Leili Anvar : La quintessence des religions chez l’iranien Ostad Elahi

Spécialiste de littérature persane et de poésie mystique, elle intervenait au colloque "Quelle sagesse pour notre temps ?" de la Fondation Ostad Elahi Ethique et Solidarité humaine

A l’occasion de la 10 ème édition de la journée de la solidarité humaine, l’Institut de France accueillait dans un colloque dont le thème s’articulait autour de la question "Quelle sagesse pour notre temps ?" Leili Anvar, maître de conférences en littérature persane à l’institut national des langues et civilisations orientales et spécialiste de poésie mystique, qui, dans un exposé intitulé "La quintessence des religions chez Ostad Elahi", apporte un éclairage concret et personnel de la conception de la sagesse du philosophe.

Cette émission vous est proposée dans le cadre du partenariat établi entre Canal Académie et la Fondation Ostad Elahi Ethique et Solidarité humaine. Elle se divise en deux temps : dans le premier, vous pourrez écouter l’intervention de Leili Anvar, puis, dans le second, l’entretien de Leili Anvar répondant aux questions du journaliste Jacques Paugam, modérateur et animateur de ce colloque.

La quintessence des religions chez Ostad Elahi

Ostad Elahi, puisqu’il s’agit de lui, fait partie des grands sages méconnus du 20ème siècle, grand sage, à la fois par sa pensée et par la manière dont il a vécu et réussi à extraire de sa propre vie une pensée qu’il a voulu ensuite transmettre, une pensée de la sagesse.
Et s’il n’est pas très connu, c’est précisément une des preuves de cette sagesse. Car de son vivant beaucoup de gens ont voulu le faire connaître, que ce soit comme musicien, puisqu’il était un immense joueur du tanbur kurde, mais aussi en tant que penseur mystique. Beaucoup de personnes sont donc venus le voir, que ce soit d’Iran où il vivait, ou d’Europe ou des Etats-Unis, pour le faire connaître ; et chaque fois, il leur disait : « Vous pouvez utiliser cet enseignement que je vous donne, mais ce n’est pas la peine de me citer nommément ». N’est-ce pas là un signe de très grande sagesse que cet effacement ?

Leili Anvar,chercheuse et maître de conférences en langue et littérature persane

Je disais donc un sage mystique, même si cela peut paraitre paradoxal d'accoler ces mots, sa pensée se résumant, en fait, à développer la raison saine pour se connaître et connaître par là la Vérité.
Le meilleur terrain de la connaissance, c’est à la fois le soi et la société, pour Ostad Elahi. C’est pourquoi il a vécu une vie sociale active sans laquelle aucune véritable sagesse n’est possible. Il était, je l’ai dit, musicien, mais aussi magistrat, et je dirais que le point commun entre ces deux discipline c’est à la fois la maîtrise de soi, l’exactitude, et le désir de vérité. Quand je dis vérité, je veux dire par là qu’un bon musicien est toujours quelqu’un qui est sincère avec celle-ci. Toute sa vie a été orientée vers sa quête, mais plus encore, et plus fondamentalement, vers sa pratique, et c’est à cela que je voudrais venir dans ce petit texte que je vais commenter.
Parce que pour Ostad Elahi la sagesse est primordialement une pratique.

Ce qui m’a amenée vers ce grand sage, moi qui suis plutôt spécialiste de la mystique amoureuse persane, du côté de l’émotion donc, plutôt que de la raison, c’est que voilà précisément un homme qui en plein XXe siècle reprend toute la tradition spirituelle et mystique dont il est pétri, -et qui est riche- , tradition qu'il connait fort bien, dont il a une connaissance livresque et théorique extrêmement vaste et qu'il reprend pour arriver à une conclusion inouïe, surtout pour les Iraniens : «la mystique classique met la charrue avant les bœufs», si j’ose dire.
Elle commence par l’amour en rejetant la raison, s’appuie sur l’émotion pour arriver à la connaissance de soi et de Dieu, alors qu’Ostad Elahi a comme ligne de force, le fait, au contraire, que c’est la raison saine qui doit mener (dans un horizon très très lointain) à l’expérience de l’amour divin.

