Nucléaire : Le point de vue économique, par Jacques Lesourne, Jacques Percebois et Jean-Paul Bouttes

Leurs interventions au Colloque "Quel avenir pour le nucléaire dans la politique énergétique française ?(1/3)

Un an après l’accident de Fukushima, l’économie de l’énergie nucléaire fait toujours débat, surtout dans le contexte de la campagne présidentielle en France. Dans un colloque organisé à l’Académie des sciences morales et politiques en mars 2012 sur la question, Jacques Lesourne, Jacques Percebois et Jean-Paul Bouttes nous livrent les résultats de l’Ifri, de la commission 2050 et la vision d’EDF pour les années à venir. Canal Académie retransmet ici leurs communications.

Jacques Lesourne est président du centre Energie de l’Ifri. En introduction, il insiste sur les points suivants :
- L’importance selon lui de comparer des variantes plausibles (en prenant par exemple en compte la question de l’intermittence des énergies vertes)
- La cohérence des hypothèses de prix et de coût
- ne pas gommer les évolutions possibles des coûts et des prix
- veiller à intégrer les avantages extérieurs (comme les impacts locaux sur le plan de l’emploi)

Les objectifs demeurent la baisse de 20% des émissions de gaz à effet de serre avec notamment une augmentation des énergies renouvelables économiser 23% d’énergie grâce à l’efficacité énergétique (isolation par exemple).

En France 2 textes récents ont été publiés :
- le rapport de la Cour des comptes sur le coût du nucléaire
- le rapport de la commission 2050

Jacques Percebois, président de la commission 2050 nous présente les résultats de son rapport :

Nous dépendons encore en majorité des énergies fossiles qui représentent pas moins de 53% de notre énergie en France, dont 49% de la consommation finale correspond au pétrole. Son coût restera donc élevé ».
En France, on constate une baisse de l’intensité énergétique. La demande s’est stabilisée en France et a même baissé en 2009 du fait de la crise économique.

Il existe 4 scénarios possibles :
- l’accélération du passage des centrales de générations à la génération 5
- la prolongation de la durée de leur exploitation
- la réduction progressive du poids du nucléaire
- le retrait progressif du nucléaire après 40 ans de service.

Mais une chose est certaine : le coût de production du nucléaire sera plus élevé (de l’ordre de 70 euros par MWh au lieu de 57), se rapprochant ainsi du coût du gaz naturel. L’énergie la moins couteuse deviendra alors l’énergie hydroélectrique.
« Dans notre rapport, nous ne mentionnons pas le gaz de schiste qui aurait un coût encore plus bas » précise Jacques Percebois.

Au final, pour la commission 2050 « la prolongation des centrales reste la meilleure solution sur le plan économique, lorsque tout va bien. Cette solution permet d’attendre les technologies émergentes vers 2030 avec le stockage à grande échelle de l’énergie ».

Jean-Paul Bouttes, directeur de la prospective et de la stratégie d’EDF considère 3 enjeux :
- l’augmentation de nos besoins en énergie : la consommation d’énergie sera multipliée par 2 ou 3 à l’horizon 2030
- la maîtrise de la demande, point clé dans le débat. Il faut mesurer ce qu’entraînent les isolations thermiques et les réductions de consommation en tout genre.
- *Avec des filières d’artisans bien formés
- *Des labels pour les appareils
- *En diminuant la consommation de chaque foyer

- assurer la sécurité de l’approvisionnement.

Aujourd’hui, les équipes travaillent pour les années qui viennent sur la génération propre, mais actuellement, 1 tonne d’uranium équivaut à 10 000 tonnes de pétrole.

Jacques Percebois est Professeur à l’Université Montpellier I, Président de la Commission « Énergies 2050 ».

Jean-Paul Bouttes est, depuis 2007, Directeur de la Stratégie du Groupe EDF, en plus des fonctions de Directeur Prospective et Relations Internationales qu’il assure depuis 2005.

Jacques Lesourne est président du centre Energie de l’Ifri, économiste, polytechnicien.

En savoir plus :

Ecoutez la suite :

- Nucléaire : Pourquoi et comment en sortir ? Le point de vue de Benjamin Dessus, président de Global Chance
- Nucléaire : Quels risques pour les générations futures ? Points de vue du philosophe Jean Baechler et de l’économiste Michel Pébereau
- Bertrand Collomb, Edouard Brézin : conclusions du colloque sur l’avenir du nucléaire français

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