Séance solennelle de rentrée 2011 de l’Académie des inscriptions et belles-lettres

Discours d’André Vauchez, Palmarès des prix par Jean-Pierre Mahé, allocutions de Michel Zink , Jacques Jouanna, Jean-Louis Ferrary, et Philippe Contamine.
Avec Anne Jouffroy
journaliste

Retransmission de l’intégralité de la séance de rentrée solennelle 2011 de l’Académie des inscriptions et belles lettres. Vous pourrez écouter, dans l’ordre et successivement, le président André Vauchez rendre hommage aux membres disparus, cette année, de l ’Académie des inscriptions et belles lettres, puis évoquer les Académiciens nouvellement élus et les travaux de l’Académie durant l’année 2011 ; Jean-Pierre Mahé lire le Palmarès de 2011 ; Michel Zink, Secrétaire perpétuel de l’Académie, prononcer son allocution d’accueil et lire le discours de Jacques Jouanna sur « Athènes et la démocratie » ; Jean-louis Ferrary présenter « Rome et la République » ; Philippe Contamine discourir sur « La France médiévale et l’idée monarchique ».

Émission proposée par : Anne Jouffroy
Référence : cou581
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Le 25 novembre, l'Académie des inscriptions et belles lettres effectuait sa rentrée solennelle 2011.
Le président André Vauchez, historien médiéviste, a ouvert cette séance en présence de ses confrères de l'Académie et d'un public nombreux :

André Vauchez, président de l’Académie des inscriptions et belles-lettres

« ...Selon une tradition vénérable, la séance de rentrée solennelle de notre Compagnie sous la Coupole fournit l’occasion de présenter un rapide bilan de la vie et des activités durant l’année écoulée. Cette tâche échoit le plus généralement au Président de l’Académie qui peut ainsi présenter les actions conduites par le Secrétaire perpétuel et son Bureau lors de sa mandature. L’année académique qui s’achève bientôt aura été intense à cet égard ; elle restera également dans nos mémoires comme une annus horibilis, une trop longue série de disparitions, à commencer par celle de notre Secrétaire perpétuel Jean Leclant, ayant endeuillé notre Compagnie. Notre Président Michel Zink, lui ayant succédé à cette lourde charge et après que mes confrères m’ont demandé d’assumer la continuité de ses fonctions d’ici 2012, il me revient donc de prononcer ce discours d’ouverture...

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Jean-Pierre Mahé, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres

Puis, Jean Pierre Mahé a lu le Palmarès :

- Jugement des Concours

- Attribution des Bourses

- Prix de l'Institut de France, décernés sur proposition de l'Académie des inscriptions et belles lettres ou avec le concours de membres de l'Académie

- Délivrance des diplômes d'archivistes-paléographes

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Michel Zink, Secrétaire perpétuel, poursuivit la séance avec son allocution d'accueil :
« Nous avons entendu tout à l’heure notre président André Vauchez rappeler la longue liste des membres et des correspondants que notre Académie a eu la douleur de perdre depuis la Coupole de novembre 2010. Lorsque nous avons choisi le thème de cette séance, choix qui doit se faire dès le printemps, cette liste comptait déjà trop de noms, et de noms illustres. Mais celui de Jean Leclant, notre secrétaire perpétuel, n’y figurait pas encore. Jusqu’à la fin de l’été, nous pouvions espérer le voir occuper aujourd’hui pour la trentième année la place que j’hésite encore à dire la mienne. C’est pourquoi, si présent qu’il soit en cet instant à notre pensée, cette séance ne pouvait lui être formellement consacrée...

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Michel Zink, Secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres

En hommage à Jacqueline de Romilly, Jacques Jouanna consacra son discours à la démocratie athénienne -discours lu par Michel Zink en raison d'un empêchement de Jacques Jouanna :

« 
La démocratie, régime politique qui fut destiné à jouer un si grand rôle dans le monde moderne et trouve un regain d'intérêt dans l'actualité la plus récente, où naissent de nouvelles démocraties alors que d'autres plus anciennes sont en crise, apparut en Grèce à la fin du VIe siècle avant J.-C. et s'épanouit à Athènes au Ve siècle, dit siècle de Périclès. Jacqueline de Romilly, dans son œuvre immense sur la Grèce classique, a consacré à la démocratie plusieurs grands livres. Ils nous permettent d'avoir un regard d'ensemble sur la période la plus éblouissante de la naissance et de l'évolution de la démocratie athénienne aux Ve et IVe siècles, à travers les grands textes littéraires des historiens, des auteurs de théâtre, des orateurs et des philosophes que Jacqueline de Romilly cite et commente avec un talent et une ferveur inimitables. Et comme ces ouvrages, portant soit sur la critique de la démocratie soit sur son éloge, ont été produits à deux époques différentes de sa carrière, ils offrent aussi la possibilité de révéler comment Jacqueline de Romilly a réfléchi elle-même sur l'unité et le déroulement de ses recherches sur la démocratie...

