Au centre, combat de titans. Une chronique de François d’Orcival

De l’Académie des sciences morales et politiques
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Le centre de la scène politique française voit se livrer un combat des chefs permanent. Ils étaient quatre à se lancer dans la course à l’Elysée, à se faire la nique, à vouloir rassembler les électeurs centristes. Quelle est la situation aujourd’hui (mi-mai 2011) ? Lequel a le plus de chances de l’emporter ? François d’Orcival nous livre ses pronostics.

Ils étaient quatre à vouloir se disputer les voix du centre en 2012. Ils ne sont plus que trois. Qui sera le dernier ? Dans l’ordre d’entrée en scène, les quatre étaient : François Bayrou, Dominique de Villepin, Hervé Morin, Jean-Louis Borloo.

Hervé Morin

Ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy pendant trois ans et demi, Morin vient de rallier, avec son « message d’unité, d’apaisement et d’espérance », la confédération de Borloo (l’alliance républicaine sociale et écologiste) que devait rejoindre le parti radical. Borloo et Morin ne seront donc pas candidats l’un contre l’autre. Sur les quatre, restent trois.

Dominique de Villepin devrait sortir blanchi de l’affaire Clearstream qui aura empoisonné son existence depuis quatre ans. Avant même de revenir devant la cour d’appel, il avait rendu public un projet présidentiel plus socialiste que le projet socialiste (avec son revenu citoyen distribué à tout le monde). Mais ce n’était pas à prendre au premier degré ; il fallait lire : moi aussi, je peux être une « caution sociale ».

Dominique de Villepin

Libéré de Clearstream, trop faible pour une vraie campagne présidentielle, pourquoi irait-il à la bataille ? Quand on a été secrétaire général de l’Elysée et premier ministre, rester cinq années de plus écarté du pouvoir, c’est dur. D’autant que de nouvelles générations poussent. S’il lui reste un peu de poids politique, c’est maintenant, pas plus tard. Il négociera son retrait avec les honneurs.

François Bayrou

Le duel final opposera Borloo à Bayrou. Le premier a eu 60 ans le 7 avril ; le second les aura le 25 mai. Voyez comment Bayrou a griffé Borloo dans « Le Figaro magazine », la semaine dernière : « Un groupuscule de plus, ça ne sert à rien », dit-il de sa confédération, et pour discréditer ses prétentions, il décompte les années de pouvoir de Borloo : « Cinq ans ministre de Chirac, puis quatre ans ministre de Sarkozy »…Et lui Bayrou ? Il a aussi été quatre ans ministre, mais c’était de 1993 à 1997, et en 2012, cela fera quinze ans sans rien.

Jean-Louis Borloo

Alors, se battre pour être battu et attendre cinq années encore ? « Je suis et serai au rendez-vous », assure-t-il. Lui aussi négociera en 2012, mais il espère pouvoir choisir entre les socialistes et Sarkozy. Borloo le sait ; son calcul consiste donc à l’affaiblir suffisamment pour que ce soit lui qui puisse négocier et non pas son rival. En 2007, Borloo fut l’un des derniers à rallier Sarkozy. Avant le premier tour.

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 14 mai 2011. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire. Les propos de François d’Orcival n’engagent que lui-même, et non pas l’académie à laquelle il appartient ni l’Institut de France.

Écoutez les précédentes chroniques de François d’Orcival

Cela peut vous intéresser