20 étudiants, 10 pays : regards sur les Droits de l’Homme

avec les étudiants en stage au Cavilam, dans le cadre du programme " Culturelab "
Avec Hélène Renard
journaliste

A l’initiative de l’Institut français, une vingtaine de jeunes de 10 nationalités se sont retrouvés en été 2012 au CAVILAM de Vichy pour travailler ensemble sur la thématique des Droits de l’homme et de la Démocratie… Comment les Droits de l’Homme peuvent-ils progresser dans chacun des pays de ces vingt étudiants ? Dans quel domaine chacun juge-t-il nécessaire que les Droits de l’Homme soient mieux respectés ? Ghana, Jordanie, Lybie, Mauritanie, Montenegro, Singapour, Thaïlande, Turquie et Yemen,... tels sont les pays d’origine de nos jeunes invités qui s’expriment ici à titre tout à fait personnel.

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : sav618
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Les propos de ces témoignages n'engagent aucune des institutions françaises, ils sont exprimés librement par les étudiants après 10 jours de travail sur le thème des Droits de l'Homme

Les étudiants du CAVILAM dans les locaux de Canal Académie
© Canal Académie

1 - Liberté pour la presse en Afghanistan

Selon nous, Farhad et Mohammad, participants afghans et par rapport au cours qui nous avons suivi au Cavilam avec les professeurs, les Droits de l’Homme sont un droit fondamental, inaliénable et applicable pour tous. Ils ne connaissent ni les races, ni la couleur, ni la religion, ni le sexe, ni la langue. Ils ont pour but l’amélioration de la situation des êtres humains. Quant aux règles de la Déclaration des Droits de l’Homme : la liberté est une nécessité des être humains ; cela embrasse la liberté de l’expression, de la presse, de pensée, … L’un des sujets plus important et en même temps fondamental que nous avons à affronter en Afghanistan est la liberté de la presse. Selon la Constitution d’Afghanistan et les traités internationaux, on a accepté la liberté de la presse mais il y a encore des obstacles. En Afghanistan, après l’installation du gouvernement de transition en 2001, la liberté de la presse recule toujours, par un mouvement terroriste au nom des talibans sous la protection d’Al-Qaïda. De 2001 jusqu'à 2012, on a perdu une centaines de journalistes afghans et étrangers. Donc c’est une menace immense pour la liberté de la presse. Autant qu’il y a des difficultés et les menaces de la part des mouvements anti-liberté ; le gouvernement d’Afghanistan en coopération avec la commission des Droits de l’Homme et l’ONU essaie de résoudre ce problème...

2 - Les Droits de l'Homme en Turquie

Lors de ce stage au Cavilam, j’ai appris, avec mes amies Irsat et Tugce, qu’il y a une très forte tendance pour diffuser les valeurs de la démocratie. On a vu que, les jeunes qui ont différentes cultures, sont plus respectés qu’avant pour les Droits de l’Homme, comme les jeunes Turcs. En Turquie, depuis des années il y a une tendance positive concernant les Droits de l’Homme. Le gouvernement turc a créé de nouvelles lois pour les protéger. Les politiciens en Turquie sont très décidés à développer le système.
De plus il existe beaucoup d’organisations non gouvernementales qui les défendent. S’il y a une violation des Droits de l'Homme dans la vie quotidienne, les jeunes Turcs y sont très sensibles.

3 - Ismail B. et Dahane B., Mauritaniens : les bienfaits de leur stage en France... et la démocratie en Mauritanie

Notre pays est gouverné par un état démocratique, et bien que nous soyons tous deux presque du même âge, nous nous aperçevons que nous avons des idées différentes surtout en ce qui concerne la démocratie et les Droits de l’Homme.
Nous sommes arrivés en France, à Vichy et plus précisément au Cavilam, où nous avons appris beaucoup de choses : le travail en groupe, le débat d’idée, l'écoute des autres, à nous s’exprimer, à prendre conscience de nos propres droits et de ceux des autres.
En plus, nous avons acquis un grand nombre d’informations sur la Déclaration universelle des Droits de l’Homme dans un climat de joie, plein d’esprit de fraternité, malgré la présence des différentes nationalités qui composent notre groupe.
Nous voudrions dire que nous avons eu de la chance d’avoir pu améliorer nos connaissances juridiques et en particulier les Droits de chaque personne dans sa vie, comme la liberté d’expression, qui nous semble dominante en France, où chacun peut dire ce qu'il pense sans empêchement.
Enfin, nous aimerions signaler que la Mauritanie a adopté la Déclaration universelle des Droits de l’Homme en 2000.