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En hommage à Claude Nicolet, le grand historien de Rome, et plus particulièrement de la république romaine, Jean-Louis Ferrary présenta son discours sur « Rome et la République » :

Jean-Louis Ferrary, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres

« ...Il n’est certainement pas de plus beau thème pour rendre hommage à Claude Nicolet, très grand historien de Rome et tout particulièrement, mais non exclusivement, de la Rome républicaine, et en même temps auteur d’un livre qui a fait date sur L’Idée républicaine en France, publié en 1982 et suivi en 1992 par La République en France. État des lieux, en 2000 par Histoire, Nation, République. C’est bien entendu l’historien de Rome qui avait été élu en 1986 par notre Académie, tandis que c’est l’Académie des Sciences Morales et Politiques qui, en 2005, avait fait parler l’historien de la République lorsqu’elle commémorait le centenaire de la loi de 1905 relative à la séparation des Églises et de l’État.
Mais l’année précédente, lorsque les deux compagnies avaient rendu un hommage conjoint à Henri Wallon, secrétaire perpétuel de notre Académie et en même temps homme politique important, auteur notamment du célèbre amendement qui introduisit le mot « République » dans les lois constitutionnelles de 1875, Claude Nicolet, en parlant de « Henri Wallon de l’esclavage antique à l’esclavage moderne », s’était exprimé avec sa double autorité reconnue d’antiquisant et de spécialiste des idées politiques du monde contemporain. Aucune étude sérieuse de son œuvre ne pourra être faite si elle ne l’examine pas dans la totalité de ses centres d’intérêt, et ne tient pas compte de la profonde unité de sa méthode, historique, philologique et critique, quel que soit l’objet auquel elle s’attachait. Lui-même l’avait souligné dans l’Avant-propos de son Idée républicaine : « En me limitant très systématiquement à l’histoire des idées politiques en France au XIXe siècle, je n’avais pas l’impression de m’éloigner d’une manière trop compromettante d’un sujet que j’étudie avec prédilection dans l’histoire ancienne. À trop cultiver des différences, on oublie aussi le poids de la très longue durée, et la nécessaire unité du genre humain, qui n’est pas seulement dans l’espace, mais dans le temps. C’est du moins ce que m’ont appris, dans leur sagesse que je fais mienne, les républicains français »...

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Philippe Contamine, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres

Enfin, pour honorer la mémoire de Bernard Guénée, historien de l'Occident médiéval dont l'oeuvre solide, pénétrante et rigoureuse est unanimement admirée par ses pairs, Philippe Contamine s'est penché sur l'idée monarchique dans la France médiévale :

«  Depuis la fin de l’Empire romain et la mise en place des royaumes barbares, la royauté fut vaille que vaille la formule politique de référence à travers l’Occident féodal, non seulement dans les faits mais aussi dans un imaginaire de plus en plus imprégné de culture biblique  : le sacre de David, la sagesse de Salomon, la figure du roi dans les Évangiles.

Plaçons-nous au point d’aboutissement de la trajectoire médiévale, en 1400, c’est-à-dire, pour ce qui est du royaume de France, au milieu du règne de Charles VI, l’année où Étienne de Conty, official de l’abbaye de Corbie, écrivit sa continuation de la chronique universelle des papes et des empereurs dite chronique martinienne, du nom de son auteur, Martin le Polonais. Au début de cette continuation, notre moine, en un latin qui, il faut le reconnaître, n’a rien d’humaniste, passe en revue un à un tous les royaumes de la chrétienté latine, au nombre de dix-sept (on songe bien sûr à l’Europe des 17 mais la liste n’est pas la même  : ce serait trop beau). Selon notre religieux, indépendamment de leur étendue, de leur richesse, du nombre de leurs habitants, ces royaumes peuvent ou plutôt doivent se répartir selon leur degré de souveraineté (de quelle autorité supérieure sont-ils tenus  ?) et selon que leurs rois sont ou bien uniquement couronnés ou bien à la fois sacrés et couronnés. Or il n’existe que cinq rois oints et couronnés  : ceux d’Angleterre, de Sicile, d’Écosse, de Jérusalem et de France. De plus, les quatre premiers royaumes dépendent en principe de l’Église romaine (autrement dit du pape), ce qui implique par exemple pour les royaumes d’Angleterre et de Sicile le versement d’un tribut annuel. Reste le roi de France, qui doit être nommé le premier (je cite) «  parce qu’il est oint à Reims par l’archevêque de Reims d’une onction divine envoyée par l’ange à saint Remi, alors archevêque de Reims, lors du baptême du premier roi chrétien  », Clovis, et après lui lors du sacre de ses successeurs. Telle est la sainte ampoule. Le texte continue  : «  Item, puisqu’il a des armes ordonnées par Dieu et non par un homme du temps de saint Denis martyr, rien d’étonnant à ce que le roi de France tienne son royaume de Dieu seul et qu’il soit appelé roi très chrétien alors que les autres rois chrétiens tiennent leur royaume de l’Église romaine  ». (fin de citation).

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