Science-Fiction par Michel Pébereau : May le monde par Michel Jeury

Une belle réflexion philosophique sur la vie et le monde
Michel PÉBEREAU
Avec Michel PÉBEREAU
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Michel Pébereau, de l’Académie des sciences morales et politiques est grand amateur de science-fiction. Dans cette chronique, il vous fait partager le livre : May le monde de Michel Jeury (Ed. Robert Laffont). Découvrez le monde parallèle de May grâce à une oeuvre bouleversante, d’une ambition démesurée...

C’est par le décalage de son monde et de son vocabulaire que Michel Jeury a créé l’étrangeté de son oeuvre, pour son retour à la science-fiction. Il l’explique dans sa préface : « c’est un roman en 3D : déviation, dérision, déraison ». Il se situe dans un monde proche du nôtre, et pourtant différent, peut-être parallèle. Un monde qu’explique son docteur Goldberg, « chargé de cours d’égologie et de mondologie à l’Université » : un monde où il y a le changement, et aussi l’extension qui seule peut être ce que May appelle mondo paradiso.

A dix ans, elle est affectée d’une maladie sans doute mortelle. Elle attend les résultats d’un examen crucial dans la Maison Ronde, au coeur de la forêt, où son grand-père et le docteur Goldberg ont envoyé quatre adultes pour l’accompagner. Au fil des pages, le monde se structure, et se déstructure. Y a-t-il plusieurs mondes parallèles, qui sont en train de s’enchevêtrer ? Certains personnages ne sont-ils pas en train de s’égarer, de l’un à l’autre ? Ou tout ceci n’est-il pas le monde de May, à la recherche d’une issue qui lui permettrait d’éviter la mort annoncée ? Et May ne va-t-elle pas finalement découvrir son mondo paradiso, dans les dernières secondes de sa vie, qui s’étirent en une éternité ?

« May le monde » est une oeuvre bouleversante, d’une ambition démesurée. Michel Jeury a été, dans les années 70, l’un des auteurs les plus éblouissants de la science-fiction française, avec sa trilogie chronolytique, récemment rééditée, qui le faisait considérer comme une sorte de Philippe K. Dick français. Pendant plus de vingt ans, il s’est consacré au roman réaliste, paysan. « May le monde » est, dit-il, son dernier roman de science-fiction. Son testament ? En tous cas, une belle réflexion philosophique sur la vie, et le monde, dans la lignée de Teilhard de Chardin, et son « phénomène humain ».

Michel Jeury – May le Monde – Ed. Robert Laffont (393 pages) 20,90 €

Michel Pebereau tient régulièrement depuis 7 ans, une chronique sur l'actualité de la science-fiction dans le Journal du Dimanche qui a aimablement autorisé Canal Académie à la reprendre de manière sonore.

Ecouter la première chronique : Science-Fiction par Michel Pébereau : Prisonniers des étoiles, de Erik Franck Russell

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