Hommage au cardinal Henri de Lubac, par Jacques de Larosière, de l’Académie des sciences morales et politiques

Un théologien controversé très influent.
Avec Hélène Renard
journaliste

La pensée et l’oeuvre du cardinal Henri Sonier de Lubac, une des grandes figures ecclésiastiques du XX ème siècle, sont évoquées par Jacques de Larosière, président de l’Association internationale Cardinal Henri de Lubac, et le père Georges Chantraine de la Compagnie de Jésus, codirecteur des oeuvres complètes d’Henri de Lubac.

Émission proposée par : Hélène Renard
Référence : pag123
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Le cardinal Henri de Lubac (1896 -1991) était membre de l’Académie des sciences morales et politiques.

Jacques de Larosière, membre de l'Académie des sciences morales et politiques, a découvert le cardinal de Lubac lorsqu'il lui a succédé à l'Académie en 1993.
Georges Chantraine, jésuite, entré dans la Compagnie de Jésus en 1951, est docteur en philosophie, en théologie, professeur de théologie et fondateur de la faculté de théologie de Lugano. Il a entretenu des liens d'amitié avec le père de Lubac qui lui a légué tous ses papiers. Il a en charge la monumentale édition des œuvres complètes du cardinal de Lubac.

Qui est Henri Sonier de Lubac ? Né à Cambrai en 1896, il entre dans la Compagnie de Jésus à la veille de la Grande Guerre, en 1913 ; il est blessé à l'oreille en 1917. Après avoir achevé ses études en Angleterre, il est ordonné prêtre en 1927. Il commence alors à enseigner, principalement aux facultés catholiques de Lyon, avant la seconde guerre mondiale, durant l'occupation et jusqu'en 1950, date à laquelle il est interdit d'enseignement.

L'émission se déroule en 4 parties, suivant un plan chronologique en rapport avec la vie d'Henri de Lubac :

- Dans la première partie, le père Georges Chantraine revient sur les années d'occupation, les années 1940, durant lesquelles le père de Lubac a manifesté une résistance spirituelle en s'occupant de la publication Les Cahiers du Témoignage chrétien. Il considérait le nazisme comme fondamentalement anti-chrétien « La plus formidable entreprise pour chasser le Christ de notre humanité » écrit-il. Le premier numéro sort en novembre 1941. Parallèlement, il commence à publier les textes majeurs des Pères de l'Église, aidé en cela par le père Daniélou, futur cardinal, futur membre de l'Académie française, en participant à la naissance de la collection Sources chrétiennes (éditions du Cerf).

Le cardinal Ratzinger, membre étranger associé de l'Académie des sciences morales et politiques, a d'ailleurs rendu hommage à son confrère en ces termes : «
le père de Lubac était un inspirateur courageux de la résistance en France pendant la guerre. Il avait lutté contre l'idéologie du mensonge et de la violence, la vérité est aussi un glaive contre le mensonge et le père de Lubac n'a pas eu peur de diriger ce glaive contre le mensonge dans l'Église et hors de l'Église, avant et après le Concile.» (réf: La Documentation catholique, 21 juin 1998, n°2184, p.575s cité dans la préface de Renée Bédarida au livre Résistance chrétienne au nazisme).

En 1944, le père de Lubac publie Le drame de l'humanisme athée, un livre capital, l'un de ses ouvrages les plus célèbres, pour dénoncer le totalitarisme et le nihilisme.

Des opposants virulents

- La deuxième période abordée dans cette émission est celle des années d'après-guerre, 1945-1950 qui furent des années difficiles de conflit. Les réfutations contre son ouvrage intitulé Surnaturel, (paru en 1946, rééd. Desclée de Brouwer, 1991) se multiplient. Dans la hiérarchie de l'Eglise comme au sein de la Compagnie de Jésus, les opposants se font nombreux et virulents. On reproche au père de Lubac de ne pas se situer dans la ligne traditionnelle de la théologie thomiste. Il est alors interdit d'enseignement, de publication, de conférences, ses ouvrages sont retirés du commerce.

Appelé au Concile Vatican II
- La troisième période se situe dans les années 1960, années du Concile Vatican II. C'est en lisant le journal que le père de Lubac apprit qu'il était choisi pour participer aux commissions préparatoires du Concile Vatican II, que le pape Jean XVIII avait décidé de réunir en 1960.

Entretemps, en 1959, le père de Lubac avait été élu à l'Académie des sciences morales et politiques, succédant à Mgr Chevrot, le curé de saint François Xavier à Paris.

Les conflits théologiques auxquels le père de Lubac fut confronté font penser à ceux de Teilhard de Chardin, sur lequel il a d'ailleurs publié un ouvrage qui mit le Saint Office en émoi : La pensée religieuse du père Pierre Teilhard de Chardin (Le Cerf, 2002).

Tout au long de son parcours, le cardinal de Lubac a été soutenu par le pape Paul VI dont une évocation est ici proposée.

Un homme libre

- Enfin, la dernière période va de 1970 à 1991, année de sa mort. Il est nommé cardinal en 1983, par Jean-Paul II. Le père Chantraine nous fait comprendre comment le père de Lubac, profondément ancré dans la tradition de l'Église, était un homme d'une grande liberté d'esprit, assoiffé de vérité.

Pour en savoir plus:

Cardinal Henri de Lubac,  Mémoire sur l’occasion de mes écrits, éditions du Cerf, février 2006.

- Les oeuvres complètes du cardinal de Lubac, (notamment son livre le plus accessible au grand public, Mémoire sur l'occasion de mes écrits), sont publiées aux éditions du Cerf.

- www.editionsducerf.fr

A écouter également sur Canal Académie :
- La prière du père Teilhard de Chardin par le cardinal de Lubac
- La jeunesse du cardinal Henri de Lubac
- Carnets du Concile du Cardinal de Lubac

- L'Association internationale Cardinal Henri de Lubac, dont la mission est d'éditer les oeuvres du cardinal, reçoit des dons à l'adresse suivante : 128 rue Blomet 75015 Paris. CCP La Source 40 790 66 H.

- A lire : la revue La Nef n°172, juin 2006, consacrée à Henri de Lubac intituléDe la tempête au silence, du silence à la lumière.

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