L’Europe règne à Varsovie. Une chronique de François d’Orcival

De l’Académie des sciences morales et politiques
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Les Polonais font partie de ces irréductibles qui ne sont pas encore "euro-sceptiques". Malgré une conjoncture économique peu favorable à l’Union européenne, la Pologne, qui vient de prendre la tête des Vingt-Sept, compte 80% d’Européens convaincus. De quoi montrer l’exemple à la Grèce, voire à la France, selon François d’Orcival.

_ Il y a encore des Européens qui croient en l’Europe ! « Le degré d’adhésion à l’Union européenne est chez nous de 80% », dit le premier ministre polonais, Donald Tusk, alors que son pays prend la présidence des Vingt-Sept. Tandis que l’Union européenne doute d’elle-même sous la menace de la crise grecque, les Polonais restent « euroenthousiastes ».

Les Grecs sont entrés dans l’Union vingt ans avant eux, ont bénéficié de vingt ans de subventions européennes de plus qu’eux ; et pourtant les voilà en défaut de paiement. Les Polonais ont encore leur monnaie, le zloty, leur niveau de vie ne leur rapporte que 61% du revenu moyen par tête de l’Union, cela leur donne de la marge. Et de l’espoir : dans l’enquête d’opinion réalisée par la Fondation pour l’innovation politique, les jeunes Polonais sont les plus optimistes (75% estiment leur avenir prometteur) et les jeunes Grecs les plus déprimés (43% seulement croient en leur avenir – 53% des jeunes Français) ; les jeunes Polonais sont aussi les plus confiants dans l’Europe (60%) et les jeunes Grecs les plus eurosceptiques (37% seulement ont confiance – 43% des jeunes Français). « Nous ferons tout pour ne jamais nous trouver dans la situation de la Grèce », dit le premier ministre polonais.

Donald Tusk, premier ministre polonais

La Pologne est un pays foncièrement de droite. Aux dernières élections (les prochaines auront lieu le 30 octobre), les partis de droite et du centre droit ont totalisé 78% des voix. Le gouvernement est formé par une coalition de libéraux et d’agrariens. Ce trait particulier est naturellement dû à l’histoire récente de la Pologne, passée de la tragédie de la guerre et des camps à près de quarante-cinq ans d’occupation soviétique. L’économie collectiviste, les privations de liberté, les Polonais savent ce que c’est. La liberté et l’Europe leur ont permis de transformer leur existence – grâce aux fonds structurels européens qu’ils ont su investir et accroître par leur travail.
Malgré la crise, leur croissance sera de 3,5% cette année. Ils se sont interdit, par la Constitution, de laisser leur dette dépasser les 60% de leur PIB ; elle atteint 55% (contre 150% en Grèce) ; mais leur déficit reste très élevé (7,9% du PIB) et leur chômage, 9,8%, est très supérieur au taux allemand, mais il reste inférieur à celui de l’Espagne, du Portugal, de l’Irlande ou de la Grèce… D’où le mot d’ordre lancé à Varsovie: « Nous devons être les perfectionnistes de l’Europe ».

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 9 juillet 2011. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.

Écoutez les précédentes chroniques de François d'Orcival

Cela peut vous intéresser