Après le passage de DSK

Plus que jamais d’actualité... la chronique de François d’Orcival
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

L’interview tant attendue de Dominique Strauss-Kahn sur TF1, le dimanche 18 septembre 2011, a réuni plus de 13 millions de téléspectateurs. Il est maintenant certain que les primaires socialistes sont oubliées par l’ancien Directeur du FMI... François d’Orcival revient sur cet entretien.

Dominique Strauss-Kahn a pris sa perte. Le conseil qu’il donne aux Européens à propos de la dette grecque, il se l’applique à lui-même. Ce qui s’est passé à New York, dit-il, «c’est plus grave qu’une faiblesse, c’est une faute morale. Je crois que je n’ai pas fini de la regretter. » Conclusion : « J’ai manque mon rendez-vous avec les Français ». L’aveu était attendu (13 millions de téléspectateurs), mais il n’efface rien. Il a triché avec lui-même, n’a pas su se dominer, s’est cru immunisé contre tout danger. « Relation inappropriée » : il a repris les mots de Bill Clinton après l’affaire Lewinski en estimant qu’il en avait assez dit. Le procureur de New-York a certes décidé de ne pas le poursuivre et bien que son rapport ne le blanchisse pas, DSK veut se convaincre qu’il a soldé ses comptes.

A David Revault d’Allonnes*, François Hollande a expliqué : « Il y avait chez Dominique l’idée que ça allait se faire tout seul , la certitude que ça allait marcher. Sans combattre. L’idée que le match allait se jouer sans qu’il ait besoin de mettre le maillot et d’aller chercher le ballon. » Cette quasi certitude, appuyée sur le pacte qu’il avait conclu avec Martine Aubry pour s’assurer du soutien du parti, l’a perdu : il se croyait tout permis. Rien n’est jamais joué d’avance. Et si Martine Aubry n’est pas parvenue, depuis « le choc » de New-York, à rattraper son retard, c’est parce qu’elle s’était, elle aussi, persuadée que les jeux étaient faits. Voilà pourquoi elle n’a pas cessé de tergiverser avant d’être candidate. « Elle a envie, pas envie, pas envie d’avoir envie », résumait alors un dirigeant du PS. Déjà candidat à la primaire, Arnaud Montebourg observait, toujours avant « le choc » : « Martine Aubry a laissé Hollande s’installer, Royal et moi partir, et enfin DSK la bloquer. » Et même son absence a continué de peser sur le comportement de la première secrétaire.

Pourtant Martine Aubry ne manquait pas de lucidité quand elle adressait, en mars dernier à DSK, d’Athènes où elle se trouvait, ce SMS annonciateur joint à une photo de l’Acropole et de ses ruines : « La Grèce après le passage du FMI ». Le patron du FMI ne lui répondit pas. Maintenant qu’il a pris sa perte en renonçant à la partie, le PS voudrait bien ne pas ressembler à l’Acropole.

* Le Choc, par David Renault d’Allonnes et Fabrice Rousselot, 256 pages, Robert Laffont, 17 euros.

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 24 septembre 2011. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.

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