Transmission des savoirs : Le Tibet ouvert à tous les vents

avec Jean-Noël Robert, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres
Avec Anne Jouffroy
journaliste

Jean-Noël Robert, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, présente les monastères tibétains, leur soif d’une culture encyclopédique et leur souci constant de l’éducation des jeunes générations en rappelant cette maxime tibétaine du XIe siècle : « Faire des enfants sans les mettre à l’étude, c’est la base de l’obscurantisme ». Quelle est l’originalité du bouddhisme tibétain ? Qu’est-ce que le lamaïsme et quel est son rôle intellectuel et culturel depuis le VIIe siècle ?

Émission proposée par : Anne Jouffroy
Référence : rc523
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L'entretien a pour point de départ un souvenir de voyage : en été 1986, visitant le petit temple bouddhique bâti au milieu du lac creusé derrière le palais du Potala à Lhassa, Jean-Noël Robert eut la surprise de découvrir une classe improvisée, où des enfants tibétains apprenaient à écrire leur alphabet sur de grandes planches de bois, sous la surveillance bonhomme d'un vieux moine. L'année suivante, il revoyait la même scène, cette fois dans la région de l'Amdo, près du grand monastère de Labrangm dans une enclave de population tibétaine entourée de Han et de Hui (musulmans chinois). Au milieu de circonstances difficiles, les Tibétains s'efforçaient ainsi de transmettre à leurs enfants la culture si originale qui est la leur, épanouie entre l'Inde et la Chine, fécondée par la première et vivifiée par la seconde, avec pour marque constante un profond enracinement dans le bouddhisme.

Le Potola

Il ne s'agit pourtant pas d'une culture monolithique: on ne peut parler du Tibet sans évoquer la religion Bon (prononcer "Peune"), qui est une sorte d'image en miroir du "lamaïsme": un ensemble de croyances très anciennes et de traditions étrangères "tibétanisées", transmises dans la mystérieuse langue du Zhangzhung (prononcer "Chang-choung"), dont l'origine et l'existence même sont très controversées. Au moment où la survie de la culture tibétaine est menacée comme jamais auparavant, cet entretien sera l'occasion d'en rappeler l'importance.

« Controverse-examen dans la cour (chos-sa) ».
Deux abbés examinateurs ; debout, le moine qui pose une question ; assis, le candidat qui répond.

Jean-Noël Robert :
- Diplômé de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), titulaire d’une licence, d’une maîtrise et d’un DEA d’études japonaises à l’Université de Paris VII, Jean-Noël Robert a été pensionnaire de la Maison franco-japonaise de Tokyo. Il est entré au CNRS en 1975. A partir de 1979, il fut chargé de conférences à l’École Pratique des Hautes Études où il est devenu directeur d’études en bouddhisme japonais en 1990. Il est actuellement membre de la commission scientifique de l’École Pratique des Hautes Études, Section des sciences religieuses, membre du conseil de la Société asiatique, et des conseils scientifique et d’administration de l’École française d’Extrême-Orient. Jean-Noël Robert assure également la fonction de rédacteur en chef du Hôbôgirin, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme d’après les sources chinoises et japonaises, dictionnaire édité depuis 1966 par l’Académie des inscriptions et belles-lettres dont il a été élu membre en 2006.

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