Le mouvement est donc totalement inversé bien qu’il demeure l’héritier de cette tradition. Sa quête a été, toute sa vie, pour lui-même et dans son enseignement, une quête de la quintessence. D’où ce texte, qu’il a donné sous la forme d’un poème en persan, dans lequel il résume la quintessence des religions. Il a, par ailleurs, évoqué dans son enseignement oral la chose suivante qui montre à quel point il avait cette préoccupation de trouver une formule quintessentielle qui permette à l’individu de se développer, de vivre dans la société et en même temps de cheminer vers Dieu : « Toutes ces choses que je vous dis, ce n’est pas pour vous raconter des histoires, mais pour transmettre un enseignement. Tant que je n’ai pas moi-même pratiqué quelque chose il est impossible que je le conseille à quelqu’un, et tant que je n’ai pas exploré en profondeur une idée de sorte qu’elle ne soit contestable ni dans ce monde ni dans l’autre, je ne l’exprime pas. Je n’ai imité personne, et tout ce que je dis est le résultat de mes propres observations et de mes propres expériences. J’ai résumé la quintessence de toutes les religions en quelques mots, et je l’ai mise à la disposition de ceux qui marchent vers la vérité ».

Et voici donc cette quintessence des religions : « Si tu veux connaître l’essence de la religion, voici les principes et convictions qu’il te faut adopter. Tout d’abord mets ta foi en Dieu, Dieu unique, sans égal et invisible, sans associé, Lui qui fut et sera de toute éternité ».
On peut voir que les différents monothéismes ne sont pas uniquement le judaïsme, le christianisme et l’islam, mais aussi le zoroastrisme qui est la religion ancienne des Iraniens. Il va ensuite reprendre cette idée de «Dieu», qu’il aurait presque fallu traduire par «divin». Car dans la pensée d’Ostad Elahi, Dieu est finalement un concept tellement ancré dans des dogmes particuliers qu’il vaudrait peut-être mieux parler du divin comme l’Un, et comme une idée de la Vérité.

«Ensuite, tout être quel qu’il soit, considère-le en bien, car à l’origine, aucune créature n’est mauvaise. Il n’est de mal que les actes, non ceux qui les commettent, et contre de tels actes ton devoir est de lutter».
Voici un petit texte qui semble énoncer des évidences, mais dans lequel, en même temps, je voudrais vous signaler que toute une métaphysique s'y déploie. Hormis la question de Dieu et celle de l’au-delà, vous voyez que la première chose qu’il évoque dans cette quintessence, c’est la question du mal. On trouve ne effet, dans ce texte, Dieu au début, la foi à la fin, et au cœur : le mal et le bien. Car finalement la sagesse «opérationnelle» si j’ose dire, doit répondre à deux questions fondamentales : qu’est-ce que le mal, qu’est-ce que le bien ? Qu’est-ce que je ne dois pas faire et qu’est-ce que je dois faire ? Pourquoi je ne dois pas le faire et pourquoi je dois le faire ? Et c’est à cela que se résume, finalement, cette sagesse.

Ostad Elahi invite à changer de regard. « Aucune créature n’est mauvaise » : quand je dis que toute une métaphysique se déploie, Ostad Elahi est clairement du côté de ceux qui pensent que le mal n’existe pas. Le mal est un accident, c’est quelque chose qui n’a pas d’existence propre.
Et cela précisément à cause de ce fondement que l'on avait au début : il y a un divin créateur, un être qui a fait ses créatures, qui est le bien absolu, et qui ne créé pas le mal. Le mal est l’apanage des hommes lorsqu’ils agissent en mal. Il nous invite donc à changer de regard pour «voir la poutre qui est dans notre œil, plutôt que regarder la paille qui est dans l’œil du voisin». Si quelqu’un commet le mal, c’est juste l’acte qui est mauvais, ce n’est pas l’essence de la personne. Contre de tels actes, ton action, ton devoir est de lutter. Cela ne veut pas dire lutter contre ceux qui font le mal, mais lutter contre les pulsions de mal que chacun a en lui-même. Il y a ce premier «mouvement» de l’éthique qui est également le premier «mouvement» de la sagesse, la base du développement de ce qu’Ostad Elahi revendique : la raison saine, c’est d’éviter le mal.

Dans la religion ancienne des Iraniens, religion qu’Ostad Elahi connaissait fort bien et qu’il a plusieurs fois citée dans ses écrits, il y a cette maxime de Zoroastre qui dit, en réalité, que toute vie humaine bien menée, qu'une vie humaine sage, se résume en trois points : « dire le bien, faire le bien et penser le bien ».
Et, bien plus, avant de dire le bien, de faire le bien et penser le bien, il faut éviter de dire le mal, de faire le mal et penser le mal. Et l'on voit ces trois choses se déployer ici de manière assez concise, se déployer dans la notion même qu’il a du mal.

