La musique au Moyen Âge : entre oral et écrit

Entretien avec Michel Zink, membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, professeur au Collège de France
Michel ZINK
Avec Michel ZINK de l’Académie française,
Membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

La musique, c’est à la fois de l’oral et de l’écrit, une subtile articulation entre oralité et écriture. La notation des sons, même si elle existait dans l’Antiquité, n’est venue qu’assez tard dans l’histoire de l’écriture occidentale. Michel Zink est professeur au Collège de France où il tient la chaire de Littératures de la France médiévale. Il explique comment s’est opérée cette transition entre la transmission orale et les premières œuvres musicales notées.

Si la musique n'est pas née au Moyen Âge, loin s'en faut, c'est néanmoins à partir de cette époque que l'on a commencé à la noter systématiquement.
Au VIe siècle, Boèce, à la cour du roi Théodoric, reprend les anciennes notations grecques et y associe un système de lettres de l'alphabet latin. Michel Zink souligne le rôle de cet important personnage.

Au IXe siècle, on note les oeuvres musicales mais la tradition orale ne disparait pas pour autant. Le chantre, personnage considéré, savait par coeur et les neumes du grégorien ne servent qu'à faciliter le travail de sa mémoire. Puis, l'invention de la "portée" musicale et des clés indiquées au départ, apporte un changement essentiel.

A partir du XIIe siècle, dès le début de l'édification de Notre-Dame de Paris, se développe la polyphonie. Michel Zink relate l'importance de cette Ecole de Paris et explique comment se chantaient les motets qui deviennent le genre à la mode et suscitent un fort engouement, mélangeant sacré et profane.

Philologue et médiéviste, Michel Zink est membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.

Au XIIIe siècle, la polyphonie devient prépondérante, tant et si bien qu'au début du XIVe siècle, le pape Jean XXII promulgue une décrétale Docta Sanctorum pour supprimer le motet et la polyphonie, au prétexte que cette musique, loin de porter à la dévotion et à la foi, ennivre les oreilles.

En savoir plus :

- Michel Zink, membre de l'Académie des inscriptions et belles lettres
- Michel Zink, professeur au Collège de France

Parmi les nombreux ouvrages que Michel Zink a publiés ou dirigés, notamment le fameux Dictionnaire du Moyen Âge aux PUF, certains portent des titres en relation avec la musique :
- La Pastourelle, poésie et folklore au Moyen Âge (1972)
- Essai sur les chansons de toile (1978)
- Le Moyen Âge et ses chansons ou un passé en trompe-l'oeil (1996)

Michel Zink dirige la collection "Lettres gothiques" au Livre de Poche où il vient d'éditer et de traduire une version d'un ouvrage qui eut, au Moyen Âge, un énorme succès : Le roman d'
Apollonius de Tyr
.

Aux éditions Fayard , il a publié Nature et poésie au Moyen Âge, en avril 2006.

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