La découverte de la Terre », le 7 Octobre 2011, Salle Hugot à l’Institut de France, par M. Bernard BOURGEOIS membre de l’Académie des sciences morales et politiques, représentant Monsieur le Chancelier de l’Institut, en compagnie de la Présidente CNA


• Proposer des publications régulières ; toutes ces Académies ont des mémoires ou des bulletins qui généralement comptent deux siècles et demi de publication.

• Les membres académiques doivent être élus par leurs pairs.

- François Braud, actuel vice-président de la CNA, ajoute : "L’objectif de la CNA est d’harmoniser l’action des diverses académies qui en sont membres au niveau national. Mais je tiens à préciser que ces académies conservent tout de même une autonomie très importante.
Ces réunions nationales permettent de faire le point, d’échanger, et de mieux se connaitre finalement. Le bureau de la CNA, lorsqu’il est élu la première année, a essentiellement pour fonction de préparer le rassemblement annuel à Paris. La deuxième année, la Présidence de la CNA rencontre les académies qui en sont membres pour les aider à préparer le colloque suivant, pour les interroger d’une part sur leur propre avenir, et envisager avec elles les nouvelles techniques de communication qu’elles souhaiteraient utiliser ; car un certain nombre d’entre elles ne disposent toujours pas de site internet, ce qui à terme risque de poser des problèmes.

L’intérêt du Chancelier de Broglie en faveur de la CNA est manifeste et nous lui en sommes très reconnaissants ; il convient également de préciser que depuis l’année dernière, la CNA a pour Président d’honneur un membre de l’Institut en la personne de Bernard Bourgeois de l’Académie des Sciences Morales et Politiques"

- Bernard Bourgeois s’investit avec beaucoup d’intérêt dans la vie de la CNA mais aussi dans les rapports entre la CNA et l’Institut ; il a confié à Canal Académie :

« La Conférence Nationale des Académies est née de la réflexion d'un académicien lyonnais, philosophe, qui à la fin du XIXème siècle a eu l'idée de réunir en une seule communauté, toute la vie académique française : Francis Bouillet.
Son objectif était de réunir sous l'égide de l'Institut de France, les académies de Province. Un siècle plus tard, un académicien lyonnais le médecin, le Général Edmond Reboul a lu l'ouvrage que Francis Bouillet avait publié en 1979 et a repris ce projet dans les années 90 ; il prit alors contact avec d'autres représentants des académies de province ; tous furent reçus à l'Institut, par le Président de l'Académie des Sciences Morales et Politiques qui était le Bâtonnier Brunois et par le Chancelier Bonnefous.
Après les années 90, l'idée d'une réunion des structures de l'Institut et des Académies de province a vu le jour ; en 1991 est décidée, la création d'une Conférence Nationale des Académies.

En 1994, des statuts ont été élaborés ; en 1995, le journal officiel a publié les statuts de la CNA mentionnant certains principes portant sur le lieu social de la conférence qui serait l'Institut de France ; les réunions qui auraient lieu annuellement, en alternance à Paris et en Province, pour donner lieu à des colloques.

Séance de clôture 2011, à l’Institut de France : M. BOURGEOIS, M. WORONOFF, Mme DEMAROLLE

Quatre critères concernent l'insertion des académies de Province dans cette conférence nationale : l'ancienneté : il s'agit d’académies créés avant la révolution française ; deuxièmement: la pluridisciplinarité ; troisièmement : l’élection par votre secret ; quatrièmement : l’activité intellectuelle des intéressés doit être d’ordre scientifique, littéraire etc.
Actuellement, il y a 31 académies de Province qui font partie de la CNA, présidée actuellement par une universitaire de l'académie nationale, Jeanne-Marie Demarolle ; je suis donc président d'honneur, représentant l'Institut pour cette conférence nationale.
Je dois dire que les chanceliers de l'Institut, le regretté Mr. Messmer, et actuellement Mr. de Broglie, ont été des artisans très vigoureux de cette unification académique française.
Former une véritable communauté académique est donc le projet qui est en train de se développer.

Un auditoire attentif réuni en 2011, à l’Institut de France, pour un colloque à thématique scientifique :"La découverte de la Terre" qui a donné lieu à l’édition d’un livre présentant les actes de ce colloque 2011

Le colloque annuel de l'institut de France de l'an dernier portait sur la découverte de la Terre ; j'étais donc pour ainsi dire tout neuf dans cette entreprise en 2011 et ai été très admiratif de ce que j'ai entendu ; nous avons en effet, passé de très belles journées intellectuelles.
Début octobre 2012, le colloque national de cette conférence aura lieu à Bordeaux. François Braud qui est responsable de ce colloque a fait travailler les académiciens sur le thème des grands défis du XXIème siècle. Je suis persuadé que le succès sera aussi considérable que celui qui a marqué le colloque parisien en octobre dernier. Il faut souligner que certains des académiciens répartis dans les académies qui forment l'institut de France ont aussi des implications dans différentes académies de province et certains d’entre eux en sont même issus. Je voudrais notamment saluer la mémoire de quelqu'un qui a beaucoup travaillé pour cette conférence nationale : notre confrère André Laronde (de l'Académie des inscriptions et belle-lettres, décédé l'an dernier).