Alors maintenant, le bien. Le bien, qu'est-ce que c'est ? « Quant aux hommes de bien, reconnus comme tels, tu te dois de les respecter quel que soit leur rang. Enfin, en tous temps et en tous lieux, ce qui est considéré par les sages comme bon, qui engendre l’ordre et la paix pour les hommes, qui émane du droit, observe-le pour toi et envers les autres, et de ce qui est contraire à cela, éloigne toi ».
Ce qui est considéré par les sages comme bon... je me dis que la fondation Ostad Elahi a peut-être eu une excellente idée d’organiser cette journée, puisqu'elle a pour but, justement, de nous dire ce que les sages considèrent comme bon. Et ce projet est tout-à-fait en accord avec celui d’Ostad Elahi : entendre tout ce que la tradition, les traditions, les sages, les envoyés, tous les grands spirituels nous ont dit pour en tirer une quintessence et, surtout, pour en tirer un enseignement pour notre vie de tous les jours, dans notre interaction avec nous-mêmes, avec les autres, et avec le divin.
Le mot persan qui se traduit par « sagesse » induit précisément la raison. Le sage est donc quelqu’un d'éminemment raisonnable. Et en ce sens, ici, on trouve énormément de points communs entre la pensée d’Ostad Elahi et la pensée de Socrate, en particulier dans l’articulation de la raison.

Je finirai enfin sur la question de la foi qui revient à la fin du texte : « Alors tu pourras adopter toute croyance qui ne soit pas contraire à ces principes, à condition qu’avec foi tu en appliques les commandements ».
Cette question est ici fondamentale. Je vais la traiter en deux phrases, en revenant également sur la fin de La République lorsque Socrate dit (après cet immense dialogue qui suit la fameuse question : qu’est-ce que la justice) : « Finalement je ne peux pas vous prouver par a+b ce que c’est que la justice. Ayez foi dans mes paroles, pratiquez-les, à ce moment-là vous deviendrez cher à vous-même et aux Dieux ».
Ostad Elahi dit exactement la même chose. Il n’y a pas d’opposition entre raison et foi, bien au contraire. La foi est à la fois le socle sur lequel se développe la raison saine et en même temps l’épanouissement humain vers lequel chacun tend. Il dira par ailleurs « Être un animal humain, comme c’est facile, mais devenir un être humain, comme c’est difficile ! ».

Vous voyez que dans ce texte, qui a l’air si simple mais qui est pourtant si complexe si l'on veut en pratiquer tous les détails et devenir enfin sage, il nous est bien dit quelle démarche pragmatique devrait être adoptée et que la sagesse est avant tout action. Il y a la foi, les croyances, beaucoup de choses, mais l'important reste cette question : «si tu veux comprendre l’essence de la religion ». Il n'emploie par la suite que des verbes d'action, comme lutter, faire, agir.

C’est donc sur ces trois axes, la raison, la foi, la pratique, que se déploie la pensée de la sagesse telle que la conçoit Ostad Elahi.


Retrouvez maintenant la seconde partie : l’entretien entre Leili Anvar et Jacques Paugam, journaliste à Canal Académie.

- Jacques Paugam : Alors si l’on prend le premier point, c’est-à-dire la foi, puisqu’il s’agit d’un des piliers de la sagesse, si j’ai bien compris, il y a une espèce d’imbrication permanente entre connaissance de soi et connaissance de Dieu ?

Je lis un texte d’Ostad Elahi : « Tu ne peux connaître Dieu qu’à la mesure de la parcelle divine qui est en toi, donc efforce-toi de te connaître toi-même afin que tu puisses ainsi connaître Dieu ». On peut affirmer que c’est imbriqué, on le voit d’ailleurs dans ce texte, mais encore une fois je voudrais insister sur le fait que c’est parce que la nature humaine est fondamentalement divine. Se connaître soi-même c’est donc connaître le divin aussi dans ce sens-là.
Il dira par ailleurs : «pénètre en toi-même pour trouver Dieu, quand tu l'auras finalement trouvé, tu auras tout résolu». Il n’y a absolument pas de doute. Il y a un dieu qui englobe toutes choses, y compris l’homme qui cherche à le connaître ; en ce sens se connaître soi-même, c’est arriver au divin, car c’est connaitre la véritable nature de son être qui est divin.

- Jacques Paugam : Tout à l’heure on évoquait Marc Aurèle ; j’ai l’impression en lisant Ostad Elahi qu’on retrouve également cette dimension là, c’est-à-dire que murir sa propre humanité, c’est en même temps murir l’humanité entière. On n’est jamais seul, on est toujours lié aux autres ?

