Maladies cardio-vasculaires : les femmes plus exposées que les hommes

avec le Pr André Vacheron, cardiologue, de l’Académie des sciences morales et politiques et président honoraire de l’Académie de médecine
André VACHERON
Avec André VACHERON
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Le saviez-vous : les maladies cardio-vasculaires sont 7 fois plus meurtrières chez les femmes que le cancer du sein. En cause, l’évolution du rythme de vie, l’association du contraceptif oral avec le tabac, ou encore les traitements hormonaux utilisés sur le long terme. Non seulement les risques se sont considérablement accrus, mais les signes précurseurs d’une attaque cardiaque sont beaucoup plus diffus chez les femmes que chez les hommes. Explications en compagnie du professeur André Vacheron.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : là où le taux de décès pour une maladie cardiovasculaire est de 32% chez les femmes, il est de de 27% chez les hommes.
Les femmes sont-elles plus fragiles sur le plan cardiaque que les hommes ?
Difficile à dire, mais il semble en tout cas que les femmes courent un risque plus grand en associant tabac et pilule.

Les cas d'accidents cardiaques graves chez des femmes de moins de 30 ans se sont multipliés à cause de cette association particulièrement nocive :
« J’ai vu des femmes, à peine âgées d'une trentaine d’années, hémiplégiques. Car non seulement le tabac est mauvais pour les parois artérielles, mais il favorise aussi la formation de caillot » explique le professeur André Vacheron.

Pendant longtemps, les risques cardio-vasculaires chez les femmes ont été associés au déficit hormonal au moment de la ménopause.
Depuis une quarantaine d'années, leur mode de vie a considérablement évolué accroissant le risque de maladies cardiaques pour les jeunes femmes associant tabac et pilule. Mais aussi par la faute de la sédentarité, du surpoids, de l'hypertension et du stress au travail.

Le stress au travail favorise l'infarctus du myocarde.
L'hypercholestérolémie et l'hypertension, néfastes pour le système cardiaque, sont, comme le stress, les conséquences de la vie moderne : Par manque de temps, nous consommons des plats trop salés, trop gras.

Que penser des traitements hormonaux substitutifs utilisés pour pallier les désagréments de la ménopause ?
« Nous avons observé un engouement pour ce type de traitement, car une femme dont le taux d'hormones diminue considérablement est plus exposée aux accidents cardio-vasculaires.
Nous nous sommes également aperçus que les traitements en question pouvaient engendrer des accidents pulmonaires, cérébraux et des phlébites ! Mais aujourd'hui, les traitements substitutifs sont recommandés pour une courte période (1 an maximum) ou pour des ménopauses difficiles »
tempère cependant André Vacheron.

Accidents cardiaques : des symptômes très différents pour les femmes

Si pour un AVC le symptôme alertant le plus connu est une vive douleur dans le bras gauche, les femmes, elles, ne souffrent pas des mêmes troubles.
Les médecins se sont en effet aperçus que les signes étaient beaucoup plus diffus chez elles : nausées, fatigue, essoufflement, rien en somme qui ne laisse présager une attaque cardiaque comme une forte douleur dans le bras.

Ceci explique en partie pourquoi le taux de mortalité en matière d'accident cardiaque est plus élevé chez les femmes que chez les hommes.

Pour mieux comprendre les maladies cardiaques chez les femmes, la fondation pour la recherche cardio-vasculaire - Institut de France vient de mettre en place, aidée de médecins, une unité de recherche au Centre hospitalier européen Georges Pompidou.

André Vacheron

André Vacheron est cardiologue, ancien chef de service de cardiologie à l’hôpital Necker, professeur émérite de clinique cardiologique à la faculté de médecine de Paris, président honoraire de l’Académie nationale de médecine, membre de l’Académie des sciences morales et politiques et Président d’honneur de la Fédération française de cardiologie.

En savoir plus

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- La fondation pour la recherche cardio-vasculaire - Institut de France

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