Jeanne-Marie Demarolle en compagnie d’André Laronde, de l’Académie des inscsriptions et belles-lettres.

Par cette entreprise, il est démontré que la diversité et l'unité ne sont pas incompatibles mais qu'au contraire, elles doivent être pratiquées et développées de pair car ces Académies restent indépendantes les unes par rapport aux autres et par rapport à l'Institut de France ; ce sont des relations pleine de réciprocités avec des responsabilités différentes ; chacun y est soi-même et dans le même temps, l'unité est profonde. Dans tous les domaines, l'universalisation et la singularisation n'excellent que lorsqu'elles sont menées conjointement.

En conclusion, j’ajouterai que la Conférence Nationale des Académies est une très belle institution et encore une fois, je suis très heureux que les Chanceliers de l'Institut fassent du développement de cette conférence, un objectif important. En tous cas, je pense qu’il s’agit-là d’un magnifique exemple que donnent ici les académiciens français, chacun et à soi-même mais aussi dans une communauté véritable et féconde avec tous. »

- Au cours de son premier éditorial, la Présidente CNA, Jeanne-Marie Demarolle avait rappelé que les chanceliers Édouard Bonnefous et Pierre Messmer avaient apporté leur énergie et soutien au développement de la CNA. Le Chancelier Gabriel de Broglie a manifesté tout l’intérêt qu’il porte à la Conférence Nationale des Académies, lors du colloque « A la découverte de la Terre » organisé en 2011 à l’Institut de France. Un colloque tout à fait réussi qui a accueilli plus de 200 auditeurs autour d’un thème scientifique, en présence du son vice-président de l’Académie des Sciences : Philippe Taquet. Car il faut rappeler qu’à l’origine, l’orientation de nos compagnies avait été délibérément tournée vers les sciences.

Session de préparation de colloque en Lorraine


- François Braud : « La caractéristique de nos Académies, membres de la CNA est la pluridisciplinarité portant sur les sciences, les lettres et les arts. Il nous faut dire qu’à l’heure actuelle, dans la plupart des académies nationales, les sciences sont les plus défavorisées, à l’exception toutefois de la science médicale qui est par exemple bien représentée à Bordeaux. Le souci d’établir un équilibre entre ces différentes disciplines me semble important ; la vocation première de ces Académies de Région étant d’établir des possibilités d’échanges entre des personnes d’origine très différentes et très variées pour une mise en perspective, en réflexion, en commun d’expériences, de formation, de cultures. Ceci est un impératif important auquel il nous faut veiller. A Bordeaux, je dois l’avouer, cet objectif n’est pas encore atteint".

- Jeanne-Marie Demarolle : « Le XVIIIème siècle, le siècle des lumières, a été un grand siècle scientifique ; les académies en se créant, partageait en priorité ces objectifs scientifiques. Mais au cours du XIXème siècle, avec la spécialisation des disciplines, avec aussi l’explosion des sciences dures - c’est l’expression que nous employons, nous, historiens pour distinguer les sciences dures des autres sciences que sont les sciences humaines - les académies qui, elles ne disposaient pas de laboratoires, ni de moyens financiers importants, pour être sur un pied d’égalité avec un laboratoire du CNRS ou une institution universitaire. De fait, les Lettres, l’Histoire, la Philosophie, l’Art, toutes ces disciplines qui ne nécessitent pas d’équipements matériels lourds ont gagné de plus en plus de terrain dans cette vie académique de région.

Les Dames de l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Metz

Toutefois, à l’heure actuelle, toutes les préoccupations scientifiques par rapport au réchauffement climatique, aux problèmes liés à l’environnement, ont entrainé une prise de conscience de la nécessité de laisser davantage la parole aux scientifiques pour que précisément, à partir de leurs recherches, ils puissent communiquer leurs espoirs et leurs inquiétudes."

- François Braud : « L'académie de Bordeaux fête cette année son tricentenaire, une bien belle longévité ! Malgré tout, une académie est une société intellectuelle et il est évident qu'elle ne peut pas atteindre le public qui se rassemble au stade de France ou dans des salles comme le Zénith. Notre objectif n'est pas de toucher l'ensemble du peuple mais de diffuser une morale culturelle au sein de la société. »

- Canal Académie, selon le vœu de Gabriel de Broglie, Chancelier de l’Institut de France, continuera d’accompagner ce développement harmonieux et riche d'échanges entre ces différentes académies.

- Ecoutez notre première émission : "Les Académies provinciales sont les filles de l’Académie française", disait Maurice Druon

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