Les satellites au chevet des glaciers

Une conférence d’Etienne Berthier, chercheur au laboratoire Midi Pyrénées, au Bureau des Longitudes

Les glaciers sont les principaux témoins des fluctuations climatiques de ces dernières années. Pour suivre l’évolution de ces glaciers, Etienne Berthier chargé de recherche au CNRS et chercheur au laboratoire Midi Pyrénées, s’appuie sur des images satellitaires. Ainsi, il est possible de couvrir des zones difficiles d’accès pour suivre les variations de longueur d’un glacier et en tirer un bilan global. Le bureau des Longitudes a accueilli, le 2 mai 2012, à la fondation Simone et Cino Del Duca, la conférence d’Etienne Berthier intitulée "Les satellites au chevet des glaciers".

Depuis 2 siècles maintenant les glaciers sont étudiés de près. Si à l'époque des peintures permettaient d'observer l'état des glaciers, comme dans les tableaux du peintre genevois Jean-Antoine Linck (1766-1843), aujourd'hui les chercheurs s'appuient sur des mesures satellitaires afin d'avoir des données précises, des avancées qui existent depuis les années 70 et qui se développent aujourd'hui avec des images recueillies des satellites SPOT, LANDSAT ou ASTER.
Dans sa conférence, Etienne Berthier, qui travaille au Laboratoire d’Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales (le LEGOS) détaille le fonctionnement d'un glacier et notamment sa composition. A ce titre, il s'intéresse à la zone d'accumulation du glacier, c'est-à-dire la zone où la neige se transforme en glace et à la zone d'ablation, qui correspond aux parties basses du glacier.

Vue satellitaire 3D des glaciers du Massif du Mont-Blanc.  (Crédit CNES \/ Distribution Spot Image).
© Etienne Berthier

C'est grâce à un bilan de masse annuel qu'il est possible de se rendre compte des variations de la surface du glacier. Ce bilan de masse annuel s'effectue en une saison glaciologique, de septembre à septembre et les mesures recueillies permettent de composer des courbes sur l'avancée et le recul d'un glacier. Les carottages sont aussi utilisés pour creuser jusqu'à la partie d'accumulation et peser la densité.

Etienne Berthier dresse également le bilan que l'on peut tirer de ces études. Les 170 glaciers mesurés ont permis de rendre compte d'un bilan à l'échelle globale:
- De 1965 à 2000, sur une étude de 50 glaciers, les années positives sont rares, on observe des pertes accrues de glace;
- Le bilan hivernal montre une augmentation de la zone d'accumulation ce qui signifie qu'il y a eu plus de précipitations.
- Le bilan estival est négatif. On enregistre une perte de masse, ce qui traduit une augmentation de la température globale.

La présence du "Gros Caillou" sur le Plateau de la Croix-Rousse, (Lyon) loin des montagnes est la preuve que les glaciers (donc le climat) fluctuent au cours du temps
© Etienne Berthier

Le bilan est donc inquiétant puisque depuis les années 1990, les glaciers perdent de leur masse et globalement le front d’une grande majorité des glaciers recule. Etienne Berthier précise que «dans presque toutes les régions du globe, les glaciers perdent de la masse depuis (au moins) les années 1990 et c’est la fonte accrue en été (donc l’augmentation des températures) qui explique ces pertes croissantes
(les chutes de neige hivernales varient peu).»
Les principales conséquences de la fonte glaciaire sont nombreuses : tourisme, ressources en eau, montée du niveau marin..., des réalités qu'Etienne Berthier pointe du doigt et démontre avec précision et intelligence.

Pour accompagner les propos d’Etienne Berthier, vous pouvez consulter son PDF et les visuels qu’il a présentés, qui sont mis à votre disposition en fin d’article :

- Visitez le site du Bureau des longitudes pour consulter le programme des futures conférences.

- D'autres émissions sur Canal Académie :

- Les horloges atomiques et les transferts de temps ultrastables
- Évolution des climats de Mars et de Vénus : Pourquoi ces planètes n’ont-elles pas connu le même destin que la Terre ?
- Irrégularités géophysiques de la rotation terrestre

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