Démocratie et éducation, par le recteur Gérald Antoine

Une communication prononcée à l’Académie des sciences morales et politiques
Gérald ANTOINE
Avec Gérald ANTOINE
Membre de l'Académie des sciences morales et politiques

Le recteur Gérald Antoine a évoqué l’état actuel de notre système éducatif, au cours d’une séance de l’Académie des sciences morales et politiques le 17 mai 2010, donnant suite à la demande du Président de cette Académie, Jean Mesnard, lequel, pour cette année, a choisi comme thème de réflexion : la démocratie.

Agrégé de grammaire et docteur ès lettres, Gérald Antoine, après une brillante carrière auprès de plusieurs ministres de l'Education nationale, a été recteur de l'académie d'Orléans-Tours (de 1962 à 1973) et a fondé les universités de ces deux villes.

Le lundi 17 mai, devant ses confrères réunis en séance, il a évoqué l'état actuel du système éducatif au sein de notre démocratie.
Non sans définir d'abord le sens du mot démocratie d'après son étymologie : un système d'organisation politique où le pouvoir est confié au peuple, directement ou par délégation. "Ce qui génère un type de société où l'éducation est primordiale" a souligné l'académicien.

Le recteur Gérald Antoine

Il a développé une réflexion sur les contenus actuels souhaitables et souligné deux points.

- "Ce qui me frappe d'abord, ce sont les privilèges accordés aux vertus de l'esprit les plus abstraites d'où le culte des mathématiques. La grammaire, par exemple, on s'empresse de l'enseigner sous des aspects théoriques à un âge où les élèves, du premier degré, ne comprennent rien ! Alors que si l'on avait attendu le second cycle, ils auraient été passionnés..." D'où l'éducation très partielle qui est divulguée alors que la démocratie supposerait que tout le monde soit enseigné et éduqué.

- Second point : l'absence de formation professionnelle pour les enseignants. Les jeunes professeurs, certes sont diplômés de Capes ou d'agrégation, mais ils entrent dans la vie enseignante sans avoir été préparés aux réalités du monde scolaire. Les premiers formateurs, les parents et les professeurs, sont ceux qui manquent totalement de formation ! Une sorte d'Ecole des parents ne serait-elle pas bienvenue ?

Autre sujet de désolation pour le recteur Antoine : le système scolaire actuel, trop attentif aux élèves et étudiants dans les cursus habituels, n'a pas assez souci du cursus technique, l'enseignement technique fait encore trop souvent l'objet d'une "condescendance désolante". Or il est celui qui forme le mieux aux futurs métiers. Certes, il existe quelques comités d'apprentissage placés sous la houlette à la fois de l'Education nationale et du Ministère de l'Emploi, la théorie est excellente, la réalité l'est peut-être un peu moins...

La Cour des Comptes a publié un rapport récent "captivant" remettant en cause la fameuse conception de la "sacro-sainte égalité" républicaine... Le collège unique "engrange" tout le monde, ce qui engendre, force est de le constater, une inégalité des chances. Un même moule éducatif ne produit guère de bons fruits.

http://www.ccomptes.fr/fr/CC/Publications.html

Que conclure ? Si ce n'est par cette remarque : Education et Démocratie, c'est presque la même chose, quasiment une tautologie !

En savoir plus sur Gérald Antoine : http://www.asmp.fr/fiches_academiciens/ANTOINE.HTM

Ecouter nos autres émissions avec Gérald Antoine :
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- Histoire de la langue française (2/3)
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