4 - Coutumes anciennes et Droits de l'Homme au Monténégro

Bonjour, je m’appelle Tijana M., j’ai étudié les Droits de l’Homme parce que je voulais avoir des connaissances sur les droits inaliénables de tous les hommes. Au Monténégro, le respect des droits de l’homme est un problème qui existe toujours pour les medias et qui représente un vrai débat. Le non respect de ces droits n’est pas seulement dû au gouvernement mais aussi aux gens eux-mêmes parce que beaucoup d’entre eux nourrissent des valeurs traditionnelles négatives ou archaïques (comme la vengeance), refusant d’accepter les différences.
Par exemple, le droit de choisir son mode de vie, celui d’exprimer son orientation sexuelle. Tous les citoyens ne sont pas complément ouverts à cette question. Ce n’est pas seulement la question du droit du mariage mais celui de leur droit de s’exprimer, d’être reconnu et accepté socialement.
Autre chose qui fait débat, la liberté de la presse. En fait, il y a une restriction. Il nous faudrait apprendre à écouter les opinons de chacun, même si elles sont contre le mode de vie officiel. Donc, on peut dire que, pour détendre un peu la tension, nous sommes en bonne voie. Mais, bien sûr, il faut encore travailler sur l’amélioration des Droits sacrés.Il faut toujours avoir devant les yeux les bases de sa liberté et de son bonheur.

5 - En Jordanie, vers un gouvernement plus stable ?

Pendant ce stage, nous, Ali et Shiam, nous avons beaucoup appris beaucoup : que chaque individu a le droit d’être libre et a le droit de choisir. Et nous avons appris l’histoire et l’évolution de la démocratie. On a aussi discuté sur les articles de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme.
Le point qu’on a trouvé vraiment étonnant, c’est que la race n’existe pas entre les humains.
Pendant notre séjour chez les familles d’accueil, on a eu la chance de mieux connaitre la culture française. Et c’était génial !
En Jordanie, on a besoin d’améliorer le fonctionnement démocratique pour :
- Équilibrer la démocratie entre les citoyens et le roi
- Donner le droit de choisir les ministres
- Améliorer la situation des citoyens.
Mais il faudrait évoquer aussi d'autres problèmes qui exigent encore beaucoup de progrès :
- Combattre la corruption
- Diminuer le nombre de refugiés des pays voisins (la Jordanie est un petit pays pauvre.
- Considérer l’avenir des orphelins, qui sont nombreux, après leur majorité (18 ans).
- Donner le droit d’adoption

6 - La minorité berbère en Libye et l'interdiction d'user de sa langue

Wail M. rappelle : Après la création de la Libye par l’ONU, au début des années 50, les peuples Amazigh ou Berbère ont été confrontés à une marginalisation systématique, qui ne cessait d’augmenter, surtout sous le régime de Kadhafi. Quand la langue Tamazigh et berbère est devenue illégale, tous les Berbères Amazighs ont été obligés de porter des noms arabes. Même une liste de courses écrite en berbère pouvait générer des années d’emprisonnements.
Ce n’est donc pas étonnant que, dans la révolution libyenne du 17 Avril 2011, les Berbères aient joué un rôle majeur dans la lutte contre le régime de Kadhafi. Grâce au sacrifice de beaucoup de Libyens et aussi à l'aide de la communauté internationale, dont l’aide indispensable de la République Française.
Maintenant, les Berbères essaient de corriger des années de discriminations par la création d’organisations et aussi par des manifestations. Un des ces exemples : la grande démonstration du mois de septembre 2011, avec plus de 32.000 participants, demandant que la langue tamazigh soit une langue officielle en Libye, une langue de statut égal à la langue arabe.

