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Si l’ours est aujourd’hui réintroduit dans le massif pyrénéen, il le doit à l’évolution du comportement des hommes.
Jusqu’en 1947, des primes de destruction etaient versées et il aura fallu attendre 1960 pour interdire les battues administratives. Aujourd’hui, notre regard sur l’ursidé a bien changé ! Réintroduit depuis 1996, il est devenu un véritable patrimoine, chaque ours porte un nom, attribué sur concours par les écoles.
Pour relancer la démographie de l’espèce (il ne restait plus que 5 ours en 1995) les chercheurs sont aller trouver des individus en Slovénie dont les « caractéristiques génétiques et écologiques correspondaient le mieux aux Pyrénées » précise Pierre-Yves Quenette.
« Nous avons démarré avec une phase expérimentale en réintroduisant 3 individus seulement, pour s’assurer qu’ils allaient bien s’adapter à leur nouvel habitat. Nous avons constaté qu’ils se déplaçaient plus que la normale, jusqu’à 70 km du lâcher avec des trajets un peu désorganisés. Et puis au bout de quelques semaines, leurs comportements se sont structurés ». Opération réussie, d’autres réintroductions ont vu le jour depuis cette date. Ils sont aujourd’hui 22 ours à la fin de l’année 2011, dont 3 naissances. Mais pour sortir de la catégorie des espèces en voie critique d’extinction, il faudrait au minimum une trentaine d’individus sur le territoire dont 8 femelles, « ou 50 pour avoir une probabilité d’extinction faible sur le long terme ».
En attendant, les équipes de l’ONCFS et son réseau de correspondants s’attèlent à l’observation de ces individus ; une observation fastidieuse lorsque l’on sait que le terrain de jeu d’un ours mâle est de 1000 km2 et que son activité est essentiellement nocturne !
Quelques ours ont été équipés de collier émetteur, envoyant régulièrement des informations précieuses aux scientifiques. Mais les colliers sont devenus obsolètes. Reste donc la technique d’observation indirecte : « On repère la présence des ours à partir d’indices (poils, fèces) récoltés sur le terrain. Nous avons également récemment mis en place un système de piégeage photographique pour repérer les femelles accompagnées de leurs oursons ».
La population, observée, encadrée, reste cependant fragile. Outre le taux d’accroissement assez faible (naissance de deux oursons en moyenne par femelle), la mortalité chez les petits est de l’ordre de 30 à 40% la première année. Autre élément qui pourrait poser problème à long terme : la perte de la diversité génétique : « Nous sommes partis d’un nombre limité d’individus (8 ours réintroduits). Et sur les 22 ours actuels, seul un mâle dominant participe à l’essentiel de la reproduction, pouvant poser le problème de consanguinité ». D’où la nécessité d’introduire de nouveaux individus... Mais la décision demeure politique. Car deux stratégies sont possibles : réintroduire dès maintenant quelques individus supplémentaires ou attendre que le nombre d’ours augmente naturellement, et qu’un jeune mâle remplace le dominant.
La cohabitation entre l’ours et l’homme
Lorsque l’ours est dérangé dans sa tanière, qu’il se retrouve blessé ou qu’une femelle sent ses oursons menacés, il peut être dangereux pour l’homme. « Depuis 1996 et jusqu’en 2010, nous avons comptabilisé 495 rencontres homme-ours dans les Pyrénées. Sur le total de ces rencontres, l’oursl s’est montré agressif dans 4 cas seulement. A chaque fois, il s’agissait une femelle avec ses petits ». Aujourd’hui, les exploitations forestières et le tourisme ont pris en charge cette composante pour éviter les rencontres dangereuses. Autre point : son alimentation. L’ours est à 70% végétarien. Les 30% restant sont d’origine animale, dont une petite partie d’animaux domestiques. La cohabitation avec le pastoralisme se pose alors. « Sur 600 000 brebis, nous avons imputé en 2011 à l’ours des attaques sur 250 bêtes. Le ratio est faible mais pour les éleveurs, c’est toujours trop. Il y aura toujours de la prédation avec un grand carnivore, mais il faudrait arriver à un niveau plus acceptable avec tout un panel de prévention, avec la présence de bergers, de chiens de protection et des clôtures électrifiées. Il est vrai que cela impose au berger des contraintes qu’il n’avait pas auparavant ».
Pierre-Yves Quenette est chef de projet de l’unité de recherche consacrée aux ours à l’ONCFS, Office national de la chasse et de la faune sauvage.
Cette émission est coproduite par Canal Académie et l’ONCFS à l’occasion du quarantième anniversaire de l’Etablissement public.
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Écoutez le premier CD enregistré par les sonneurs de l’ONCFS :
Particularité culturelle française indiscutable, la trompe de chasse bénéficie d’une image prestigieuse qui dépasse les seules frontières cynégétiques et rayonne à travers l’ensemble du patrimoine national.
En 1985, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) créait sa propre formation de sonneurs, rejoignant ainsi la Garde Républicaine et l’Office National des Forêts, seules institutions à posséder une formation de sonneurs.Constitué d’agents de l’établissement en poste dans les services déconcentrés, le groupe des Sonneurs de l’ONCFS est régulièrement associé aux cérémonies du monde cynégétique comme aux événements qui rythment la vie de l’établissement public. A l’occasion du quarantième anniversaire de l’ONCFS, Jean-Pierre Poly, Directeur général, a proposé aux sonneurs de réaliser leur premier enregistrement. Le résultat, un répertoire musical riche et varié, composé de quarante-quatre fanfares, intitulé : Les échos de la chasse et de la faune sauvage. Pièces traditionnelles et inédites se succèdent tout au long de ce disque, qu’il s’agisse d’airs de chasse ou de fantaisie. Un bel hommage rendu à la trompe de vénerie par des sonneurs passionnés, destiné aux connaisseurs comme aux amateurs.
« Les échos de la chasse et de la faune sauvage »
CD de 44 fanfares (15 € + 2,50 € de port).
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