Corbeille de mariage

Toujours d’actualité... la chronique de François d’Orcival
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Le signal était attendu. Depuis que le camp républicain s’était mis en ordre en marche avec son candidat, Mitt Romney, les démocrates ne pouvaient plus perdre de temps. Barack Obama devait dire qu’à « titre personnel », il était favorable au mariage homosexuel. Il l’a dit dans un entretien télévisé la semaine dernière. Cela figurera dans son projet de second mandat. Il avait déjà fait savoir qu’il avait « évolué » depuis le refus qu’il avait exprimé lors de son élection en 2008. D’où vient cette « évolution » ? De plusieurs facteurs pour lui stratégiques.

En premier lieu, les associations et lobbies « gays » ont conduit depuis quatre ans une intense campagne dans le camp démocrate pour faire bouger les opinions sur le sujet : les couches populaires et les Noirs, deux gros contingents d’électeurs, étaient les plus opposés à la légalisation de ce mariage. Dans ces deux catégories, les sondages montrent que l’hostilité s’est effritée, et 65% des démocrates sont désormais (selon Gallup) partisans du mariage « gay ».

Au sein même de l’équipe Obama, ministres et conseillers relaient avec de plus en plus d’insistance le même message. Chacun a compris que les « gays » pouvaient mettre beaucoup d’argent dans la corbeille de mariage. Les soutiens les plus riches d’Obama, de Wall Street à Los Angeles, appartiennent au milieu homosexuel et ils attendaient qu’il se prononce pour signer leurs chèques.

Dès l’annonce de son choix « personnel », une manifestation devait se tenir chez l’acteur George Clooney, à Hollywood, pour recueillir 12 millions de dollars. Une autre allait suivre à New York. Les plus petits chèques sont de 100 000 dollars. Pour donner une idée du lobbying, sachez, grâce au New York Times, qu’un milliardaire du Colorado, Tim Gill, lui-même « gay », a pu consacrer 235 millions de dollars à la promotion de la cause homosexuelle. La campagne politique se confond désormais avec elle.
Et puis, Obama se trouve dans la nécessité de sortir de son bilan économique. Quand les instituts de sondage posent la question aux Américains : « Votre situation est-elle meilleure que lorsque Barack Obama est arrivé ? », la réponse est partout négative – y compris chez les démocrates. En parlant de sujets de société, il change de terrain. Car même si la personnalité de Mitt Romney ne suscite pas l’élan, celui-ci devance aujourd’hui nettement Obama dans l’électorat blanc.

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 19 mai 2012. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.

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