La toge de Valérie Pécresse. Une chronique de François d’Orcival

De l’Académie des sciences morales et politiques
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

À un an des élections présidentielles, François d’Orcival revient sur les quatre années de Valérie Pécresse au poste de ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Un bilan tout à fait honorable selon l’académicien.

_
L’une est entrée en campagne, bardée d’espoirs ; l’autre rentre de campagne, comblée de succès. Christine Lagarde est candidate au FMI ; Valérie Pécresse savoure sa réforme réussie des universités. La seconde succèderait-elle à la première à Bercy ? En tout cas, la presse internationale salue déjà le travail accompli par Valérie Pécresse comme elle l’a fait pour Christine Lagarde. L’International Herald Tribune lui a réservé une page entière. Quatre ans ministre des Universités : comme pour Lagarde à Bercy, c’est un record.

Et pourtant, elle aurait pu trébucher deux ou trois fois : au moment où toutes les universités étaient en grève, à l’automne 2007, contre sa loi de responsabilité et d’autonomie (LRU), puis en 2009, quand les enseignants chercheurs bloquaient les « facs » pour ne pas changer de statut. Elle a tenu bon ; le gouvernement l’a soutenue et a refusé de céder (contrairement à ce que faisaient droite et gauche depuis vingt-cinq ans) devant les barrages étudiants. La gauche est sortie KO de l’aventure. Aujourd’hui, les dirigeants socialistes admettent, au cas où ils reviendraient aux affaires en 2012, qu’ils ne dénonceront ni la loi d’autonomie ni le statut des chercheurs.

Ils reconnaissent ainsi qu’ils avaient tort de s’y être opposés, tort d’avoir entraîné avec eux les syndicats étudiants qu’ils tenaient par la main. Double récompense pour Pécresse : les meilleures universités ont pris leur liberté bien plus vite que la loi ne le prévoyait, en trois ans plutôt qu’en cinq, ce qui a créé partout une effervescence, une concurrence, un mouvement que l’on n’avait pas vu depuis 1968. Stimulées par les crédits, par des investissements dans les campus sans précédent, les « facs » se sont réorganisées, ont fusionné, mutualisé leurs labos et leurs disciplines pour se placer dans les palmarès nationaux et internationaux. Et puis, cette société (administrations, corps professoral, étudiants), si profondément ancrée dans ses réflexes de gauche, est en train de se transformer au rythme du marché de l’emploi et de la compétition mondiale.

Tandis que les dernières universités contestataires sombrent, comme on dit au football, dans la relégation, les cérémonies de remise de diplômes en toge, qui étaient semi-clandestines, se multiplient. Elle-même pur produit des grandes écoles (HEC, Ena), Valérie Pécresse a bien mérité sa toge des universités.

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 3 juin 2011. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival, de l’Académie des sciences morales et politiques, n’engagent que lui-même, et non l’académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France

Écoutez les précédentes chroniques de François d’Orcival

Cela peut vous intéresser