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Dans Thématique 2012 - Asymétries et forces neuves du monde actuel :
Invité à l’Académie des sciences morales et politiques par la présidente pour l’année 2012, Marianne Bastid Bruguière, qui a choisi d’organiser toutes les séances autour du thème "Asymétries et forces neuves du monde actuel", Alain Rouquié a présenté la dynamique de l’essor du Brésil, pays émergent qui entend jouer un rôle international majeur.
Rappelons que le texte ci-dessous n’est qu’un résumé des propos de l’intervenant et qu’il convient d’écouter sa communication pour en percevoir tout l’intérêt.
L’ambassadeur Rouquié a comparé deux moments de l’histoire de ce pays pour mieux juger du bond en avant :
1985 : après 20 ans de régime militaire, la démocratie est enfin implantée mais avec une forte inflation
2005 : le pays devient leader, sans rival, avec une ascension irrésistible mais non incontestée...
Le Brésil s’efforce depuis lors d’être à la fois une puissance régionale en Amérique du Sud et une puissance internationale (notamment lors des G20). Désormais il exige un rôle à sa mesure.
Cette mutation était-elle attendue ? S’inscrit-elle dans la durée ou était-elle éphémère ? Alain Rouquié rappelle quelques uns des éléments clés de la puissance brésilienne (20 % des ressources de la planète, un des greniers du monde où la recherche agronomique est très performante, beaucoup de pétrole, en mer notamment, et de biocarburants...) et donc, une puissance tout à la fois agricole, minérale, industrielle (métallurgie, transports, aéronautique, travaux publics etc.).
Autre dimension essentielle de la puissance brésilienne : les déterminants culturels. "Le Brésil est un pays neuf" et les Brésiliens en sont fiers, cultivant volontiers une idéologie de la grandeur. Ils ont confiance en l’avenir (les enquêtes le prouvent). Ils veulent faire avancer leur pays de 50 ans en 5 ans !
Donc des potentialités énormes, qu’ils ont certes mis du temps à développer mais qui ont réussi grâce à trois facteurs :
la stabilité politique
la continuité
la démocratie.
L’inflation a été jugulée, l’économie a pu repartir, l’ouverture au monde a accentué la compétitivité (les gouvernements en alternance ne remettent jamais en question ces objectifs). Cette orientation économique s’est accompagnée d’avancées sociales. En 15 ans, avec une rigueur de gestion, un désendettement, et une stabilité favorable aux investissements, le Brésil est devenu ce que l’on voit aujourd’hui. La crise de 2008 a eu peu d’impact sur lui.
Cependant, les problèmes sont loin d’être tous résolus. Il reste beaucoup trop de fonctionnaires, trop d’impôts, et encore trop de pauvreté et d’inégalités sociales engendrant des violences. Il reste beaucoup à faire aussi dans le domaine des infrastructures, et les dépenses sociales, très élevées, semblent mal ciblées.
Alain Rouquié s’interroge, pour terminer, sur la pérennité de cette émergence. Si le Brésil est perçu comme un chef de file continental, fort (malgré une armée sous-équipée car le pays a renoncé aux dépenses militaires), écouté quand il parle au nom des autres pays du Sud, peut-il réellement devenir le porte parole d’un continent et jouer un rôle particulier ?
Écoutez dans cette émission tous les arguments développés par Alain Rouquié.
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