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Dans Actualité et Société, la chronique de François d’Orcival, de l’Académie des sciences morales et politiques :
Le patron a été licencié, la stratégie marketing changée, et les coûts traités « à la hache » : 60 000 licenciements sur 260 000 salariés, 13 000 départs de salariés syndiqués sur 60 000, quinze usines fermées, réduction de moitié du nombre de modèles (voitures et camions). Terrible « casse sociale », comme on dit ici. Mais au lendemain de ce choc, General Motors a déjà pu recruter 18 000 salariés nouveaux, selon le Wall Street Journal, et rouvrir une usine dans le Tennessee. Devant le même défi qu’ont fait les Français ? Ils ont aussi prêté de l’argent pour éviter des faillites mais en gelant les fermetures d’usines et les plans sociaux, freinant du même coup tout progrès de productivité.
Voyez le cas de Renault. Le constructeur a le culot d’inaugurer, en pleine compagne présidentielle, une usine de production de véhicules « low cost » à Tanger pour sa filiale Dacia (six mille salariés). A droite comme à gauche, condamnation unanime. « Scandale », « provocation », « prime à la casse de l’industrie » ! Le vrai scandale, c’est l’hypocrisie « électorale ». La France veut-elle concurrencer les salaires des pays émergents ? La responsabilité de nos dirigeants devrait être de rappeler à l’opinion qu’il ne s’agit pas d’emplois français délocalisés mais d’emplois roumains, puisque ce type de véhicules n’est pas produit en France mais en Roumanie… Quant à créer des emplois à bas salaires, ne vaut-il pas mieux le faire au Maroc plutôt que d’attirer chez nous des ouvriers immigrés ?
Au lieu de crier stupidement, il serait plus utile de comprendre que les véhicules « low cost » ne sont pas compatibles avec nos salaires. Qu’une main-d’œuvre très qualifiée convient en revanche aux voitures de haut de gamme, remplies d’innovations technologiques, pour des marchés qui ne cessent de grandir : BMW, Audi, Daimler, produisent chez eux et, malgré la crise, font de gros profits pour investir.
Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 18 février 2012. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.
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