Souvenirs de famille : Berthe Morisot, une femme peintre exceptionnelle

Évocation en compagnie de Jean-Marie Rouart, de l’Académie française
Jean-Marie ROUART
Avec Jean-Marie ROUART de l’Académie française,

Jean-Marie Rouart évoque dans cette émission le souvenir de son aïeule Berthe Morisot. L’artiste-peintre, qui participa au courant impressionniste, côtoya de grands noms dont Degas, Renoir ou Manet. Sa personnalité et son talent méritaient d’être célébrés par l’académicien, petit-neveu de Julie Manet qui fut la fille de Berthe Morisot.

Jean-Marie Rouart est né dans une famille de peintres. Dans «ce monde un peu idéal où nous parlions littérature, peinture, musique», l'académicien fit ses premiers pas et ses premières rencontres.
Fils d'Augustin Rouart (1907-1997), arrière-petit-fils des peintres Henri Rouart et Henry Lerolle, il compte parmi ses aïeux Julie Manet, fille de Berthe Morisot et nièce d’Edouard Manet, qui épousa Ernest, un des fils d’Henri Rouart.
 

Portrait de Berthe Morisot à l’éventail (1874), par Edouard Manet (1832-1883), Musée des beaux-arts de Lille

Berthe Morisot est née à Bourges en 1841. Dès l’âge de 16 ans elle prend des cours de dessins. Plus tard, elle fait la connaissance de Fantin-Latour, et grâce à lui, elle rencontre Manet. Elle étudie dès 1861 auprès de Corot à son atelier de Ville d’Avray. Elle participe à la première exposition des indépendants, futurs impressionnistes avec Monet, Renoir, Sisley.

Extraits de l'interview de Jean-Marie Rouart :

«Il y avait beaucoup de peintres dans ma famille qui étaient tous alliés aux grands peintres puisque le meilleur ami de mon arrière-grand-père était Degas qui a fait 10 portraits de lui. C'est Degas qui a fait les mariages de la famille et c'est toujours Degas qui a fait le mariage de mon grand-oncle Ernest, le frère de mon grand-père avec Julie Manet, la fille de Berthe Morisot. J'ai vécu dans cette ambiance, au milieu des tableaux (de Manet, Berthe Morisot, Renoir...). À l'époque je trouvais cela normal. On jouait aux fléchettes et je me souviens qu'on avait même crevé un magnifique tableau de Manet : Le bouquet de violettes

«C'était une ambiance très bon enfant où il y avait tellement de génies dans la famille et autour. Les peintres étaient très respectés. On respectait l'art. Il n'y avait pas de jeux olympiques ni d'histoires d'argent. Ce qui comptait c'était la communion des artistes liée à une communion religieuse. Ils étaient très spirituels.»
 

Jean-Marie Rouart, de l’Académie française © Charlie Coul

 

«Nous n'étions pas en perpétuelle admiration. L'art ou le génie paraissait normal. Dans cette famille il n'y avait que des artistes. Il n'y avait pas de banquiers, de notaires, je veux dire de métiers concrets.»

«J'aime Berthe Morisot, non pas parce que je suis apparenté à elle, mais parce que c'est un très grand peintre. Un peintre douloureux. C'est une femme sombre qui doute beaucoup d'elle-même et qui en même temps donne une impression extraordinaire dans sa peinture. C'est la revanche de l'art sur la vie. Cette peinture qui exprime un bonheur, une harmonie, un amour de la vie que Berthe Morisot n'a certainement pas connu.»

«Comme elle le disait dans ses carnets, elle voulait saisir simplement un moment, un instant, un sourire... elle considérait que c'était cela la vocation de l'art.»

«Une femme résolue, forte, très solide avec une détermination, une ténacité très remarquables. Elle a été reconnue par les grands artistes : Renoir l'aimait beaucoup, Manet était sévère avec elle mais l'appréciait (il a fait 10 portraits d'elle). Elle a été admise parmi les impressionnistes et ensuite petit à petit elle est restée, comme quoi il faut du temps pour apprécier l'originalité d'un artiste.»

 

 

Les Sœurs, Berthe Morisot (1869). National Gallery of Art, Washington

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