Le PS et ses fantômes. Une chronique de François d’Orcival.

de l’Académie des sciences morales et politiques
François d’ORCIVAL
Avec François d’ORCIVAL
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

L’exemple grec fait-il peur aux politiques français ? Car voici un Premier Ministre grec, élu par la gauche, contraint d’avouer son échec et de faire face à des émeutes... François d’Orcival reprend ici, au micro de Canal Académie, la chronique qu’il donne, le samedi, dans Le Figaro Magazine.

Le texte de cette chronique est paru dans Le Figaro Magazine du samedi 24 décembre 2010. Elle est reprise ici par son auteur, avec l’aimable autorisation de l’hebdomadaire.

Le fantôme qui hante la gauche s’appelle Papandréou. «Les Français ne sont pas dupes», disait l’autre semaine François Fillon aux parlementaires de la majorité ; «ils ont vu ce qui s’est passé en Grèce». Voilà en effet un pays de la zone euro qui dépensait sans compter, empruntait en maquillant ses chiffres et a fini par se retrouver en faillite. Le problème est que le premier ministre syndic de faillite, Georges Papandréou, socialiste, s’était fait élire, le 4 octobre 2009, en dénonçant les mesures d’austérité de la droite, sur un programme de croissance par l’emprunt. Or il ne pouvait pas ignorer la réalité de la situation budgétaire de son pays.

Une fois élu, il a attendu six mois avant d’avouer la vérité en public. Il avait repoussé cette échéance en jouant sur des recettes de poche absolument indolores. Le choc a été d’autant plus violent quand il a du demander leur aide aux Européens et au FMI pour échapper à la faillite. Toute la gauche grecque s’est soudain retrouvée en face d’un chef du gouvernement devenu intraitable sur les dépenses publiques, les salaires et les effectifs des fonctionnaires, parce que c’était la condition pour obtenir le prêt européen. D’où la révolte ; il y avait eu tromperie sur la marchandise et les délais de livraison.

Le 15 décembre encore, Athènes était le théâtre d’émeutes, des groupes d’anarchistes se glissant, là comme ailleurs, parmi les manifestants : c’était la septième journée de grève nationale (secteur public, transports, écoles, hôpitaux) de l’année. Et le Parlement grec devait voter cette semaine un budget réduit à la hache afin de pouvoir encaisser la quatrième tranche du prêt de 110 milliards d’euros accordé en mai dernier.

Le PS français se prépare-t-il à nous rejouer du Papandréou ? Il vient de se mettre d’accord (à l’exception de Hollande et Valls) sur un projet dit d’ « égalité réelle » qui continue de prévoir, pour l’après 2012, l’augmentation des effectifs de la fonction publique, celle des rémunérations et la distribution d’allocations nouvelles – contre toute réalité et comme si l’exemple grec n’avait pas existé. Ce parti socialiste qui, dans le même temps, court derrière un autre fantôme, celui de Dominique Strauss-Kahn – l’homme qui signe les plans d’austérité imposés aux pays européens en déficit ! La démagogie finit toujours par trouver ses limites.

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