Paris-Cordoue se retrouvent au Festival de la Diversité culturelle 2012

avec Florence Delay, de l’Académie française, Philippe Ratte, Javier de Lucas, Jean-François Legaret et Carla Arigoni
Avec Virginia Crespeau
journaliste

La mairie du premier arrondissement de Paris, qui organise du 14 mai au 2 juin 2012, sous l’égide de l’UNESCO, le Festival de la Diversité culturelle, met à l’honneur pour cette 4ème édition, la ville de Cordoue. A cette occasion, Canal Académie reçoit Florence Delay, de l’Académie Française, grande spécialiste des auteurs espagnols du Siècle d’Or, Philippe Ratte, ancien haut-fonctionnaire de l’Unesco au secteur de la culture, Javier De Lucas, directeur du "Colegio de España" à la Cité internationale universitaire de Paris, Jean-François Legaret, maire du premier arrondissement et conseiller régional d’Ile-de-France, et Carla Arigoni, présidente du comité municipal d’animation culturelle du premier arrondissement de Paris. Ils évoquent pour nous la richesse de ce Festival original, et le choix de la ville de Cordoue, symbole de la tolérance et de la diversité culturelles.

Émission proposée par : Virginia Crespeau
Référence : carr889
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Dans le cadre de la Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement UNESCO 2012, la mairie du 1er arrondissement de Paris et le comité municipal d’animation culturelle organisent depuis quatre ans un Festival de la Diversité, qui se déroulera cette année 2012 du 14 mai au 2 juin.

L’affiche du Festival de la Diversité culturelle 2012

Chaque année, plusieurs animations sont proposées gratuitement au public pour mieux faire connaître et apprécier ce que nous devons aux autres cultures et prendre la mesure de la diversité de leurs apports, de leur unicité, de leur complémentarité et de leur solidarité.

Cette année, l'invité d'honneur sera l’Espagne et plus particulièrement la ville de Cordoue.

Expositions, concerts, débats, conférences, théâtre pour enfants, artisanat et art contemporain seront au rendez-vous.

Cordoue, ville du sud de l’Espagne, située en Andalousie, sur le Guadalquivir

Un 1er arrondissement aux couleurs de la ville de Cordoue

Paris organise donc à partir du 14 mai, dans son premier arrondissement, la 4e édition de ce Festival de la Diversité Culturelle avec le soutien de l’Unesco et de divers partenaires : l’ambassade d’Espagne, l’Institut Cervantes et l’Office Espagnol du Tourisme en France.

Mais pourquoi fêter la diversité culturelle dans cet arrondissement parisien ? Son maire, Jean-François Legaret, en rappelle les caractéristiques : «c’est un petit arrondissement, bien situé, au centre de la capitale et qui possède l'un des patrimoines culturels et monumentaux les plus exceptionnels au monde».
Mais ce patrimoine a été le fruit de contributions d'architectes, d'ingénieurs et d'artistes du monde entier, le fruit donc de la diversité.

Jean-François LEGARET, Maire du 1er arrondissement de Paris

«C'est probablement l’arrondissement le plus contrasté de Paris. Sur un même territoire, nous avons à la fois la place Vendôme et le Forum des Halles, deux mondes qui cohabitent dans un même endroit, bien qu'ils n'aient pas les mêmes habitudes et n’attendent pas les mêmes choses ! C'est une grande chance de pouvoir côtoyer au quotidien des univers, des traditions et des projections si différentes».
A ce lieu de foisonnement culturel, le Festival a donc décidé cette année d'associer la ville de Cordoue, invitée d'honneur, qui demeure elle aussi un symbole de cette diversité culturelle, puisqu’elle s’est développée sous l'égide d'une multitude de cultures, depuis Rome et les civilisations arabes jusqu’à aujourd’hui.

C’est, pour Jean-François Legaret, une véritable chance pour le 1er arrondissement de pouvoir, à travers ce Festival, effectuer un travail d’ouverture et de pédagogie, notamment vis-à-vis de la jeunesse.
Une belle initiative qui, dans le cadre de l’Union Européenne, permet de transmettre un message fort de connaissance et de tolérance : «elle permet de faire comprendre aux jeunes et aux moins jeunes générations que nous ne sommes pas seuls».

Vue de Cordoue

Comment, à travers l’exemple de Cordoue, caractériser cette diversité culturelle ?

Florence DELAY de l’Académie française

Pour Florence Delay, de l'Académie française, Cordoue est sûrement le meilleur exemple d'une ville née de la diversité culturelle. C'est avec émotion qu'elle nous parle de ce lieu, et de l'Espagne tout entière, qui la font vibrer : «C'est à la fois le paysage, la rencontre avec de grands auteurs comme Calderon et Federico García Lorca, cette langue accentuée que j'aime, à laquelle je dois autant qu'à ma langue maternelle».

Mais quelle est la particularité de Cordoue, pourquoi a-t-elle attaché historiquement son nom à la diversité ?

