Le tic tac iranien

Plus que jamais d’actualité... la chronique de François d’Orcival
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Les Iraniens sont de plus en plus nerveux. Ils procèdent à des tirs de missiles ; font envahir l’ambassade de Grande-Bretagne par leurs miliciens ; et menacent même de fermer le détroit d’Ormuz. Là, ce serait le casus belli. Sur ordre de la Maison Blanche, la marine américaine a aussitôt fait savoir que les bâtiments de la Ve flotte feraient respecter « la liberté de navigation dans le détroit » (il en serait de même des navires français basés à Abou Dhabi). C’est en effet par cette voie que transite le quart du pétrole mondial, notamment celui d’Arabie. Autant dire que la marine iranienne aurait été coulée avant même d’avoir tenté de bloquer le détroit.

Cette menace n’est en réalité qu’un aveu : le gouvernement de Téhéran commence à souffrir sérieusement - de la guerre secrète et des sanctions internationales dirigées contre lui. En cause : sa volonté de vouloir fabriquer une bombe nucléaire. Ce programme, vu comme la sauvegarde du régime, ne s’arrête pas. Mais le député Jean-Jacques Guillet, expert du dossier, le dit dans son dernier rapport : « Les sanctions internationales, combinées à des opérations menées par les services secrets occidentaux et israéliens, ont gêné l’avancée du programme nucléaire. »

Deux explosions successives sont attribuées à cette guerre secrète : elles se sont produites, en novembre dernier, sur une base aérienne, à Bidganeh, où sont assemblés et stockés des missiles (un général y a trouvé la mort et deux cents armes y ont été détruites), et sur un site proche d’une usine de traitement d’uranium, à Isfahan (Isfahan). En mai précédent, le terminal pétrolier d’Abadan avait été endommagé par des bombes, peu avant le passage du « guide suprême » Ali Khamenei. De nombreux ingénieurs et responsables du programme atomique ont eux-mêmes péri au cours de mystérieux accidents.

Attribuée aux services israéliens ou occidentaux, qui bénéficient des informations d’une communauté iranienne très implantée aux Etats-Unis, cette guerre clandestine s’ajoute à la guerre d’usure des sanctions. Dernière en date, une décision qui va faire très mal, signée par Barack Obama, consistant à couper toute relation avec la banque centrale iranienne. La prochaine, le 30 janvier : les Européens veulent cesser tout achat de pétrole iranien (compensé par les Saoudiens). La course contre la montre avec la bombe iranienne s’accélère. Ce sera la « séquence 2012 ».

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 7 janvier 2012. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’Académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.

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