Promenade autour des peintres de la Sérenissime

Avec Pierre Rosenberg, membre de l’Académie française
Pierre ROSENBERG
Avec Pierre ROSENBERG de l’Académie française,

Ayant ses habitudes vénitiennes, Pierre Rosenberg, de l’Académie française, reconnait compter les jours qui le séparent de son arrivée à Venise où il se rend tous les mois, heureux de retrouver la lumière de la cité des doges et son intemporalité. "A chacun sa Venise" aime-t-il à rappeler. Avec le photographe Jean-Baptiste Leroux, il nous invite à le suivre le long du Grand Canal, d’une rive à l’autre à travers l’ouvrage, Venise itinérance. Pour nous, il nous offre une voix, et un regard sur Venise.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : hab663
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Pierre Rosenberg est historien d’art. Les peintures françaises et italiennes des XVIIe et XVIIIe siècles n’ont aucun secret pour lui. La peinture comme le dessin d’ailleurs. Il est devenu le spécialiste international, incontesté, de Nicolas Poussin, à ses yeux le poète par excellence de la nature.
Il réussit à nous faire entrer dans l’art de Fragonard, de Watteau, de David ou d’Ingres, et d’autres dont il a réalisé le catalogue raisonné des œuvres.
Sous sa plume, s’efface l’épaisseur du temps et son regard rend accessible à nos yeux d’hommes et de femmes du XXIe siècle, la peinture et le dessin des siècles précédents.
 

Pierre Rosenberg, Jean-Baptiste Leroux, Venise itinérance, Imprimerie nationales Editions, 2011

Président-directeur honoraire du Musée du Louvre, auquel il a consacré sa carrière, professeur d’histoire de l’art à l’École du Louvre ; il est membre de l’Académie française depuis 1995. Il est aussi administrateur du Comité français pour la sauvegarde de Venise et y séjourne assez régulièrement, au moins une fois par mois. C'est le familier des lieux qui s'exprime ici. Il nous parle des traghetti, ses brefs trajets en grande gondole qui permettent de passer d'une rive à l'autre du Grand Canal, des ponts de cette ville d'eau, où se perdre est devenu pour lui un plaisir trop rare.

Dans cet entretien, il évoque la Venise du XVIIe et XVIIIe siècle, une ville pauvre, dont la réputation reposait sur l'attrait du jeu et la prostitution. Mais en historien d'art, il évoque Venise et les peintres. Pour lui, Canaletto et Guardi ont merveilleusement servi Venise, mais inutile de chercher leurs œuvres dans les musées vénitiens, c'est à Londres qu'on les trouve. Au XIXe siècle Venise devient la ville la plus peinte mais pour son œil « Hélas ! Les bons tableaux sont rares ».

L'église des Frari à Venise est la plus belle du monde, la plus entretenue à ses yeux. A chacun sa Venise ! On peut le croire : une rose y est déposée chaque jour sur le tombeau de Monteverdi et l'Assomption du Titien, l'un de ses incontestables trésors, participe à la hauteur de cet ensemble architectural, comme d'autres chef-d'œuvres à l'intérieur de ses murs de briques. Au fil de la conversation c'est la Venise vivante, dépeuplée de sa jeunesse qu'il évoque. Une ville consacrée au tourisme est-elle une ville morte ? La ville de Mestre et ses 250 000 habitants happe les forces vives de l'unique cité. Il le déplore mais pense que si des petites industries s'y installaient, «on pourrait lui donner une autre vie qui ne soit pas qu'une vie de touristes». Il parle de ses jardins cachés, de la vue extraordinaire qu'on a du haut des clochers. On peut voir Venise de différentes façons, variant les approches mais elle oblige le visiteur à garder un regard neuf.

Venise, je l'aime tendrement, confie-il.

 

 

Pierre Rosenberg, 6 octobre 2011
Pierre Rosenberg, 2011
Ca' Rezzonico - Colloquio fra baute - Pietro Longhi, vers 1770. Scène de genre de l'aristocratie vénitienne.

 

 

Pour en savoir plus

- Pierre Rosenberg sur le site de l'Académie française

- Pierre Rosenberg, Jean-Baptiste Leroux, Venise itinérance, Imprimerie nationale Editions, Paris 2011

 

 

 

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