Regard sur l’Homme contemporain à travers la science, la morale et la politique

Avec François Gros, Edgardo Carosella, François Terré et Bérénice Tournafond. Présentation du Colloque en juin et octobre 2010
François GROS
Avec François GROS
Membre de l'Académie des sciences

Science, médecine, politique... toutes ces disciplines n’ont qu’un seul but : mieux connaître l’homme. Dès lors, pourquoi ne pas imaginer un lien entre ces sciences aussi variées soient-elles ? C’est le pari innovant de ce colloque organisé le 7 juin 2010 par Bérénice Tournafond et sous la direction de trois membres de l’Institut : les professeurs François Gros et Edgardo Carosella ainsi que le juriste François Terré. Nos quatre invités reviennent sur les mécanismes qui animent l’homme, tant en biologie, qu’en immunologie, en droit et en politique.

« Regard sur l’homme contemporain à travers la science, la morale et la politique » : le titre de ce colloque dont la première session aura lieu le 7 juin 2010 à l'Institut de France est évocateur : médecins, philosophes et juristes comptent mettre en commun leurs connaissances pour répondre à l'une des questions phare de ces conférences : Comment améliorer une société où se développe perte de lien social, manque de confiance et malaise sur le plan politique, économique et social ?

Pour vous présenter les enjeux de cette rencontre, nos quatre invités répondent à plusieurs questions relatives au débat.
Quelques extraits de l'émissions :

Quelles sont les interdépendances entre génétique, neurosciences et endocrinologie ?

François Gros : « La première partie de ce colloque parle des interactions entre ces trois disciplines. Il y a toute une neurogénétique qui commence à se dessiner sur le plan de l’immunologie. Sur le plan génétique, le profilage génétique permet aujourd’hui de pouvoir observer comment vont évoluer les gènes au cours de certains états pathologiques. »

Le comportement humain ressemble-t-il à notre système immunitaire : repousser ce qui nous est néfaste ?

Edgardo Carosella : « Oui, le système immunitaire, c’est un peu le ministère de la Défense et de l’Intérieur réunis ! Et cela, grâce à la reconnaissance du soi et du non-soi, à travers les antigènes HLA.
Néanmoins, ce système immunologique ne rejette pas nécessairement tout ce qui n’est pas de soi, il y a des exceptions dont le corps sait tirer avantage. Le corps d'une future mère ne rejette pas son enfant par exemple. De même, les bactéries sont entre 4000 et 10 000 espèces différentes à coloniser notre intestin et cela, pour mieux servir notre digestion.
Peut-être notre société devrait-elle prendre exemple sur notre système immunologique : garder l’intégrité de l’individu, mais aussi accepter l’autre et l'intégrer. »

La science peut-elle améliorer les rapports humains ?

François Terré : « Les découvertes en physique au XXe siècle n'ont pas fondamentalement changé le comportement humain ainsi que le domaine du droit. Plus que sur l’approche des problèmes, c'est sur le terrain des responsabilités que le débat s'est déplacé. On observe également des problèmes de brevetabilité, de propriété.

Le grand bouleversement nous vient surtout de la génétique et de la biologie parce qu’il ne s’agit plus de responsabilités ni du patrimoine de l’humanité, mais de l'intégrité d'un individu. C'est tout le droit qui est confronté à des difficultés.
Je suis étonné lorsque je vois que les lois de bioéthique font l’objet de révisions. L’idée qu’une branche du droit fasse l’objet de révisions qui prévoient elles-mêmes de prochaines révisions me surprend...»

François Gros ne partage pas l'avis de François Terré sur ce point :« N’oublions pas que l’éthique est une réflexion récente qui a débuté sur la déviation des sciences ; des sciences qui avancent de plus en plus vite. Et ce n’est pas étonnant qu'il y ait des révisions sur le plan juridique, surtout lorsque cela concerne l’être humain à travers sa biologie donc à travers son intellect. C’est la raison pour laquelle tous les cinq ans en moyenne, une réflexion saine s'organise entre le monde de la biologie, de la médecine et celui du droit. »

François Terré : « Les juristes français, marqués par le catholicisme, sont beaucoup moins attirés par l’éthique que les juristes luthériens et le Nord de l’Europe. Le luthérien stigmatise, le catholique fait pénitence. Je reste réservé sur le mot « éthique » car nous disposions du mot « morale » depuis très longtemps. L’éthique n’est rien d’autre que la science de la morale. Au final, l’éthique est devenue la morale de la science. »

François Gros est biologiste, Secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie des sciences.
François Terré est juriste, membre de l'Académie des sciences morales et politiques.
Edgardo Carosella est immunologiste, correspondant de l'Académie des sciences.
Bérénice Tournafond est l'organisatrice du colloque (voir plus de détails ci-dessous).

En savoir plus :

- François Gros, membre de l'Académie des sciences
- François Gros sur Canal Académie

- François Terré, membre de l'Académie des sciences morales et politiques
- François Terré sur Canal Académie

- Edgardo Carosella correspondant de l'Académie des sciences
- Edgardo Carosella sur Canal Académie

La première partie du colloque "Regard sur l'Homme contemporain à travers la science, la morale et la politique" se déroule le 7 juin 2010 de 9 heures à 13 heures à l'Institut de France. Elle porte sur l'apport fondamental des sciences à la compréhension du comportement humain.
La deuxième et la troisième partie aura lieu à l'automne 2010. Elle concernera l'apport de la morale et de la politique dans la compréhension de l'homme

- Bérénice Tournafond est juriste, diplômée d’étude supérieure en droit, chargée d’enseignement à l’Université de Paris XII et chef d’entreprise. Elle anime depuis plusieurs années, avec la participation d’académiciens, d’universitaires et de professionnels, un groupe de réflexion sur le système politique économique et social avec la préoccupation principale de replacer l’Homme au cœur de ces sujets et de lui redonner dans la société une place qui soit conforme à ses aspirations profondes. Elle a organisé plusieurs colloques sur l’identité, la justice, le logement, la médecine, la participation à la vie politique… Elle réfléchit entre autres sur l’incidence émotionnelle du droit et des systèmes politiques sur l’homme.
Elle est l’auteur de plusieurs articles et coauteur de l’ouvrage « La démocratie d’apparence » édité par François Xavier de Guibert.

- Informations pratiques et inscriptions sur http://hommecontemporain.org/
Ouvert au public, entrée libre, inscription indispensable.

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