Les débuts de la recherche spatiale française (1/2)

À l’occasion des 50 ans du CNES, avec Jacques Blamont, membre de l’Académie des sciences
Jacques BLAMONT
Avec Jacques BLAMONT
Membre de l'Académie des sciences

Le centre national d’études spatiales CNES fête ses 50 ans en décembre 2011. Jacques Blamont, premier directeur scientifique de cette institution et membre de l’Académie des sciences, évoque les moments forts du CNES : l’installation du champ de tir à Kourou en Guyane, le lancement de la première fusée Ariane ou encore les premiers vols habités.

C’est en 1961 que le Centre national d’études spatiales voit le jour, en pleine guerre froide. De Gaulle pense alors que la France a un rôle un jouer dans le domaine spatial, un monde écartelé entre les États-Unis et l’URSS.
Il créé la SEREB, Société d’études à recherche d’engin balistique, pour mettre au point les fusées et lancer en orbite des engins de 50 kilos. Son objectif à court terme est de lancer un petit satellite qui s’appellera Diamant. Le programme est accompagné d’un bureau d’études : le CNES qui voit le jour en mars 1962. « J’en ai été le premier directeur technique et scientifique. Il y avait tout à faire ! On ne savait pas ce qu’était un satellite et la manière dont ça marchait. On a créé une compétence à l’intérieur du CNES mais a été mis aussi sur pied une industrie spatiale française et européenne. La première chose que nous avons décidée, c’est que nous ne serions pas un bureau d’études mais une agence. Cela étendait notre domaine d’action : la fabrication des satellites mais aussi les stations de poursuite, le calcul d’orbite et la création d’une tutelle de communauté scientifique » raconte Jacques Blamont.

Dès le départ, la France a deux atouts : l’existence d’un champ de tir au Sahara avec une base de lancement à Hammaguir en Algérie. « C’est là que nous avons lancé nos premiers satellites Diamant. La SEREB était chargée de la mise au point du lanceur, le CNES se concentrait à la mise sur orbite ».
Mais, 1962 correspond aussi à l’indépendance de l’Algérie et il faut quitter la base. La France se tourne alors sur ses terres en Guyane, à l’emplacement de l’ancien bagne désaffecté en 1947 avec pas moins de 120 000 hectares inoccupés !

A Kourou, très rapidement, le CNES fait figure d’autorité. Il commence à développer ses propres lanceurs, là où jusqu’à présent c’était la SEREB qui s’en chargeait. « Elle restait militaire alors que nos actions étaient de l’ordre du civil » complète Jacques Blamont.
Et très rapidement, l’effort français se transforme en effort européen ; avec de grosses difficultés au début (11 tirs, 11 échecs pour la fusée Europa !) et deux agences européennes qui ne marchaient pas ( ELDO pour mettre au point les lanceurs et ESRO pour les satellites).

Lancement d’Ariane 5, 12 février 2005, Kourou.
© ESA-CNES-Arianespace

 

Quelques années après, la recherche spatiale européenne prend son envol : les deux agences n’en forment plus qu’une et s’appelle l’ESA. Le président Valéry Giscard d’Estaing décide de supprimer le programme français Diamant pour soutenir le programme européen Ariane.
« L’ESA, c’est le mariage d’une idée française, celle de l’indépendance européenne pour accéder à l’espace et celle de la philosophie allemande pour collaborer avec les Américains et envoyer l’homme dans l’espace. C’est la mission Space Lab ».
Un système de programme à la carte est mis sur pied. En plus d’un budget fixe voté tous les 4 ans, les pays investissent plus ou moins selon les missions qui les intéressent.
« Le CNES a eu trois modes d’action : le mode national avec les fusées Diamant, le mode bilatéral qui se traduit par des coopérations françaises et soviétiques comme le programme TOPEX par exemple, et puis enfin le mode européen. Aujourd’hui, le mode national n’a plus de raison d’être. Le CNES s’oriente aujourd’hui vers une européanisation complète ».

Écoutez notre deuxième émission Le CNES et ses principaux résultats scientifiques (2/2) (diffusée à partir du 2 janvier 2012)
 

 

Jacques Blamont est membre de l’Académie des sciences de France, membre de la National Academy of Science des États-Unis et membre de l’académie des sciences indienne. Professeur émérite à l’université Paris-VI, il est actuellement conseiller du président du Centre national d’études spatiales (CNES).
Jacques Blamont a été le premier directeur scientifique et technique du CNES, en 1962.

En savoir plus :

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