Négritude et Francophonie (2/3)

L. S. Senghor, chantre de ces deux courants
Léopold SÉDAR SENGHOR
Avec Léopold SÉDAR SENGHOR de l’Académie française,

Qu’est ce que la Négritude, comment et par qui ce courant s’est-il formé ? Réponse avec Lilyan Kesteloot, professeur à l’université de Dakar.
Dans une seconde partie, elle évoque la création de la Francophonie par Léopold Sédar Senghor dans les années 1960.

Dans ce Focus (2/3) dédié à Léopold Sédar Senghor, Lilyan Kesteloot évoque sa bi-culturalité. En effet, il se revendiquait aussi bien de la négritude que de la «francité».

Mouvement culturel et politique, la négritude est un courant né dans les années 1930 avec Aimé Césaire et L. S. Senghor. Ce terme permet de s'affirmer comme étant noir et de s'accepter en tant que tel.
Le suffixe «itude» traduit une forme de nostalgie, car être noir peut être ressenti comme une «malédiction». C'est en quelque sorte la négritude «subie». La partie senghorienne de la négritude revêt un aspect beaucoup plus positif. Elle est chargée des valeurs des civilisations de l'Afrique noire.

Un de leurs détracteurs était Jean-Paul Sartre. Il pensait que la négritude était le «racisme de l'antiracisme» ; une formule malheureuse puisque s'est substituée à cette formule la vision d'un néoracisme.
Or, elle est tout son contraire et Léopold Sédar Senghor l'écrit lui-même :
«La négritude n'est pas racisme, elle est culture. (...) La négritude telle que nous la concevions en 1930 était une arme de refuge, plus qu'un élément de construction».

Aujourd'hui, on préfère le terme d'«africanité» à celui de la négritude.

Mais Léopold Sédar Senghor, c'est aussi le grand créateur de la Francophonie. Dans les années 1960, il lance ce mouvement avec le tunisien Habib Bourguiba et le nigérien Hamani Diori.
Mais quelles sont les raisons de ce mouvement ?
La Francophonie tout d'abord permet de garder un lien structurel avec la France, après l'indépendance du Sénégal.
C'est également une manière de donner un statut égal entre les pays d'Afrique noire et les autres pays francophones tels que la Belgique ou le Québec.
Et puis enfin, le professeur et amoureux de langue française que Léopold Sédar Senghor était, souhaitait que le Français soit la langue fédératrice des ethnies sénégalaises.

Lilyan Kesteloot est professeur à l'université de Dakar en littérature comparée et chercheur en littérature orale.

Référence bibliographique :
Lilyan Kesteloot, Histoire de la littérature négro-africaine, éditions Karthala, 2004

Lilyan Kesteloot, Histoire de la littérature négro-africaine, éditions Karthala, 2004

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