La demeure de Montaigne : dans les pas quotidiens de l’auteur des Essais

Visite et reportage en compagnie de Caroline Dubos, responsable du site
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Où vivait Montaigne ? Sur quelles terres celui qui incarne peut-être le mieux l’esprit français a-t-il écrit son œuvre fameuse les Essais ? Découvrez en Gironde, le château de Michel Eyquem, seigneur de Montaigne, dont reste pour seul vestige d’époque, la Tour, l’espace favori du philosophe où il avait fait aménager la chapelle, une chambre et sa fameuse "librairie", autrement dit sa bibliothèque où il aimait tant méditer et écrire.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : foc618
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Aux portes de Saint-Emilion, où coule la large et sombre Dordogne entre Libourne et Castillon la Bataille, à quelques kilomètres, se trouve la Tour de Montaigne, monument historique classé du XIVe siècle. Aujourd'hui le château est une propriété privée, partiellement ouverte au public. La Tour et une partie du parc seulement sont accessibles pour le plus grand plaisir des visiteurs puisque c'est justement là que Montaigne aimait séjourner. En novembre 2010, Caroline Dubos, responsable des visites nous accueille.

Avec elle, franchissez la barbacane de cette ancienne maison forte, dont Montaigne disait : « Elle n'est close à personne qui y heurte. Il n'y a pour toute provision qu'un portier d'ancien usage et cérémonie, qui ne sert pas tant à défendre ma porte qu'à l'offrir plus décemment et gracieusement ».

A la place du château actuel, se dressaient une demeure, des remparts tout autour de la cour et la Tour. L'arrière grand-père de Montaigne ayant fait fortune dans le négoce, en avait fait l'acquisition en 1477, souhaitant offrir à sa famille le titre de seigneur. Le père de Montaigne quant à lui, avait fait construire les communs abritant les écuries, les poulaillers, les chais, les boulangeries et les abattoirs. Les descendants restèrent propriétaire du lieu jusqu'en 1811, année où le château fut racheté par d'autres. En 1860, Pierre Magne, ministre des finances de Napoléon III, l'acheta et y apporta de profondes modifications architecturales pour un faire un château XIXe dans le goût de son temps. Cette réalisation, détruite par un incendie en 1885, fut reconstruite à l'identique en 1886.

Portrait présumé le plus fidèle de Montaigne peint vers 1578 par Dumonstier, repris par Thomas de Leu pour orner l’édition des Essais de 1608. Ce portrait a été acquis par le duc d’Aumale en 1882, collection du musée Condé du château de Chantilly

Montaigne (1533 - 1592) élevé dans la religion catholique dans une région meurtrie par les guerres de religion et en majorité protestante, aimait prier dans la chapelle de forme ronde en voûte étoilée. Il pouvait entendre la messe de sa chambre située au premier étage, par un conduit, quand trop âgé ou malade il ne pouvait plus y descendre.

La Librairie, la plus grande des pièces de la Tour, située au dernier étage, sous le toit, la plus importante à ses yeux, fut aménagée par ses soins pour y accueillir ses livres, y écrire et méditer. Sur les poutres de la charpente, le philosophe avait fait inscrire des sentences en grec et latin, qu'il parlait couramment depuis l'enfance. Issues pour l'essentiel de l'Ecclesiaste, mais aussi d'Horace, d'Euripide, de Sophocle, de Stobée ou encore de Lucrèce et de Saint-Paul, ces 54 maximes, avaient été recueillies par ses soins au fil de ses lectures. Elles reflètent sa culture humaniste et un art de vivre qui prônait l'adaptation aux circonstances, l'autonomie, le respect, une forme d'insouciance et le respect de Dieu. Elles disent surtout l'ignorance de l'homme sur Dieu, sur lui-même et sur le monde. C'est là qu'il passa la plupart de son temps, entouré de ses livres et de ceux que son ami La Boétie lui avait légués, et qu'il rédigea les Essais entre 1571 et 1592.

Pour en savoir plus

- Site officiel du château de Montaigne
- Adresse : 24230 Saint Michel de Montaigne
- Tel : 05 53 58 63 93 - Fax : 05 53 58 63 93

A écouter aussi :

- D’un philosophe à l’autre : Montaigne par Michel Serres, la musique des mots pour deux Gascons

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