- Leili Anvar : Absolument, à plusieurs égards. D’un côté, du point de vue personnel puisqu’il dit en réalité que l’âme ne peut arriver à sa maturation qu’en relation avec les autres, à la fois parce que la société est un laboratoire dans lequel on est confronté, précisément, à nos propres pulsions d’abord, puis aux pulsions des autres, mais aussi parce que finalement, et c’est là un point encore plus fort peut-être, parce qu’il y a dans le mouvement vers l’autre quelque chose qui est irremplaçable. L’autre est indispensable à la réalisation de ma propre humanité. L’empathie, la miséricorde, l’altruisme, ce sont des choses dont on ne peut pas se passer dans un mouvement de connaissance de soi, parce que se connaître soi-même c’est aussi intégrer l’humanité de l’autre.

- Jacques Paugam : Très concrètement au niveau d’une sagesse de tous les jours, il y a des éléments qui m’ont frappé dans les textes que j’ai pu lire d’Ostad Elahi. Notamment l’importance qu’il attache à nos relations avec le pouvoir, y compris à titre personnel, en disant que la cause de tous les égarements, si j’ai bien lu, c’est l’amour du pouvoir.

- Leili Anvar : Oui, il le dit plusieurs fois, et dans différents sens. Pour lui, le pouvoir c’est l’anti-spiritualité par excellence. Le pouvoir est «anti-spirituel», le versant le plus évident restant le versant politique.
Il dira toujours qu’on ne peut pas mélanger, qu'il faut choisir entre la spiritualité, le développement de la sagesse et la politique.

- Jacques Paugam : Il reste Saint-Louis tout de même...

- Leili Anvar : Oui, bien-sûr, il y a des exceptions, mais disons que en général, quand on veut le pouvoir politique, c’est rarement pour de bonnes raisons ou parce qu’on veut devenir plus sage ! En tous cas c’est ce que pense Ostad Elahi, et là-dessus beaucoup seront d’accord.
Mais il y a plus subtil. Il pense qu’en spiritualité aussi, l'un des grands écueils qui nous empêchent d’avancer est l’amour du pouvoir spirituel. Disons qu’il y a une ambiance générale dans la pensée, dans l’histoire des idées, qui tend à montrer que le fait d’«avoir» des pouvoirs spirituels est justement «un signe» de pouvoir spirituel, si j’ose dire, en tout cas de réalisation personnelle.
Quelqu’un qui fait des miracles, qui a le pouvoir de lire dans les pensées, voire même les personnes qui ont l’impression de se maîtriser elles-mêmes, tout ce genre de pouvoirs constitue un danger : croire qu’on a pouvoir sur soi-même.
On devient enivré de son propre ego. Or l’égo est l’obstacle majeur à la connaissance de soi. Sur ce point, je pense que toutes les sagesses sont d’accord.

- Jacques Paugam : J’ai lu aussi chez Ostad Elahi : « Le plus grand plaisir est le renoncement au plaisir ». Ça me fait peur !

- Leili Anvar : C’est plus subtil que cela. Ostad Elahi raconte qu’un jour, il passait dans la rue et vit un ouvrier en train de manger du pain. Après l'avoir mangé, celui-ci fit un rot bien sorti. « Quand j’ai vu cela, je me suis dis : «c’est magnifique quelqu’un qui a autant de plaisir à manger son pain» ».
Ce plaisir-là relève de la gratitude des dons de Dieu, et il n’est pas question d’y renoncer, puisqu’Ostad Elahi était contre toutes formes de mortifications du corps. Au contraire, entrer dans un plaisir légitime qui est celui de manger une nourriture saine, ce n’est non seulement pas mauvais mais c’est même bon puisqu'il s'agit d'un don de Dieu. Ce qui est mauvais ce sont les plaisirs et les pulsions illégitimes. Et c'est à ceux-là qu’il faut renoncer.

- Jacques Paugam : Vous disiez tout à l’heure qu’on n’est pas sage seul dans son coin. Alors dans sa vie, c’est assez extraordinaire, à 24 ans, Ostad Elahi change tout !

