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Montaigne n’aimait pas ce qu’il appelait "les longueries". Son écriture de sauts à gambades se plaît aux digressions, au récit, à la poésie, à l’émotion. Il aimait, comme il l’écrit, « que son esprit crochète, furette dans le magasin des mots et de figures pour se représenter ». Michel Serres, parce que gascon comme Montaigne, se sent en complète harmonie avec la langue du philosophe du XVIe siècle.
Il nous rappelle que nous devrions prononcer "Montagne" et non Montaigne puisque le "i" ne se prononce pas en langue d’oc. Michel Serres se souvient de sa grand-mère prononçant "Montagne" pour évoquer le nom de Montaigne et ajoute que Montaigne lui-même, écrivait "montaigne" avec un "i" pour parler de montagne, dans les Essais.
L’académicien parle de son attachement à la langue de Montaigne qui sonne naturellement à ses oreilles à la différence de celle de Rabelais, des pays de Loire, langue d’oil autrement musicale. Il évoque les trouvailles de Montaigne, ses jeux de mots et de phrases. « C’est le maître incontesté de la prose française » préférant toujours le mot concret, le mot de l’outil, de métier au mot savant. En cela, nous dit-il, Montaigne est le père de Diderot, de tous ceux qui écrivent bien le français. « Il est anti-universitaire dans le sens où l’université met en avant le mot abstrait, théorique. Les philosophes de langue française et dont je suis je l’espère, n’écrivent pas "universitaire" mais "Montaigne". C’est la liberté ».
Michel Serres aime cette langue du XVIe siècle, commune à Cervantès, à Rabelais pour son côté concret qui disparaît au XVIIe siècle, mis à part chez La Fontaine. Tous ces écrivains ont voulu sortir du latin et de l’université. Ils ont inventé la littérature française contre les professeurs. Un souci qu’on retrouve chez Marivaux, Victor Hugo... Michel Serres ne connaît pas d’écrivain qui ne se soient pas moqué de l’université puisqu’elle exprime le sérieux, l’exemple, le modèle. Il conclut par une formule royale empreinte d’humour :« Montaigne, c’est moi ! ».
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