7 - L'égalité sociale en question au Yémen

Bonjour à tous, Waleed et moi Ali, nous sommes du Yémen, venus en France à Vichy pour participer à la session concernant la démocratie et les Droits de l’Homme.
En ce qui nous concerne, nous avons appris beaucoup de choses intéressantes dans tous les concepts de la démocratie. Ils nous aideront sûrement à voir plus clairement le monde et la vie. L’homme a évidement besoin de vivre en toute liberté et dignité, ce qui lui manque jusqu’à présent dans notre pays en particulier, parce qu’il ya une inégalité des chances et une forme d’impunité. Certains ont tous les droits sans courir de risques. Quant à l’éducation des filles : elles en sont privées. Cet exemple dégrade la valeur humaine et crée des obstacles dans la société.
Enfin, on espère qu’on aura une émission en français diffusée au Yémen pour mettre en relief de telles valeurs.

8 - L'égalité des femmes, une lutte au Ghana

Je m'appelle Nana Esi Badu N. Dans mon pays, le plus grand problème que rencontrent les Droits de l’Homme, c’est l’inégalité entre les sexes. Les deux semaines ici m’ont appris à apprécier les femmes au Ghana, qui d’une manière ou d’une autre, sont engagées dans la lutte pour l’égalité.
Auparavant, j’étais plutôt indifférente aux Droits de l’Homme parce que notre culture n’est pas tolérante vis-à-vis des femmes qui n’acceptent pas leur « rôle inferieur ».
Après avoir travaillé sur une personnalité ghanéenne qui s’appelle Nana Oye Lithur, et après avoir découvert tout ce qu’elle a accompli par rapport à ce sujet, j’ai compris qu’il est vraiment possible de changer les mauvaises traditions qui sont gravées dans ma culture, et cela bien que je sois une femme. Donc, je repars au Ghana avec beaucoup d’espoir, en espérant que je réussirai à faire un petit peu pour améliorer la situation.

9 - Une loi sur la liberté d'expression en Thaïlande

Je suis Kittima N. J’ai appris tous les articles de la Déclaration et j’ai mieux compris mes droits dans plusieurs domaines. Notamment, dans le droit d’expression des idées, des opinions et d’analyse.
En Thaïlande, les gens n’ont pas beaucoup le droit d’exprimer leurs opinions relatives au thème de la Royauté. On a l’article 112 du code pénal comme loi de lèse-majesté qui permet de punir les personnes insultant ou diffamant « le roi, la reine, le prince héritier ou le régent ».
Il y a des exemples de condamnation par cette loi : l’une des victimes indirecte a puni un homme de 71 ans. Il est mort en prison après avoir été condamné à vingt ans de prison pour l’envoi de textos jugés « insultants envers la monarchie », il a pris cinq ans pour chaque message. On ne sait d'ailleurs pas encore si c’était vraiment lui qui avait envoyé les messages...

10 - Une réflexion fondamentale pour la Singapourienne Sarah T.

C'est un sujet universel et très vaste. Et la manière dont on a abordée ce sujet pendant le stage - c'est très intéressant pour moi. On a discuté du point de vue philosophique. Et pour moi, c'est une expérience un peu différente parce que normalement à Singapour, on s'habitue à discuter du point de vue plus pratique. Alors, pendant le stage, ça m'a permis de penser d'une manière différente, une manière plus large, et ça m'a permis de comprend l'importance de Droits de l'Homme pour l'humanité.
J'ai appris que démocratie et Droits de l'Homme - ce n'est pas juste un petit problème - mais en fait, c'est fondamental pour le développement et l'avancement pour tous et partout. Mais j'ai remarqué aussi que la définition et la conception des Droits de l'Homme - sont parfois très différentes selon les pays d'origine des personnes.
Et pendant le programme, on a pu faire des débats, on a pu entendre des points de vue différents. Mais même si on est tous différents, on s'est tous bien entendus. Et même, nos différences nous ont rapprochés, car nous sommes tous dans la même situation. Nous sommes tous humains.

- Écoutez aussi d'autres étudiants de ce programme international s'exprimer dans nos émissions :
- Droits de l’Homme et Démocratie : autour d’un texte de Mireille Delmas-Marty
- Le Festival Karama, le 1er au Moyen Orient sur les Droits de l’Homme

Les étudiants du CAVILAM et la journaliste Anne Jouffroy à Canal Académie
© Canal Académie

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