Pour le professeur Javier De Lucas, Cordoue n’est pas uniquement un monument historique. Elle possède une tradition de diversité, à travers la cohabitation de cultures, de personnes, d'ethnies ou de religions différentes. Ville très dynamique, elle a su récupérer divers éléments d'une tradition qui remonte jusqu’à Sénèque et l’héritage romain, en passant par le monde arabo-musulman.

Conséquence de cette diversité, elle a par exemple donné deux voire trois des plus importants philosophes de l’histoire : Averroès, Maïmonide et même Sénèque. «Cordoue, c’est toute une image, l’image de l’art, de la culture et de la tradition islamique, mais c'est aussi l'image de forêts de colonnes de la mosquée/cathédrale, de l’ancien quartier juif, ou de sites archéologiques. Cordoue est la condensation de tous ces éléments, de tous ces siècles de civilisations».
La ville a ainsi été l’image topique du « bien vivre ensemble » ;
Cette tradition de « tolérance » reste cependant à discuter car le « bien vivre ensemble » de Cordoue a été longtemps idéalisé; l’exemple même de Maïmonide est prégnant : ce philosophe juif, respecté certes, dut pourtant s’enfuir et se réfugier au Maroc puis au Caire, chassé par les Almohades qui gouvernaient alors la ville.

Cette notion du «vivre ensemble» demeure pour Florence Delay capitale et l’Académie Française, elle-même, a pris part à cette question en faisant entrer dans son Dictionnaire en 2004 le mot «convivence», de «cumvivere» (vivre avec).
Une «convivence» qui va de pair avec la diversité, sous toutes ses formes.

Philippe Ratte, ancien haut-fonctionnaire de l'Unesco au secteur de la culture, conclut cette émission, en nous rappelant les origines de la création de l'UNESCO et de l'adoption par cette grande institution internationale, d'une nouvelle déclaration sur le thème de la diversité culturelle

La diversité est en effet un thème récurrent de l'Unesco depuis sa fondation le 16 novembre 1945, suite au désastre de la Seconde Guerre mondiale, conflit qui a été perçu comme «le reniement de l'idéal démocratique de dignité, d’égalité et de respect de la personne humaine, idéal inhérent à la démocratie» (Charte de l'Unesco).
Un thème qui a amené l'Unesco à faire adopter à l'unanimité le 2 novembre 2001, par ses Etats membres, la Déclaration universelle de l'Unesco sur la diversité culturelle, et cela dans un contexte très particulier: au lendemain des évènements du 11 septembre 2001, et la Conférence générale de l’UNESCO, qui se réunissait alors pour sa 31e session, était la première réunion de niveau ministériel à se tenir après ces terribles drames. Ce fut l’occasion pour les États de réaffirmer leur
conviction que le dialogue interculturel constitue le meilleur gage pour la paix, et de rejeter catégoriquement la thèse de conflits inéluctables de cultures et de civilisations. Un instrument d’une telle envergure constitue une première pour la communauté internationale. Il érige la diversité culturelle au rang de « patrimoine commun de l’humanité », « aussi nécessaire pour le genre humain que la biodiversité dans l’ordre du vivant », et fait de sa défense un impératif éthique, inséparable du respect de la dignité de la personne humaine.

Cette diversité, pour Philippe Ratte, a été érigée comme principe directeur pour fonder l’avenir et instaurer les bases d'une paix durable. «Fondamentalement les hommes pêchent par ignorance et par préjugés, ce qui finit par conduire au conflit, voire à la guerre. Deux remèdes peuvent être apportés : l'éducation et la culture, d’où la fondation de l’Unesco».
«Le seul point commun entre les hommes est qu'ils sont tous pétris de diversité. Celle-ci privilégie l’écoute, la relation et la rencontre. Ce Festival de la Diversité Culturelle organisé dans le premier arrondissement de Paris aujourd'hui est un beau prétexte pour réunir des cultures différentes et permettre aux hommes de mieux se connaitre en sortant de la perception limitative d’être seulement un soi».

Quelques moments forts du Festival :

Diego El Cigala, célèbre chanteur de Flamenco

Les moments forts auront principalement lieu le lundi 21 mai, journée particulièrement espagnole, illustrée par le bailaor de Cordoue Manolo Gutierrez et la compagnie Vaiven, le concert de musique baroque andalouse par le sextet Cinco Siglos, la présence spectaculaire de la Reine du Carnaval de Tenerife, Carmen Gil González et des danses populaires du Pays Basque Aurresku.

Le jeudi 31 mai, un concert exceptionnel clôturera le Festival avec la venue du célèbre chanteur de Flamenco Diego El Cigala.

Sans oublier, la présence de jeunes talents tels que Liu Shen, jeune prodige chinois âgé de 11 ans qui donnera un récital de chant classique.

En savoir plus

Pour plus d'informations consultez la page Internet consacrée au Festival de la Diversité Culturelle sur le site de la mairie du 1er

La reine du Carnaval de Tenerife dans sa robe spectaculaire

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Retrouvez notre autre émission avec Carla Arigoni : Le festival Poiesis dans la petite ville italienne de Fabriano

Consultez la fiche de Florence Delay sur le site de l'Académie Française

Vous trouverez la convention de l'Unesco en bas de cet article au format pdf

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