Sur les traces des premiers insectes : expédition événement au Spitzberg

Avec Romain Garrouste, entomologiste et écologue

Une équipe de cinq chercheurs français s’envole dès le 8 juillet 2010 pour un mois au Spitzberg, à la recherche des premiers insectes fossilisés. Ils vont braver les conditions climatiques et les ours blancs, pour tenter de découvrir les premières lignées d’insectes ailés et tenter de valider l’hypothèse selon laquelle les insectes trouveraient leurs ancêtres dans la faune marine. Rencontre avec Romain Garrouste, paléo-entomologiste, 48 heures avant le grand départ.

L'expédition est une première : jamais personne n'avait pour l'heure mener des fouilles au Spitzberg sur les insectes. « Il faut dire que la paléoentomologie est une discipline ancienne mais on ne s'est que tardivement intéressé à l'apport de la paléoentomologie dans la compréhension de la biodiversité » explique Romain Garrouste.

Les recherches de fossiles ne sont possibles que l’été, avant que les glaciers ne recouvrent les potentiels espaces de recherche
© Jean-Claude Roy

Le Spiztberg s'est révélé une évidence pour mener des fouilles sur ce qui pourrait être l'apparition des premiers insectes, à l'ère du Dévonien (de 417 à 350 millions d'années). « Les strates de sédiments au Spitzberg sont l'équivalent d'une mangrove, idéal pour nous qui cherchons à faire la passerelle entre la vie marine et la vie terrestre. L’hypothèse serait que les ailes des insectes se sont développées à partir de branchies trouvant sur les pattes des ancêtres des plécoptères, (parent officiel des insectes actuels). Ces branchies auraient permis initialement à ces insectes de respirer sous l’eau ».
L'enjeu de cette expédition est de taille car à ce jour, très peu de gisements de fossiles d’arthropodes terrestres ont été découverts dans le monde.

« On connait bien les insectes géants à l'ère du Carbonifère, avec des libellules primitives qui possédaient des ailes de 60 cm, des scorpions de 75 cm ou des mille-pattes gigantesques". Notre objectif consiste à remonter encore plus loin dans le temps, là où les indices sont encore plus minces et où les interactions entre les disciplines sont importantes. c'est la raison pour laquelle nous partons avec un géologue, un malacologue (étude des escargots), et bien-sûr, des paléoentomologistes ».

Pendant 5 semaines, les chercheurs vont mener des fouilles dans de grands espaces isolés. L’équipe pourrait bien croiser sur son chemin des ours blancs, alléchés par l’odeur des provisions.
© Jean-Claude Roy

Romain Garrouste, paléoentomologiste au Muséum

Romain Garrouste est paléoentomologiste, écologue, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle et à l’ Université du Sud - Toulon - Var.

L’équipe réunit 6 spécialistes reconnus :

- André Nel reste en France. Paléoentomologiste, responsable des collections d'arthropodes terrestres du Muséum national d’Histoire naturelle (UGC Zoologie arthropodes terrestres), c'est le responsable de la mission
- Jean-Claude Roy, géologue, Institut de France, adjoint du chef de mission, responsable sur le terrain, bénévole au Muséum
- Jean-Michel Bichain, malacologue, attaché au Muséum, responsable logistique de la mission
- Dany Azar, paléoentomologiste, Université Libanaise, Beyrouth, Liban, associé au Muséum ;
- Cyrille d'Haese, entomologiste, Muséum
- Romain Garrouste, entomologiste et paléoentomologiste au Muséum.

En savoir plus :

Vous pouvez suivre les aventures de cette équipe en consultant le blog : http://caracolexpedition.wordpress.com/

[Muséum national d'histoire naturelle
->http://www.mnhn.fr/museum/foffice/transverse/transverse/accueil.xsp]

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