- Leili Anvar : Oui absolument, on aurait pu finalement faire le résumé de sa sagesse en faisant le résumé de sa vie, car il a en effet pratiqué le renoncement au plaisir (y compris parfaitement légitime) pendant toute sa jeunesse, en pratiquant une spiritualité tout-à-fait classique.
Avant 24 ans, il a vécu dans une ascèse quasi-permanente, il jeûnait continuellement, dans une vie absolument contemplative, retirée du monde, entièrement consacrée à toutes les formes que pouvait prendre la spiritualité : les jeûnes, la prière, les pèlerinages, la musique bien-sûr, qui a joué un très grand rôle dès son plus jeune âge.
Et puis à 24 ans, étant arrivé à un accomplissement parfait dans ce domaine, il décide de mettre cela à l’épreuve, parce que si l'on n’éprouve pas ce que l’on a acquis, ce que l'on croit en tout cas avoir acquis spirituellement, cela n’a pas de valeur. Il part donc dans le monde, devient magistrat, métier très difficile en tout lieu mais particulièrement en ce début du XXe siècle en Iran, au moment où le droit laïc se met en place, -il a d’ailleurs contribué à l'élaboration de cette justice laïque en Iran-, qui le confronte à tous les problèmes de corruption que l'on peut imaginer.
Il pratique, et cette profession de magistrat est très intéressante parce qu'elle montre que, quand il parle de droit et de justice, il sait vraiment de quoi il parle. Ce n’est sans doute pas un hasard qu’il ait choisi ce métier, qui met au centre de tout, cette question de justice, au cœur même de sa propre interrogation sur la sagesse.
Il met cela en pratique et dira plus tard qu’une année passée dans la société a autant de valeur que douze ans passés en ascèse… Une heure de lutte contre le soi impérieux, cela veut précisément dire une heure de lutte contre les mauvaises pulsions du «ça» au milieu de la société.

- Jacques Paugam : Il a été un grand musicien on peut le dire puisque Maurice Béjart avait pour lui une admiration sans limites. Quel lien établissez-vous chez lui entre la recherche de la sagesse et cette vocation de musicien exercée parallèlement à ses activités dans la société ?

- Leili Anvar : Pour Ostad Elahi la musique a pour but de relier l’âme au divin. On en revient à nouveau à ce dont on parlait au début. La musique a, en même temps, pour fonction, comme la prière d’ailleurs, de donner à l’âme l’énergie qui lui permet ensuite de mener ce travail extraordinairement exigeant qu'est la pratique éthique au quotidien.
La musique est donc à la fois un moyen de se relier au divin et une nourriture pour l’âme. Il dit également souvent qu’il n’a jamais jamais compté son temps pour la musique, parce que, justement, c’est un espace dans lequel il entrait en communication avec le divin. Il s'agit de quelque chose qu’il n’aurait échangé pour rien au monde.

- Jacques Paugam : Ce colloque est organisé à l’occasion du dixième anniversaire des événements du 11 septembre. Or, Ostad Elahi est né un 11 septembre ! Comment comprendre cela ?

- Leili Anvar : Pas comme une superstition. Ce qui est certain, c’est qu’Ostad Elahi a toute sa vie lutté contre l’esprit magique et l’esprit de superstition qui accompagne toute religion. Je considère cela tout simplement comme un hasard de la chronologie...

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La Fondation Ostad Elahi-éthique et solidarité humaine est une fondation reconnue d'utilité publique créée par décret du Premier ministre le 27 janvier 2000. Elle possède le statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations Unies. Le Conseil de l'Europe et l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sont membres de droit de son Conseil d'administration. Son président fondateur est M. Bahram Elahi, professeur émérite de chirurgie infantile.

Fondation Ostad Elahi - éthique et solidarité humaine
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Ce colloque « Quelle sagesse pour notre temps ? », organisé par la Fondation Ostad Elahi, s’est tenu sous l’égide de l’Académie des sciences morales et politiques, en partenariat avec Le monde des religions et , à la Fondation Simone et Cino del Duca, à Paris.

Sur , vous pourrez entendre l’intégralité des interventions de ce colloque. Elles seront diffusées au fur et à mesure des mois qui viennent.

- Vous pouvez aussi écouter une émission avec le philosophe Bernard Bourgeois, de l’ASMP, qui présente ce colloque et surtout qui explique pourquoi notre époque n’est pas, selon lui, propice à trouver la sagesse…

- Ecoutez aussi le philosophe Bernard Bourgeois présenter ce colloque : Bernard Bourgeois : Quelle sagesse pour notre temps ?

- Ecoutez l'intervention de Michel Hulin, intitulée «L’orthodoxie et l’individualisme religieux en Inde».

- Ecoutez l'intervention de Maurice-Ruben Hayoun, intitulée «la sagesse dans la tradition juive et son apport pour aujourd’hui»

- Ecoutez l'intervention de Pierre Magnard, intitulée «Unicité de Dieu, unicité du genre humain»

- Ecoutez l'intervention de Geneviève Gobillot, intitulée «Le Coran, guide de lecture des Écritures»

- Ecoutez l'intervention de Anne Baudart, intitulée «La sagesse ? une médecine de l’âme»

- Ecoutez l'intervention de Michel Lacroix, intitulée « Réalisation de soi et style d’existence »

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