Autocréateurs de richesses

Plus que jamais d’actualité... la chronique de François d’Orcival, de l’Académie des sciences morales et politiques
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

C’est la réforme du quinquennat Sarkozy plébiscitée par les Français : 73% d’entre eux (enquête TNS Sofrès) considèrent comme très positive la création du statut d’auto-entrepreneur. A juste titre. Ils sont près d’un million à s’être lancés dans l’aventure et la moitié d’entre eux ont réalisé 4,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier. Une hausse de 40% sur l’année précédente – et en pleine crise ! Selon l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale, chaque auto-entrepreneur a généré un chiffre d’affaires moyen de 9 300 euros par an. Bien modeste ? Au contraire : ces 4,3 milliards d’euros de création de richesses, ces 9 300 euros, constituent un supplément de pouvoir d’achat ; c’est exactement l’équivalent de ce que l’État distribue en exonérations de charges fiscales et sociales sur les heures supplémentaires. Ici comme là, du travail en plus pour gagner plus.

Mis en œuvre par Hervé Novelli, alors secrétaire d’État au Commerce et à l’Artisanat, le régime de l’auto-entrepreneur est entré en vigueur en 2009 : en trois exercices, le nombre des créateurs a triplé et le volume de la richesse produite a quadruplé. Une révolution fondée sur l’autonomie et la liberté individuelle à l’égard de toutes les contraintes : trois clics sur Internet et vous voilà votre propre patron. Finie la lutte des classes. Les auto-entrepreneurs sont des chômeurs qui veulent s’en sortir, des retraités qui vont compléter leurs revenus, des jeunes qui ont envie de mettre à l’épreuve leurs idées.

Cette révolution, ce « changement de société », comme l’a dit Nicolas Sarkozy, est née de la nécessité de sortir de la rigidité des 1 500 pages du Code du travail, tabou intégral des syndicats de salariés. Un outil anti-travail, créateur de chômage mais stimulant pour l’imagination : il a fallu contourner ces dispositions rouillées pour pouvoir libérer l’initiative. Eh bien, cette libération, même modeste, même plafonnée, est maintenant contestée. Par les centrales syndicales, par certaines corporations et à leur suite par François Hollande et François Bayrou qui, l’un et l’autre veulent remettre en cause ce régime. Le premier par idéologie : on ne touche pas à un code du travail inscrit dans le marbre pour l’éternité ; le second par méconnaissance : il veut un régime « temporaire ». Mais la liberté est ou n’est pas, elle n’est jamais temporaire.

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 7 avril 2012. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.

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