Rencontre avec Mstislav Rostropovitch (1927-2007)

Le violoncelliste partage son amour pour la musique russe et la création contemporaine
Avec Priscille Lafitte
journaliste

Maestro Rostropovitch, membre associé étranger de l’Académie des beaux-arts, violoncelliste et chef d’orchestre, nous avait reçus au printemps 2006 dans ses appartements parisiens, pour parler musique russe et création musicale contemporaine.

Émission proposée par : Priscille Lafitte
Référence : hab018
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Dans cette émission, Mstislav Rostropovitch revient sur ses relations avec Chostakovitch et Prokoviev; il commente l'évolution de l'école russe de violoncelle; il évoque ses amitiés avec les compositeurs contemporains; il explique sa façon de choisir ses instruments, de diriger un orchestre...

Biographie :

©Brigitte Eymann

Mstislav Rostropovitch est né en 1927, en Azerbaïdjan, de parents musiciens. Ses premiers coups d'archet sur un violoncelle lui sont enseignés par son père, lui-même violoncelliste, et fils de violoncelliste. Le prénom "Mstislav" signifie "gloire vengée"...

En 1940, il interpréte le Concerto de Saint-Saëns avec orchestre. Trois ans plus tard, il commence des études d'interprétation, de composition et d'orchestration avec Simon Kozoloupoff, Chebaline et Chostakovitch.

En 1945, il obtient le 1er prix au Concours général de violoncelle de Moscou. Il a 14 ans. Il entreprend ses premières tournées à l'étranger: en Tchécoslovaquie en Finlande et en Italie.

En 1955, il épouse Galina Vichnievskaïa, grande diva du Bolchoï.

L'année suivante, la critique salue sa première prestation au Carnegie Hall de New York. La même année, il devient professeur au Conservatoire de Moscou.
Rostropovitch crée alors de nombreuses compositions spécialement écrites pour lui par Chostakovitch, Khatchatourian, Britten, Dutilleux, Lutoslawski.

Nommé "artiste du peuple de l'URSS" en 1966, il joue le rôle d'ambassadeur officiel de la musique soviétique en Occident. Son attirance pour la direction l'amène à diriger Eugène Onéguine de Tchaïkovski au Bolchoï en 1967.

Mais le ministre soviétique de la culture voit d'un mauvais oeil l'hospitalité accordée par Rostropovitch à l'écrivain dissident Soljénitsyne. Lors d'une tournée à l'étranger en 1974, Moscou lui signifie qu'il n'est plus le bienvenu en Union Soviétique. Accusé d'être un "renégat idéologique", il est déchu de la nationalité soviétique en 1978. Une citoyennenté que le gouvernement russe propose de rendre au violoncelliste en 1990; celui-ci refuse.

En 1991, il enregistre à Vézelay les Suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach (disque sorti en 1995) - «une seule goutte de Bach vaut une citerne d'autre musique».

Grand humaniste dans sa vie et dans son art, Rostropovitch atteint une rare intensité émotionnelle dans ses interprétations, aussi bien dans la musique concertante que dans la musique de chambre, avec de merveilleux partenaires tels qu'Emil Guilels, Oleg Kogan, Sviatoslav Richter, Vladimir Horowitz, Yehudi Menuhin, Martha Argerich et sa femme Galina Vichnievskaïa. Outre ses interprétations magistrales dans la littérature traditionnelle du violoncelle, il a créé plus de cent cinquante œuvres de compositeurs tels que Prokofiev, Chostakovitch, Britten, Dutilleux, Ohana, Jolivet et Lutoslawski.

©Louis Monier

Mstislav Rostropovitch a été élu membre associé étranger de l'Académie des Beaux-Arts, le 27 mai 1987, au fauteuil d'Henri Moore.

Il est décédé le vendredi 27 avril 2007.

Extraits musicaux:
- Dimitri Chostakovitch, Symphonie n°9, Allegro. National Symphony Orchestra; direction Mstislav Rostropovitch. Taldec Classics International.
- Benjamin Britten, Suite n°2, Andante Lento. Mstislav Rostropovitch, violoncelle. London.
- Dimitri Chostakovitch, Concerto pour violoncelle n°2. Mstislav Rostropovitch, violoncelle; Moscow Philarmonic Orchestra. Album The Russian Years, EMI Classics.

Lien vers l'Académie des beaux-arts

Cette émission a été enregistrée au printemps 2006.

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